La Wallonie sous curatelle de la Flandre ou du FMI

Analyse de Paul Becue – 04/10/2022  – site doorbraak.be
revue du mouvement flamand

Le 13 septembre, nous avons appris que Belfius a émis quelques réserves quant à la poursuite de sa collaboration en tant que banquier attitré de la région wallonne. La raison sous-jacente est que Belfius pourrait compromettre sa propre notation (A chez S&P). Le fait qu’une banque d’État adopte une telle position est pour le moins curieux. C’est d’autant plus surprenant que le PS (Parti Socialiste) devrait sûrement avoir un représentant au conseil d’administration de cette banque publique, bien que nous n’en ayons pas trouvé immédiatement un lorsque nous avons passé en revue les membres du conseil. Ou bien le PS cherchait-il un paratonnerre à Belfius pour en jouer plus tard contre le PTB (Parti du Travail de Belgique) ?

Soixante ans de transferts : crier à l’injustice

La situation budgétaire de la Wallonie est désastreuse. Après une année 2021 fortement déficitaire en raison des inondations de juillet 2021, le déficit public de la Région wallonne s’élève à 3 milliards d’euros cette année, soit 20 % des recettes totales qui avoisinent les 15 milliards d’euros. Les charges d’intérêt s’élèvent à 600 millions d’euros mais augmenteront fortement en raison de la hausse des taux d’intérêt. La dette wallonne s’élevait à 31,5 milliards d’euros en 2021 (soit plus de 200 % des recettes), mais elle atteindra 48 milliards d’euros en 2030, selon le Bureau du Plan.

Jusqu’à présent, la Wallonie a la chance de pouvoir encore s’accrocher à la note de crédit de l’État belge (AA chez S&P), qui est encore très bonne grâce à la Flandre. Mais le signal de Belfius montre qu’il y a des limites.

Un taux d’emploi plus élevé (20-64 ans) est un « must » et est possible

Nous avons déjà démontré à plusieurs reprises que le cœur du problème est le faible taux d’emploi à Bruxelles et en Wallonie, qui se situe entre 60 et 65%. La Wallonie n’a pas eu de chance dans les années 1960 et 1970 avec la fermeture des mines de charbon et le déclin de l’industrie sidérurgique. Mais c’était déjà il y a plus de 50 ans.

D’autres régions européennes ont connu la même situation à l’époque et sont en bien meilleure posture aujourd’hui. Il suffit de regarder près de chez nous, dans le Limbourg belge et néerlandais. L’économiste de VOKA, Bart Van Craeynest, a donné les exemples suivants de régions avec leurs taux d’emploi actuels : Nord Pas de Calais (64%), Picardie (68%), Lorraine (69%), Pais Vasco (72%), Tees Valley et Durham (73%), Northumberland et Tyne (75%), South Yorkshire (76%), Ouest du Pays de Galles et les Vallées (76%), Dusseldorf (77%), Arnsberg (77%), Lancashire (78%), Derbyshire et Nottinghamshire (79%), Munster (79%), Shropshire et Staffordshire (82%). Le Hainaut (61%) et Liège (64%) se situent tout en bas de l’échelle.

Les régions françaises faibles s’en sortent un peu mieux, mais ce sont surtout les anciennes régions industrielles du Royaume-Uni et de l’Allemagne qui se sont métamorphosées, chacune affichant un taux d’emploi supérieur d’au moins 10 %. Et la Wallonie n’a pas d’excuses : elle occupe une position centrale en Europe, tout comme la Flandre, ce qui devrait lui offrir de nombreuses opportunités. Ainsi, de nombreux secteurs de l’économie sont à la recherche de main-d’œuvre, y compris en Belgique. L’emploi peut subir un ralentissement temporaire dans la récession actuelle, mais l’époque du chômage élevé est révolue, selon nous.

Changement de culture

La Belgique francophone a besoin d’un changement de culture. Un exemple frappant est celui des allocations familiales (ou le paquet de croissance) qui a provoqué un court-circuit au sein du gouvernement flamand cette semaine. Alors qu’il a finalement été décidé de ne l’augmenter que de manière générale de 2% l’année prochaine, malgré le taux d’inflation élevé de 11%, Bruxelles et la Wallonie poursuivent tranquillement l’indexation de leurs allocations familiales, bien que leur situation financière soit désastreuse, contrairement à celle de la Flandre.

Les politiciens francophones se renvoient la balle pour faire des promesses qui coûtent très cher : pour chaque jeune de 25 ans un chèque cadeau de 25 000 à 30 000 euros ; le PS veut un plan de pouvoir d’achat de 6,5 milliards d’euros contre l’inflation. M. Bouchez souhaite une réduction d’impôts allant jusqu’à 33 %, bien que nous ayons vu cette semaine au Royaume-Uni la réaction négative des marchés que cela pourrait entraîner. Mais les francophones n’ont pas d’argent, et veulent donc dépenser sur le compte des Flamands (via des transferts) ou émettre des dettes qui iront de toute façon en grande partie à la Flandre en cas de scission.

Et ce, malgré le fait que la Flandre, prise isolément, a accumulé relativement peu de dettes au cours des 50 dernières années, et devrait en fait bénéficier de revenus d’intérêts. En tout cas, la création de la dette francophone rend encore plus compliquée toute séparation patrimoniale entre la Flandre et la Belgique francophone.

