Qui porte la responsabilité des inondations ?

L’élite wallonne dans le collimateur après les intempéries: qui porte la responsabilité politique ?

Dans une interview du Ministre président wallon Elio Di Rupo (PS) accordée au Soir de ce week-end, on pouvait lire entre les lignes que l’eau arrive au bord des lèvres politiques wallonnes.

Dans Le Soir, Elio Di Rupo a parlé de la « reconstruction » des « régions dévastées ». Ces mots font référence à la situation exceptionnelle après les inondations de juillet. La « reconstruction » a occupé une place centrale après la Seconde Guerre mondiale. Et après la Grande Guerre, on parlait aussi de « régions dévastées ». Il s’agissait alors, entre autres, de la partie inondée du Westhoek.

Après les deux guerres, l’Allemagne était le principal coupable. Aujourd’hui, la colère populaire est dirigée contre un ennemi interne : la population wallonne se sent abandonnée par son propre gouvernement (pourtant omniprésent). Di Rupo a voulu calmer cette tempête avec son interview en utilisant entre autres les mots : « Il n’y aura pas de calcul, nous aiderons les victimes. »

Mais bien sûr, il y aura des calculs, et aussi des comptes à rendre. Maisons, entreprises, infrastructures : absolument tout devra être reconstruit ou entièrement renouvelé, et ce sans défaire l’ancien tissu social. Cela coûtera des milliards, en plus du gouffre financier que représente la crise sanitaire et d’un budget wallon qui devient rouge sang.

Les bassins de retenue n’étaient pas intéressants électoralement.
Bientôt, ils seront politiquement mortels.

La question de la responsabilité laisse Di Rupo encore plus perplexe. Les dizaines de décès auraient-ils pu être évités ? Certaines personnes étaient-elles responsables, certaines institutions ou certains niveaux politiques étaient-ils négligents ? Un juge d’instruction a été nommé pour examiner cette question. C’est ainsi qu’apparaît l’élite dirigeante de la Wallonie : (hauts) politiciens, fonctionnaires, directeurs de parastataux, ils ont souvent une carte du PS.
Il est déjà évident que ce qui ne va pas dans l’ensemble de la Belgique, se produit également en Wallonie. Partout, les ponts s’écroulent, les tunnels présentent des fissures ainsi que les centrales électriques.
Depuis les inondations de Namur et Dinant, nous savons que l’entretien des bassins de retenue a pris du retard. Ils n’étaient pas intéressants électoralement. Bientôt, ils seront politiquement mortels.

C’est pourquoi Di Rupo dit explicitement « non » à une commission d’enquête parlementaire. A la Chambre, la N-VA et le VB ont déjà fait pression dans ce sens, et ce zèle n’était probablement pas inspiré par une soudaine pitié pour la Wallonie. Dans tous les cas, la facture sera établie : qui en porte la responsabilité politique ? Si une commission d’enquête n’est pas autorisée à établir cette responsabilité, l’électorat wallon devra le faire lui-même en 2024 [ndlr : ou bien avant].
Sans réponses honnêtes, l’ordre politique existant en Wallonie risque de sombrer.

Source de l’illustration