Le 20e anniversaire de la N-VA

Article de Rani De Leeneer publié sur le site de la revue Doorbraak le 14 septembre 2021

Vingt ans après la fondation de la N-VA, le paysage politique a changé de façon spectaculaire.
Pieter Bauwens, responsable de la revue Doorbraak du mouvement flamand, et l’éminent politologue Bart Maddens se penchent sur le vingtième anniversaire du plus grand parti du pays et sur la force de son influence sur la politique flamande et belge.

Vingt ans de N-VA

La N-VA a suivi une trajectoire impressionnante au cours des vingt dernières années. Le parti a fait basculer le paysage politique flamand et y a acquis une place permanente, dit Bauwens. Ils ont réussi à laisser leur empreinte sur la politique. Personne ne voyait un grand avenir pour la N-VA, mais grâce au talent politique de Bart De Wever et de quelques autres personnalités, le parti est là pour durer. En révolutionnant le système des partis flamands, la N-VA a également changé le système belge, selon M. Maddens. Les trois partis traditionnels, qui sont également représentés de l’autre côté de la frontière linguistique, ont maintenu le système belge. La N-VA, qui est devenue le plus grand parti de Flandre sans avoir d’équivalent en Wallonie a brisé le lien entre les deux systèmes de partis.

Il était également plus facile pour la Volksunie de réaliser des choses en matière communautaire

La montée de la N-VA a provoqué une forte polarisation communautaire en Flandre, dit Maddens. En outre, la Volksunie (ancêtre de la N-VA) a toujours été plus petite que la N-VA, mais sur le plan institutionnel, elle a obtenu de meilleurs résultats. Pour la Volksunie, il était également plus facile de faire des avancées communautaires parce qu’il y avait une base plus large de soutien pour plus d’autonomie flamande. Au fil des ans, il est devenu de plus en plus difficile de trouver un consensus sur la direction que devrait prendre une nouvelle réforme de l’État, souligne M. Bauwens. Au sein même de la N-VA, il existe plusieurs tendances à ce sujet.

Le rôle du CD&V

Au cours des dernières décennies, le rôle du CD&V dans le paysage politique a également beaucoup changé, pensent Maddens et Bauwens. La plupart des partis s’éloignent du centre, ce qui rend la démocratie plus intéressante et met les électeurs devant un choix clair, mais cela laisse aussi moins de place à un parti centriste comme le CD&V. Ce parti est voué à la disparition. Les nombreux bourgmestres du CD&V et son fort ancrage local n’ont pas été en mesure de saper la montée de la N-VA.

Une plus grande conscience flamande ?

On a longtemps pensé que la montée de la N-VA irait de pair avec le déclin du Vlaams Belang, mais les dernières élections ont montré que ce n’était pas le cas. Au contraire, la N-VA s’est déplacée davantage vers le centre sous la pression du Vlaams Belang, dit Bauwens.
La conscience flamande a-t-elle augmenté au fil des ans ? Il est difficile de répondre à cette question. En outre, tout le monde ne vote pas pour la N-VA avec la même conviction. Tous les électeurs de la N-VA ne sont pas explicitement en faveur d’une plus grande autonomie flamande. Mais l’idée que la construction belge actuelle ne fonctionne pas s’est infiltrée dans l’opinion publique, pense Maddens. La grande indifférence à l’égard de la Belgique est une réussite tant de la N-VA que du Vlaams Belang ».

Si Bart De Wever veut devenir l’architecte de l’autonomie flamande, 2024 est sa dernière chance

Si Bart De Wever veut être l’architecte de l’autonomie flamande, 2024 [ndlr : le RWF pense que ce gouvernement tombera bien avant cette échéance et que des radicaux comme Theo Francken prendront la tête du parti] est sa dernière chance, estime Maddens. Sa présidence ne peut être prolongée indéfiniment. De plus, si les partis flamands ne parviennent pas à mener des réformes majeures en 2024, cela ira plutôt dans le sens d’une grande restauration de l’État belge, pense Maddens. Le bicentenaire de la Belgique en 2030 servira alors de point de consensus. [ndlr : opinion très discutable puisque le Pacte d’Egmont (finalement non appliqué) est négocié en 1977 juste avant le 150e anniversaire, sous le règne du roi Baudouin].

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La doctrine Maddens : résumé

Cette stratégie a été publiée pour la première fois dans une carte blanche du quotidien néerlandophone belge De Standaard en mars 2009.

Elle se résume comme suit :

  • utiliser toutes les ficelles juridiques possibles pour créer un système politique flamand parallèle et autonome en Flandre ;
  • assécher les ressources de l’État fédéral et par la bande celles de la Wallonie et de Bruxelles ;
  • échanger de nouvelles compétences pour la Flandre contre un refinancement des niveaux fédéral, régional wallon et bruxellois.

En fait, davantage qu’une doctrine, c’est une idée répandue en Flandre selon laquelle l’indépendance ou plutôt l’autonomie maximale de la Flandre s’achètera grâce à l’impécuniosité et la mauvaise gestion chronique des francophones.