Paul-Henry Gendebien, coprésident du R.W.F. - avril 2010

La crise existentielle belge annonce un Etat en perdition parce que de moins en moins gouvernable.
L’échec irréversible du fédéralisme « évolutif et suicidaire » à la belge incite certains observateurs à proposer - en réponse à la séparation flamande - la création d'une petite Belgique résiduelle réduite à la Wallonie et à Bruxelles. Idée peut-être sympathique mais absolument irréaliste. Sa mise en œuvre présupposerait en effet les conditions suivantes :

• une forte volonté dans le chef d'une classe politique aujourd'hui dépourvue de stratégie;
• une capacité réelle de diriger un Etat moderne, ce qui n'a pas été vraiment démontré après 30 ans de pouvoir régional;
• des moyens économiques suffisants pour compenser la fin des transferts nord-sud et pour conserver un niveau acceptable de protection sociale;
• une crédibilité élevée pour empêcher la spéculation internationale de se déchaîner contre la stabilité financière du nouvel Etat;
• un maintien de l'ordre et une sécurité sans faille garantissant la permanence des institutions européennes à Bruxelles;
• des frontières interétatiques avec la République de Flandre, stables et reconnues par tous.

Aucune de ces conditions n'est remplie. Mais il est un autre vice rédhibitoire majeur qui conduit à écarter le scenario d'une indépendance wallo-bruxelloise. Je veux parler de l'absence d'un véritable sentiment national wallon.
Le débat lancé par M. Demotte sur "l'identité wallonne" a été immédiatement étouffé. C'est regrettable car il aurait permis de progresser dans la définition de notre destin futur (dans lequel j'inclus celui des vingt-cinq communes bruxelloises).

Soyons lucides : si l'unité wallonne est fragile, c’est parce qu'il n'y a pas de nation wallonne. Il y a bien sûr un peuple wallon et une identité régionale, ténue mais incontestable. La Wallonie est d'abord une collectivité territoriale subordonnée et non pas une société politique structurée aspirant au rang de nation et a fortiori d'État nation.

Le débat sur l'identité wallonne

Le R.W.F. explique la crise belge à RMC (audio)