Scandales

Sans parler des scandales qui éclatent régulièrement en Wallonie en raison de l’utilisation abusive de l’argent public et des biens de l’État (par exemple, l’intercommunale Publifin à Liège avec Stéphane Moureau du PS ; le Samusocial à Bruxelles toujours avec le PS).
Le clientélisme règne en maître chez les francophones, tant au niveau fédéral que régional. Plus de 25% des Wallons travaillent dans le secteur public, et tous ces salaires doivent être payés avec de moins en moins de revenus. Les nominations politiques règnent en maître : si vous êtes mon ami, vous recevez des cadeaux, même si vous êtes moins performant. Nous avons vu de nos propres yeux comment les responsables politiques francophones bafouent les règles. Le Forem (l’homologue du Vlaamse Dienst voor Arbeidsbemiddeling en Beroepsopleiding, VDAB en abrégé) ne réalise pas suffisamment son rôle de médiation du travail.

Le secteur privé est en sous-effectif. Seuls 41 % des 25-64 ans travaillent dans le secteur privé, le chiffre le plus bas d’Europe. En Flandre, il est de 52 %, et en Suisse, il atteint 62 %.

Le PS triomphe

Dans une récente interview pour De Standaard, le président Magnette a rappelé que sur les treize mesures de pouvoir d’achat proposées par le PS en mai, deux tiers ont été réalisés : maintien de l’indexation automatique, salaires minimums en hausse, extension du tarif social, TVA électricité à 6%, mesures pour le chauffage au mazout (principalement au profit de la Wallonie), tarif réduit de l’énergie pour la classe moyenne… Avant cela, ils avaient déjà sécurisé la pension minimum à 1.500 euros (1.650 euros après indexation). Mais qui paie le plus pour cela (c’est-à-dire la Flandre), il le cache « sagement ».

Cependant, les problèmes financiers de la Belgique francophone restent structurels. Ce PS en est lui-même responsable : il est au pouvoir dans la région de manière quasi incessante depuis 50 ans.

Enquête iVox

L’enquête menée par l’OVV (Overlegcentrum Vlaamse Verenigingen) au printemps a clairement montré que la Flandre souhaite faire preuve de solidarité avec la Wallonie, mais pas à perpétuité.

Il y a donc des limites. Près de la moitié des Flamands (45%) pensent que les transferts de la Flandre vers la Wallonie devraient être limités dans le temps, et que la Wallonie devrait être dotée de conditions et d’objectifs clairs pour maintenir ces transferts de la Flandre (47%). Une sorte de carte de score d’équilibre comme dans le secteur des entreprises.

Lier les transferts aux objectifs : l’exemple du FMI

Cela ne peut donc pas continuer comme ça. Les politiciens flamands doivent fixer les conditions de nouveaux transferts pour aider la Wallonie à se hisser au sommet, afin que cette région puisse voler de ses propres ailes. Par exemple, en termes de taux d’emploi, de déficit budgétaire, etc. Le passé a montré que la région elle-même n’est pas capable d’y parvenir : elle doit donc être imposée de l’extérieur.

C’est en fait ce que fait le FMI (Fonds monétaire international). Le FMI conseille ses États membres sur les politiques financières à mener. En outre, le FMI fournit une assistance financière temporaire pour corriger les déficits de la balance des paiements des États membres. Le FMI fournit également une assistance technique et une formation aux pays qui ont besoin d’aide pour mettre en place des organisations financières fiables.

Le FMI accorde donc des prêts aux pays en proie à de graves difficultés financières afin de les aider à remonter la pente. Cela s’accompagne d’un plan sérieux d’économies et de relance pour éliminer les dépenses excessives et remettre le pays sur la bonne voie sur le plan budgétaire et macro-économique. Si le plan n’est pas suivi, le FMI ne versera pas les prochaines tranches du plan de soutien. Il s’agit d’une mise sous séquestre qui nuit au pays dans un premier temps, mais qui est généralement plus avantageuse à long terme. Du moins si l’on ne retombe pas ensuite dans les erreurs du passé. La Grèce en a fait l’expérience il y a dix ans, lorsqu’elle a reçu de l’argent du Fonds européen et du FMI.

Il nous semble que c’est le seul moyen pour la Wallonie, et même pour l’ensemble de la Belgique francophone, de sortir du marasme financier actuel. Il est temps que la Wallonie assume pleinement la responsabilité financière des décisions qu’elle prend. Avec le temps, après une période initiale difficile, la Wallonie nous en remerciera.

Quid des lois du bolt ?

Mais on imagine bien que les francophones ne le souhaitent pas. Beaucoup regardent encore les Flamands de haut. Sur le plan juridique, ils sont également dans un fauteuil car ils sont protégés par les différentes lois belges sur les quid pro quo dans la constitution qui exigent des majorités qualifiées pour les accords importants, et où les conflits d’intérêts peuvent être invoqués pour le moindre problème.

Toutefois, les partis politiques flamands doivent faire comprendre que les choses ne peuvent pas continuer ainsi. Si les francophones ne veulent pas coopérer, nous devons freiner les transferts, et si nécessaire même les bloquer. Le scénario ultime est une scission complète du pays si les deux communautés ont une vision totalement différente qui mène à la discorde. La Flandre risque alors d’être désavantagée dans la répartition de la dette fédérale : 459 milliards d’euros en 2021.

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