La Belgique chancelle… la N-VA aussi

La Belgique chancelle… la N-VA aussi
Extrait de l’article de Julien Borremans publié le 24 janvier dans la revue Doorbraak

A l’occasion du Nouvel An, l’appel de Bart De Wever à « aller jusqu’au bout » sonne comme un aveu de faiblesse. Le professeur de sciences politiques Carl Devos – qui d’habitude n’est pas mécontent de la N-VA – donne un sacré coup de balai au parti dans sa chronique publiée dans le Laatste Nieuws : « Au niveau fédéral, son opposition n’est pas rentable, le gouvernement flamand qu’il dirige est peu performant. […]

Pourtant, les circonstances financières désastreuses de ce pays offrent de grandes opportunités à la N-VA pour créer un élan communautaire. La situation financière de la Région wallonne est dramatique. De plus, les finances wallonnes risquent de se retrouver dans une spirale négative. Les coûts des inondations dans la vallée de la Vesdre, les mesures de soutien corona, mais surtout l’appareil gouvernemental volumineux, extrêmement coûteux, spécialisé dans les allocations et les subventions rendent la situation de la Wallonie plus dangereuse que la crise financière de la Grèce à l’époque. Sur le plan économique, la Wallonie reste l’une des régions les plus arriérées d’Europe.

« Le PS tient les rênes de la Wallonie depuis des décennies. Les résultats qu’elle peut présenter sur le plan économique sont désastreux. La vision de l’économie qu’il a présentée pendant la campagne électorale est une garantie de poursuite du déclin », écrivait il y a quelque temps Ewald Pironet dans le Knack. L’étranglement que constitue la loi de financement pousse le sud du pays encore plus loin vers la faillite. […]

Par son inertie, la Belgique crée de la pauvreté et, surtout, beaucoup de troubles. Les tensions socio-économiques et idéologiques provoquent des fissures dans le système.

En outre, le gouvernement fédéral n’est plus en mesure d’accomplir correctement ses tâches essentielles. En raison de sa lourdeur et de son enchevêtrement institutionnel compliqué, la Belgique n’est plus en mesure de répondre aux changements internationaux rapides. Le déraillement du projet de loi sur l’énergie montre l’impuissance du gouvernement Vivaldi. Par son inertie, la Belgique crée de la pauvreté et, surtout, beaucoup de troubles. Les tensions socio-économiques et idéologiques créent des fissures dans le système.

En 2010, Mark Grammens avait déjà mis en garde la N-VA sur sa stratégie politique. Tout d’abord, il y a la volonté, reprise de la Volksunie, de faire partie de gouvernements qui n’ont pas l’indépendance flamande à leur ordre du jour », écrit Grammens.

En 2009, Bart De Wever a écrit dans le Knack que « le nouveau gouvernement flamand utilisera ses pouvoirs aussi largement que possible », alors que « le niveau fédéral restera totalement paralysé ». À partir de maintenant, le gouvernement flamand suivra sa propre voie », a déclaré De Wever à l’époque. […]

Tant que De Wever continue à considérer le Vlaams Belang comme son plus grand ennemi politique, la Belgique n’a rien à craindre…

Selon M. Grammens, une deuxième stratégie en 2010 voulait que Bart De Wever ne coopère pas avec le Vlaams Belang afin de ne pas nuire à ses chances de gagner le pouvoir fédéral. Mais tant que De Wever continue à considérer le Vlaams Belang comme son plus grand ennemi politique, la Belgique n’a rien à craindre, car il n’y aura pas de majorité démocratique pour l’indépendance de la Flandre. C’est un clou enfoncé dans la tête.

En Flandre, une majorité démocratique pour une indépendance profonde est actuellement à portée de main, mais la N-VA devra changer de stratégie rapidement, car « l’électorat de la N-VA et du Vlaams Belang se tarit », note Jan Hertogen dans Doorbraak [suite aux flux migratoires vers la Flandre, les Flamands d’origine immigrée ne votant pas pour eux].

Note : seul un « putsch » au sein de la N-VA fomenté par Francken, Jambon, Loones, etc. pourrait changer la donne. Ou le départ de De Wever comme président du parti.