Les unes après les autres, les communes wallonnes vont tomber en faillite

Analyse de Claude Eerdekens (PS), bourgmestre d’Andenne et député wallon.

« Il est évident que 2024 est une échéance particulièrement inquiétante. […] Un succès des partis nationalistes flamands, NVA et Belang, pourrait aboutir à ce que les Flamands partisans de l’indépendance de la Flandre soient demain majoritaires à la Chambre.
Il y a par contre d’autres éléments qui doivent être pris en considération. Ils me font penser que le pire est à venir.

1. La Flandre est l’une des régions économiquement les plus prospères d’Europe.

2. La Wallonie tente de se redresser et le niveau d’emplois n’est pas suffisant, malgré certains succès enregistrés.

3. La faillite inéluctable de la Fédération Wallonie-Bruxelles met en péril tous les projets de redressement de la Wallonie. L’enseignement en Belgique francophone, pour des raisons que vous connaissez mieux que quiconque, a vu sa qualité régresser, malgré tant d’efforts individuels de générations d’enseignants et des moyens financiers considérables déployés.

Ce que perdent de vue les Wallons et les Bruxellois francophones, c’est que les pensions des enseignants francophones sont payées par l’Etat fédéral. Les Flamands qui savent compter n’ignorent pas qu’il y a proportionnellement davantage d’enseignants à Bruxelles et en Wallonie qu’en Flandre. Le coût de la pension des enseignants francophones constitue un transfert Nord-Sud tout comme le paiement des retraites des fonctionnaires régionaux. D’ici 2030, la Fédération Wallonie-Bruxelles sera en faillite. Tous les partis le savent et le dissimulent.

4. Le Gouvernement wallon actuel, tétanisé par la progression du PTB, fait tourner la planche à billets dans une course éperdue vers une faillite inéluctable.

5. Les pouvoirs communaux vont à la déconfiture par les transferts de charges du fédéral vers le local qui épuisent ce que j’appelle « le baudet communal ».

6. Les dépenses des zones de police, des zones de secours explosent.

 

7. Au 1er janvier 2021, la perception du précompte immobilier a été régionalisée.

Conséquence : l’ensemble des communes wallonnes comme les provinces ont en matière de précompte immobilier touché, pour l’année 2021, 90% de ce qui était octroyé du temps de la perception de cet impôt par le SPF Finances.

8. Cherchez l’erreur pour les pouvoirs locaux ! Ils se sentent traqués. L’indexation des salaires fait exploser les coûts de même que la facture énergétique. Les unes après les autres, les communes wallonnes vont tomber en faillite.

Je ne pressens rien de positif pour l’avenir, même si par nature je suis optimiste.
Le plus pathétique est l’incapacité du monde politique d’oser dire la vérité aux citoyens.

En conclusion, je partage le sentiment que 2024 et surtout les années qui suivront vont être cruciales. On va devoir terriblement se retrousser les manches car personne ne sait à ce jour de ce que l’avenir sera fait. »

Extrait d’un billet de Jules Gheude, essayiste politique, publié sur le site du Vif le 20 mai 2022.

Le titre est de la rédaction. Titre original : « Le constat implacable de Claude Eerdekens »