L’État belge : un pays de compromis pourris

Alexander, nous ne pouvons plus nous permettre des compromis pourris

Article de Pieter Bauwens, publié dans la revue Doorbraak le 23 juillet 2022

Un demi-accord vaut mieux que pas d’accord, pense Alexander De Croo (Open Vld). Ce faisant, il tombe dans une maladie belge bien connue : le compromis – pourri – pour le plaisir du compromis. Le fait qu’il y ait un compromis est tout ce qui compte. Le contenu n’a pas vraiment d’importance. Nous, nos enfants et nos petits-enfants sommes les perdants.

Joué et perdu

De Croo a joué et perdu. C’était fin mai 2022 et il voulait un grand pacte d’été pour le 21 juillet. Le Premier ministre évoqua sept chantiers : le pouvoir d’achat et la compétitivité, Engie (les centrales nucléaires), la réforme des retraites, le pacte social, la revalorisation de la justice et de la police, la défense et enfin le budget.

Le spectacle de l’accord sur les retraites était carrément embarrassant. Après des heures et des jours de négociations, il y a eu… un compromis. Avec ça, tout était dit ! Ce compromis a été démoli par les amis tout comme par les ennemis. L’économiste travailliste Stijn Baert a qualifié l’accord de « procrastination » sur Doorbraak. Nous achetons du temps que nous n’avons plus. Même les partenaires de la coalition n’étaient pas très enthousiastes. Cela allait d’une déclaration de Frank Vandenbroucke (Vooruit) ons du temps que nous n’avons plus. Même les partenaires de la coalition n’étaient pas très enthousiastes. Cela allait d’une déclaration de Frank Vandenbroucke (Vooruit) « le gouvernement est composé de sept partis, ils doivent tous être d’accord » à un cinglant Sammy Mahdi (CD&V) ou George-Louis Bouchez (MR).

Un vote victorieux selon l’Open Vld

Cela contrastait fortement avec les tweets et le ton optimistes du sommet de l’Open Vld. L’ambiance était à la liesse autour d’un accord majeur qui allait changer le cours de l’histoire. Comparé aux réactions des partenaires de la coalition et des experts, c’était vraiment embarrassant. Le message devait être le suivant : cet accord était une bonne affaire. Que De Croo dirigeait le pays avec vigueur. On se demande s’il n’y a plus personne dans la Melsenstraat qui ait le sens de la réalité. Apparemment non. Ils ne parviennent même plus à convaincre leurs propres partisans.

La même semaine, une lettre incendiaire est arrivée, demandant un nouveau projet de la part de l’Open Vld. Fait remarquable, cette lettre provenait de personnes qui travaillaient pour le parti ou dans des cabinets, et même de membres du bureau du parti. Ces libéraux ont un système de communication un peu particulier.

Manifestes des citoyens

En lisant cette lettre, on ne peut conclure qu’une chose. L’analyse des manifestes des citoyens par Guy Verhofstadt est toujours vivante au sein du parti libéral, quelque part. Les libéraux devraient peut-être relire attentivement ces manifestes. Ces manifestes datent des années 90 et ils ont donné aux libéraux le vent dans les voiles électoralement. Le problème, bien sûr, est que le VLD et Verhofstadt, une fois élus avec et grâce à cette analyse, ont gouverné en totale opposition avec leurs idées initiales. Leur confédéralisme est devenu unitaire et tout ce qui était revendiqué dans ces manifestes a été rejeté. Jusqu’à maintenant.

L’Open Vld doit se demander pourquoi ils ont dévié de ce message. Car c’est presque exactement ce message qui a permis à la N-VA de percer par la suite. L’Open Vld a alors voulu marquer la différence avec ce nouveau concurrent politique. Au lieu d’embrasser le nouvel allié et de convertir ensemble cette analyse en une meilleure politique. La politique fait parfois des sauts fous. « Nous sommes l’État ! », a dit l’Open Vld,

En raison de cette volte-face (et de celles concernant les centrales nucléaires et la réduction de la TVA), l’Open Vld est devenu un acteur politique peu fiable. Une sorte de CVP, s’ils peuvent gouverner, ils avaleront n’importe quoi. Gouverner est l’objectif, présenté comme « maintenir le pays à flot dans des circonstances difficiles ». Mais ni le CVP/CD&V, ni Open Vld ne se sont enrichis électoralement de cette rhétorique politique soutenant l’État belge. Ils ont perdu toute identité politique claire dans le processus.

