Le VLD se refait une vertu flamande - 18 avril 2010

Tous les sondages l’annoncent en chute libre. Et comme à son habitude, dans ce cas de figure, le VLD (surnommé Vlaams Lege Doos ou « boîte flamande vide » par les nationalistes) fait de la surenchère pour aller dans le sens du poil de l’électorat flamand.

Ainsi, l'Open Vld serait prêt à quitter le gouvernement fédéral si le compromis de Dehaene ne clarifiait pas les choses dans le dossier de la scission de BHV d’ici le 21 avril, la veille de la séance plénière de la Chambre.

Les auteurs de cette déclaration martiale ?

Le président du VLD Alexander De Croo, plus flamingant qu'attendu,  les ex-présidents du parti Herman De Croo (l’enfant chéri des médias francophones semble avoir tourné casaque !), Karel De Gucht, l’homme qui a prédit « l’évaporation de la Belgique » et présenté la scission de BHV comme une future frontière d’Etat, Bart Somers, l’admirateur de sa famille VNV et le rêveur de Jeux olympiques flamands, ainsi que l'actuel président de la Chambre Patrick Dewael qui se comportait fièrement comme un chef d’Etat quand il était Ministre président de la Flandre...

Mais aussi, ô demi-surprise !, le vice-premier ministre brusselo-flamand Guy Vanhengel, ce qui laisse peu d’espoir à ceux qui songent à une procédure en conflit d’intérêt du Parlement bruxellois pour retarder, une fois de plus, le vote de la scission de BHV par la majorité flamande contre la minorité francophone.

On dit que Guy Verhofstadt, consulté par ses comparses, aurait donné sa bénédiction. Là, il n’y a pas de véritable surprise : à moins d’oublier que Verhofstadt au début des années 90 considérait la Wallonie comme un boulet.

C’était avant que le fameux/fumeux dossier « DioXine » ne lui tombe dans les mains par la voie du Saint Esprit. Une crise belge opportune qui lui permettra d’accéder au pouvoir en 1999 tout en évinçant les catholiques flamands Jean-Luc Dehaene, et surtout Luc Van den Brande.
Lui qui avait programmé l’indépendance de la Flandre en 2002 afin de fêter comme il se doit le 700ème anniversaire de la Bataille des Eperons d’Or, une victoire sans lendemain des Flamands sur la chevalerie de Philippe le Bel.
Comme quoi nos « poulets », à la dioxine ou non, ne sont pas toujours aussi inefficaces qu’on le croit.

Pour l’anecdote et compte tenu de nombreux courriels en rapport avec notre article précédent consacré à Kesterheide, rappelons que le plus grand écrivain flamand, Hugo Claus, était également issu d’une famille flamande militant au VNV, un parti collaborateur dont un des slogans était « Les Juifs dehors ! ». La commune de Gooik (Brabant flamand) a d'ailleurs cru utile de restaurer le monument funéraire de son leader, Staf De Clercq, en 1990. Le CD&V Michel Doomst, le meneur de la scission de BHV, venait d'accéder à la mairie deux ans plus tôt...

En cela, Hugo Claus rejoint Bart Somers, Bart De Wever, André Leysen, Hugo Schiltz, Johan Sauwens, Leo Vanackere, Bruno Valkeniers, Jan Peumans, etc., tous fiers de leurs racines VNV.
Imagine-t-on des ministres wallons s'honorant du passé rexiste de leurs parents ?

Le Président du Parlement flamand et le VNV

Mais dans le cas de Hugo Claus, contrairement aux autres noms cités, l’équivoque est plus marquée. Certes, il a largement pris ses distances avec l'engagement de son père Jozef Claus, de sa mère et de son frère aîné. Mais en 1985, il a adapté pour le cinéma le roman de Henri Conscience Le Lion des Flandres, De Leeuw van Vlaanderen, qui narre la Bataille des Eperons d’Or (1302) à Courtrai, une ville où Claus a comme par hasard paradé à 15 ans avec le mouvement de jeunesse flamand pro-nazi NSJV ou Jeunesse national-socialiste en Flandre.

Les archives du CEGES et la NSJV (ensemble de photos)

La famille Claus collabo à Courtrai

Un film, financé par la Flandre et qui se veut épique, mais qui s’inscrit dans un cadre nationaliste des moins ragoûtants et dans un style caricatural effarant : vociférations à la sauce Nuremberg, des Français traités de « bestiaux », des clichés énormes ( par ex. le bon Flamand et le Français méprisant), etc.
On est bien loin du Braveheart écossais empreint de valeurs humanistes.

Hugo Claus : un Lion des Flandres nationaliste pur et dur (extrait)

Nous recommandons à nos amis français la (re)lecture du Chagrin des Belges (Seuil/Point, 2003) de l'écrivain flamand qui se définissait lui-même comme un "francophile flamingant" (sic). Ce roman d’une qualité littéraire évidente décrit une certaine société flamande (1939-1947) qui a comme point commun avec la RDA ou l’Autriche de n’avoir jamais été dénazifiée.

A bien y réfléchir, en Flandre, les derniers "modérés" se retrouvent au sein du SP.a (mais tous les socialistes ne le sont pas) et de Groen!
Cela doit représenter moins de 20% des électeurs.
Nous ne nous en plaindrons pas.

Source : Nieuwsblad et Standaard


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