Fabrice Luchini : Les Flamands vous virent, en somme - 6 septembre 2010

Entretien avec Nicolas Crousse publié dans Le Soir

On lui parle de la Belgique, où il a tourné Potiche. Et joué tant de spectacles (Lafontaine, Céline…), chez Leempoel, Delcampe ou Colpée. Fabrice Luchini s’emballe aussitôt. Et se déchaîne quand on lui parle de la crise sérieuse que traverse le pays : « Les Flamands vous virent, en somme. Parce que vous êtes un peu les bougnoules maintenant. Vous êtes un peu les Arabes, comme eux ont été les Arabes, en gros, il y a cinquante ans. Maintenant, ce sont des Allemands. Vous, vous êtes des socialos, toujours à vouloir être assistés. Ils en ont ras le cul, alors ils vous virent. Alors où vous iriez ? »

On lui répond que dans un scénario séparatiste, soit on reste tout seuls, en « intimes », soit… la France a envie de nous. Là, il est partant : « J’adorerais. Moi, c’est tout de suite oui. Le Belge a une identité belge mais ce serait un très grand honneur pour nous que la Belgique se raccroche à la France. Immense ! Pour une seule raison, qui m’intéresse, c’est que je suis sensible au pays dont le but et la passion sont de défendre une langue. Comme les Français ne la défendent plus, moi il y a deux pays où je vais très souvent, c’est le Québec et la Belgique. Mais dites, moi, votre Roi, il est le roi des Flamands et des Wallons ? »

Ni l’un ni l’autre, lui dit-on. C’est le roi des Belges et donc, en principe, il est politiquement asexué.« Oui mais quand même ? », insiste-t-il. Sans doute, mais ça n’engage que nous, serait-il plutôt le Roi des francophones que des Flamands en cas de séparation.
« Ecoutez, ça me plaît beaucoup votre problème. Moi, je suis pour qu’ils viennent en France. Enfin : plutôt que cette France s’augmente génialement de la Belgique. Ce serait un coup génial, vous vous rendez compte ! »
Pour les Français, ce pourrait être une cerise en plus sur le gâteau ? « Ben, on aurait Bruxelles ! Bruxelles, chez vous, c’est qui les patrons ? Wallons ? Flamands? » Quelle question ! Comment répondre en deux mots ? « Alalala… C’est un beau bordel, dites donc. Mais moi, je vous adopte. Et je vais même en parler au Président de la République… celui-là ou le prochain ». Et pourquoi pas le plan B : rattacher la France à la Belgique plutôt ! « Ça, ce serait chic. Et surréaliste. Ça devrait plaire à notre ami Poelvoorde ».