Une nouvelle invention belge : le « chaos durable »

Editorial de Paul-Henry Gendebien, Président fondateur du R.W.F.

Dès 2007, l’époque Leterme ! nous annoncions le temps des contradictions et des blocages pour l’État belge. Aujourd’hui, nous sommes servis par des majordomes de haute qualité ! Près de 500 jours – et c’est loin d’être fini – de cache-cache, de crocs-en-jambes, de gros mots, de psychodrames au sein de la classe politique officielle. Nous avons vu un cirque. Nous avons entendu les gifles claquer sur la joue des partis francophone, suivies de quelques gémissements.
Nous avons ensuite enregistré les « assouplissements » des partis et des médias recommandant aux braves Wallons et Bruxellois de « tendre la main »…
en échange du refinancement de leurs institutions exsangues (FW-B entre autres) Et nous avons enfin observé que le Gouvernement wallon et le Parlement wallon s’excluaient volontairement du débat institutionnel, parachevant ainsi la besogne d’émasculation de la Wallonie entreprise par Paul Magnette, qui nous fait penser à l’un des Frères Dalton vêtu de jaune et de noir, couleurs emblématiques de la Flandre.

L’aboutissement de ce très mauvais feuilleton, c’est une non-solution, un non-apaisement, un non-gouvernement. Car pour l’heure il n’ y a pas de véritable Gouvernement belge. Il n’y a que des Ministres intérimaires, contents de l’être, mais dépourvus de programme, de chef, de solidarité. Voici un État qui se vide de l’intérieur. Le seul maître de cette « équipe » insignifiante, c’est la méfiance. En surface, on fait mine de négocier sans trop d’illusions sur la guérison du grand malade qui porte encore le nom d’État belge. En sous-main, le régime des partis se livre à ses jeux favoris : piéger le partenaire, viser le court terme, entretenir la discorde pour exister aux yeux des électeurs. Voyez le sinistre spectacle organisé par les partis francophones traditionnels dont les divisions accentuent les faiblesses en face du camp flamand. On pourrait s’aviser que ces Messieurs-Dames se préparent déjà, sans le dire à la population, à des élections législatives anticipées qui ne seraient à vrai dire que des élections recommencées ou une sorte de referendum portant sur l’autonomie maximale de la Flandre (N-VA et Belang).
D’autre part de nombreux
mandataires semblent s’apercevoir qu’un nouveau scrutin pourrait annoncer le début d’une crise fatale et terminale. C’est pourquoi ils se passeraient volontiers de l’avis du peuple souverain. Le drame de ces Messieurs nous est bien connu : leur électoralisme belgicain et opportuniste, doublé d’un amour immodéré du pouvoir, leur tient lieu de pensée politique et de stratégie.
Pendant ce temps, des signaux encore ténus mais insistants et concordants nous parviennent du sein même des partis de pouvoir : l’inquiétude de la base militante, et même de certains élus, grossit incontestablement en raison de l’impasse qui ronge
l’État et de la non-stratégie des dirigeants francophones. Nous voici donc en phase d’instabilité permanente, mortelle à échéance, d’une Belgique en voie de dépeçage et de dépérissement, harcelée par les forces autonomistes d’une Flandre sûre d’elle-même et plus que jamais dominatrice.