Nous, les citoyens de ce pays, subissons les conséquences de l’arrogance politique de l’Open Vld et par extension de l’ensemble du gouvernement Vivaldi.

Nous, les citoyens de ce pays, sommes chargés de la fierté politique de l’Open Vld et par extension de l’ensemble du gouvernement Vivaldi. Le – énième – gouvernement qui veut faire les choses « différemment ». Lors de la déclaration gouvernementale, De Croo n’a tout simplement pas dit – comme Verhofstadt – que ce gouvernement ferait de la Belgique un État modèle. Mais c’était clairement l’intention. Il est certain qu’Ecolo/Groen était tout à fait pour. Qu’avons-nous obtenu en retour ? Moins, re-moins et encore moins

Nous avons obtenu un accord sur les retraites qui ne réduit pas la facture du vieillissement. De plus, ils n’ont pas encore calculé l’impact exact sur le budget. Vous ne pouvez pas imaginer qu’en tant que gouvernement belge, vous concluez un accord sur les pensions sans en avoir évalué les conséquences pour les finances futures. Dans quel univers parallèle vivez-vous ?

Mais en Belgique, la joie règne parce que « le compromis » a été trouvé après tout. Nous allons un jour nous casser la pipe avec cette politique de compromis pourris.

Ne vous inquiétez pas, ils vivent dans la réalité belge. Ce gouvernement a replongé dans la maladie belge… Le compromis pour le compromis, c’est ce que De Croo et Vivaldi recherchent dans leur accord d’été. Cet accord est d’abord devenu un programme, mais l’objectif est le même : « montrer que ce gouvernement peut encore conclure des accords ». Ils sont en train de le faire. Ce sont des « compromis pourris », selon les mots de Jean-Pierre Rondas, des compromis qui hypothèquent notre avenir. Mais en Belgique, la joie règne parce que « le compromis » a été trouvé après tout. Nous sommes victimes de cette politique de compromis pourris.

Qui va éteindre les lumières ?

Nous devons nous poser la même question à propos de l’accord de principe avec Engie. Ne s’agira-t-il pas d’un compromis pourri ? Un de ceux où la pourriture commence dans la queue, la partie que nous n’avons pas encore vue. Cette petite phrase concernant celui qui paiera la démolition, par exemple. Cela m’inquiète.

Lorsque De Croo a présenté son idée d’accord d’été à la fin du mois de mai – très longtemps à l’avance, cela semblait faire l’unanimité dans la presse – il a creusé sa propre tombe. A titre d’exemple, je trouve inquiétante cette petite phrase concernant celui qui réglera la facture de la démolition [des centrales]. Tout le monde autour de la table savait que le Premier ministre voulait son accord pour le 21 juillet. Il a donc dû céder. S’il devait forcer un accord, il devait faire un compromis pourri.

Des compromis pourris

Des compromis pourris et le blocage total du gouvernement. Ce n’est plus une nouvelle. Même le roi est silencieux à ce sujet. Il se déchaîne lorsque la formation d’un gouvernement stagne, mais quand c’est un gouvernement en exercice qui stagne, il reste silencieux le 21 juillet. Parce qu’il marche, bien sûr, main dans la main avec ce gouvernement bloqué. Peut-être que les journalistes et les citoyens devraient vraiment cesser d’accorder une quelconque importance à ce discours. Ce que le roi dit n’a vraiment aucune importance.

On parle de plus en plus de la fin de ce gouvernement. On ne peut qu’espérer : avec deux autres années de compromis pourris, ce pays ne peut pas s’en sortir. Les taux d’intérêt augmentent, même sur la dette nationale, le coût du vieillissement n’est pas maîtrisé, le système de retraite s’ébranle, le système fiscal ne sera pas réformé, les zones de loisirs ne sont pas sûres, la transition climatique nous coûtera des milliards, les mesures relatives à l’usage d’engrais azoté perturberont la chaîne alimentaire, nous devons consommer moins car l’énergie devient inabordable et, si cela ne suffit pas, il y a encore l’inflation.

Ces compromis belges pourris, avec le compromis comme seule logique, c’est un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre. Quoi que l’Open Vld puisse prétendre.

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