Risque de pauvreté et d’exclusion sociale plus grand en Belgique qu’en France

Avec les manifestations des gilets jaunes, légitimes ou non, ce n’est pas nous de le dire, l’image médiatique de la France semble catastrophique. Et pourtant à bien des égards, la France se porte mieux que la Belgique pourtant dopée par la Flandre, l’une des régions les plus riches d’Europe. Il est vrai que nous vivons dans un monde où l’émotion et les images choc l’emportent sur l’analyse.

La France dépense une part importante de sa richesse nationale en prestations sociales. Elle est, parmi les membres de l’UE, celle qui réussit le plus à réduire son taux de pauvreté initial, au regard des moyens déployés.

Le graphique ci-dessous, issu d’Eurostat, l’office statistique de l’Union Européenne, indique le taux de pauvreté, pour chaque pays, avant et après transferts sociaux, hors retraites (bien plus basses en Belgique) :

La France fait ainsi passer son taux de pauvreté, en 2015, de 23,9% de la population avant transferts sociaux, à 13,6% après. L’Etat belge quant à lui passe grosso modo de 27 à 15%.

Même constat pour les personnes en risque de pauvreté et d’exclusion sociale.

Courte description: Cet indicateur résume le nombre de personnes qui sont menacées par la pauvreté et/ou vivent dans le dénuement matériel et/ou vivent dans des ménages à très faible intensité de travail. Les personnes ne sont comptées qu’une seule fois, même si elles sont concernées par plusieurs de ces phénomènes.
• Les personnes qui sont menacées par la pauvreté sont les personnes dont le revenu disponible équivalent se situe en dessous du seuil de pauvreté fixé à 60 % du revenu disponible équivalent médian national (après transferts sociaux).
• Les personnes en situation de privation matérielle grave ont des conditions de vie fortement affectées par le manque de ressources; quatre des neuf indicateurs de privation s’appliquent à elles :
impossibilité
1) de régler le loyer ou les factures pour les services d’utilité publique.
2) de chauffer convenablement le domicile
3) de faire face à des dépenses imprévues
4) de consommer de la viande, du poisson ou un équivalent protéiné tous les deux jours
5) de partir en vacances hors du domicile une semaine par an
6) d’acheter une voiture
7) d’acheter une machine à laver le linge
8) d’acheter une télévision couleur ou
9) de payer une connexion téléphonique.
• Les personnes vivant dans des ménages à très faible intensité de travail sont les personnes âgées de 0 à 59 ans vivant dans des ménages dans lesquels les adultes ont travaillé 20 % ou moins de leur potentiel de travail total au cours de l’année écoulée.

Les chiffres d’Eurostat 2017 en matière de risque de pauvreté et d’exclusion sociale

L’écart se creuse entre la France et la Belgique. Les derniers chiffres d’Eurostat indiquent un différentiel de 3,2% (17,1 en France et 20,3 en Belgique). Il faut préciser que le montant des retraites est nettement plus élevé en France qu’en Belgique, comme l’a montré une étude récente du PTB. C’est ainsi que le risque de pauvreté des personnes âgées en Belgique est deux fois plus élevé qu’en France : 17,8% contre 9%.

Le montant des retraites est indécent en Belgique

Entre-temps, il ne faut pas oublier l’augmentation substantielle du smic (salaire minimum) accordée par Macron sous la pression des gilets jaunes. Les nôtres n’ont évidemment rien obtenu de l’arrogant Charles Michel.

Une dernière remarque : l’observateur constate cette différence en faveur de la France malgré la richesse insolente de la Flandre. Alors, que penser d’’une Wallonie qui ne bénéficiera bientôt plus de certains fonds européens et des transferts financiers importants de la Flandre…

Conclusion : sans le discours lénifiant et politiquement correct de nos médias, on aurait pu s’attendre à des dizaine de milliers de gilets jaunes à Bruxelles tous les samedis !
Il faut dire, comme l’a montré une récente étude, que le Belge est le moins politisé d’Europe.

Accès au logement pour les faibles revenus : inégalité flagrante en Belgique par rapport à la France