R.W.F. : Vers L’Avenir ! - 28 avril 2010

Interview d’Alain WOLWERTZ publiée dans Vers L’Avenir

Assiste-t-on vraiment à la fin de la Belgique?

Tous les changements de régime se caractérisent par deux choses : une absence d'anticipation et une perte de contrôle des événements. C'est ce qui se passe. En Wallonie, mais aussi en Flandre où les partis traditionnels anticipent sur le lendemain des élections au maximum. Et ils ne se rendent pas compte qu'ils mettent en branle, en Flandre même, des forces nationalistes que plus personne ne pourra contrôler.

Le rattachement à la France est donc pour demain?

C'est comme une personne qui est en coma prolongé, ça peut durer longtemps. Néanmoins un observateur français éminent, le journaliste Alexandre Adler, aurait déclaré mardi que les Wallons voteraient pour la présidentielle française en 2012.

Vous le pensez aussi?

Je ne me permettrai jamais de jouer Madame Soleil. Mais il est évident que la Belgique arrive au bout du rouleau et qu'elle devient surtout ingouvernable. Alors, soit on se met la tête dans le sable en sauvant à tout prix la Belgique même si c'est une coquille vide. Soit on adopte l'attitude des Tchèques et des Slovaques en 1992. Ils ont dit : la Tchécoslovaquie unitaire n'est plus gouvernable, nous nous donnons six mois pour nous séparer de manière civilisée.

Il n'y a plus d'avenir possible pour une nation Belgi­que?

Pour faire un mariage il faut être deux. On ne peut pas être Belge tout seul, il faut que les Flamands acceptent de rester mariés. Or ils ne le veu­lent pratiquement plus, même s'ils n'osent pas le dire clairement.

Vous pensez que cela sera en­core pire après les prochai­nes élections?

Là je vais faire un pronostic : il est possible que la NV-A soit le premier parti en Flandre. Et ça, ce serait une révolution dans l'histoire politique de la Belgique depuis 100 ans. Si on ajoute à cela que tous les partis flamands sont noyautés par des anciens de la Volksunie... À commencer par Van Quicken­borne, au VLD, qui en a été président.

Cela expliquerait le fait que ce parti ait quitté le gouvernement?

Là il y a deux choses : il y a un comportement électoral à court terme. Avec l'espoir de remonter un petit peu, mais sans voir les conséquences. Car dans des situations comme celle-ci, il y a toujours un phénomène de cliquet qui fait qu'on ne peut revenir en arrière vers des positions modérées.

La deuxième explication, c'est que le VLD subit la contamination des courants nationalistes qui dépassent déjà 40 % dans l'opinion flamande et qui sont présents dans tous les partis.

Face à une telle situation, le front francophone est-il suffisamment soudé?

Le front des francophones n'a de front que le nom. C'est une apparence. C'est uniquement la peur du jugement de l'électeur qui tient encore plus ou moins les francophones dans l'apparence d'une résistance. Car on me dit de divers côtés que, le week-end dernier, le PS et le CDH étaient prêts à accepter les propositions de De­heane sans contreparties sérieuses.

Paul-Henry Gendebien au JT de la RTBF ce 28 avril


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