La France doit se tenir prête ! -10 juin 2011
Analyse de Paul-Henry Gendebien, coprésident du R.W.F.

Telle une vieille charpente rongée par la mérule, la Belgique est menacée d'effondrement.

Ecartelée entre Flamands et Wallons, privée de véritable gouvernement depuis avril 2010, elle se résigne à son évaporation. Quant à l'Europe, stupéfaite mais incrédule, elle détourne pudiquement son regard...

On savait depuis longtemps que la Belgique ne fut jamais une nation - ce fut son drame - et que sa naissance en 1830 n’avait été que le produit d'une « procréation assistée » voulue par les puissances européennes du moment, dont l’Angleterre.
On sait désormais qu'elle n'a plus que l'apparence d’un Etat. Depuis 2007, le pays du roi Albert II n'en finit pas de s’abîmer dans une interminable et douloureuse crise de régime doublée d'une crise existentielle.
Sa déliquescence est telle que plus personne n'ose parier sur sa durée de vie probable. Aux yeux de nombreux observateurs étrangers, l’Etat belge apparaît comme « l'homme malade de l’Europe ». Ce qui pose question, ce n'est plus sa survie mais seulement le moment où il s'effacera et rejoindra la nécropole des constructions étatiques défuntes (Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Allemagne de l'Est...).

Des Balkans "froids" au coeur de l'Europe

L’agonie belge n'est pas anecdotique et encore moins exotique. Elle ne se situe pas dans les lointains Balkans, mais au cœur central de l'Europe de l'Ouest, à l'intersection des territoires des grands acteurs de l’Union des Vingt-Sept.
La Belgique abrite les sièges principaux des institutions européennes et, surtout, elle est considérée par la pensée européiste « correcte » - fédéraliste et postna­tionale - comme le miroir et le laboratoire d’une Union idéale. Ces naïfs n’ont pas encore aperçu que le miroir était fêlé et que l'échec cuisant du fédéralisme belge annonce celui de l'Europe.

La dislocation programmée d'une Belgique immédiatement voisine de la France interpelle déjà - ou devrait interpeller - Paris et les élites françaises responsables, dans la majorité comme dans l'opposition. La Belgique, c’est le jardin d'à côté : les intérêts politiques, économiques, culturels et moraux de la France y sont considérables. Sur ses onze millions d'habitants, on compte 4.600.000 de francophones (Wallons et Bruxellois). Minoritaires dans l'Etat, totalement soumis à une majorité flamande qui aspire à l’indépendance, les Wallons s'interrogent.
Dès lors que le nationalisme flamand a rendu la Belgique impossible et que se profile une République indépendante de Flandre, ne doivent-ils pas se préparer à un autre destin, dans l'après-Belgique, et envisager sérieusement l'hypothèse d’une « réunion », c’est-à-dire clairement d'un rattachement de deux nouvelles régions - la Wallonie et Bruxelles - à la France ?

Triomphe du séparatisme populiste en Flandre

Le triomphe du séparatisme populiste en Flandre, au scrutin législatif du 13 juin 2010, a rendu la Belgique ingouvernable (note : le sondage de la VRT de ce jour pointe désormais la N-VA à 35% !). Le gouvernement actuel, dirigé par M. Leterme, le grand battu des élections, n'a pas été investi par le Parlement et ne bénéficie d'aucune légitimité démocratique. En affaires courantes prolongées, les ministres belges encore en place pratiquent une sorte de coup d'État rampant...
C'est un spectacle à la fois ubuesque et inquiétant : on assiste au suicide collectif d'une société politique déjà coupée en deux. Ce qui se dessine à l’horizon n'est rien d'autre que l'auto-dissolution d'un Etat membre fondateur de l'Union européenne.

Le moment venu, la France devra intervenir

Le risque de désordre politique majeur, voire d'anarchie et même de violence, n’est pas imaginaire. Si la crise s’aggrave et se précipite, si un jour prochain la Wallonie en appelle à la solidarité, à la protection, à l'interposition de Paris dans le règlement final du contentieux belge, alors les autorités françaises ne pourront plus invoquer le principe de non-ingérence pour se tenir à l'écart d'une affaire qui soulève la question de l'assistance à un peuple francophone en danger. Jusqu'à présent, aucun Wallon n'a songé à reprocher à Paris le strict respect de ce devoir de réserve qu'imposent les bonnes mœurs internationales.

Cela dit, il n'est pas trop tôt pour se préparer à agir. Dès qu'on se trouvera en face d’une situation nouvelle - scission de l'État belge et appel explicite de la Wallonie à la France -, une attitude positive et proactive de Paris ne pourra pas être interprétée comme une ingérence, ni être considérée comme attentatoire à « l’ordre européen ». Et rien alors ne s'opposerait à une « réunification française », à savoir à une union « France-Wallonie-Bruxelles ». Elle serait conforme aux intérêts de l’Europe : elle tirerait une épine du pied des voisins de l’ex-Belgique en stabilisant des territoires incertains et en consolidant les fonctions européennes de Bruxelles. La Wallonie, vieille terre francophone et française, rejoindrait enfin le giron de sa véritable nation et se sentirait parfaitement à l'aise dans l’espace républicain.

La réunification française : la France renforcée

En vérité, la réunification française ne serait que le juste contrepoids d’une réunification allemande loyalement entérinée par l’Europe et par la France en 1990. La France en serait plus grande et plus ambitieuse sur les terrains diplomatiques, démographique, économique. En accueillant les Wallons au nom du droit à la liberté et à l'autodétermination, en augmentant son rôle et son rang, elle sera fidèle à ce qu'il y a de meilleur en elle ! Elle contribuera ainsi à l’équilibre européen qui postule une France forte à côté d'une Allemagne forte.

La mise en œuvre de la réunification se fera au nom des valeurs républicaines.
En faisant sienne cette cause, le peuple français oubliera les chants de sirène de la morosité et du déclinisme et reprendra goût à l’Histoire.
Les Wallons, ces « Français de l'extérieur », attendent beaucoup de la France, eux qui furent toujours de son côté, eux qui ont toujours préféré regarder vers la Seine plutôt que vers le Rhin.

Puissent les dirigeants de la République en être conscients et ne pas décevoir tous ceux qui, dans le monde, continuent d'admirer et d'aimer la France.


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