Bart De Wever presque sans langue de bois, comme d'habitude - 30 mars 2010

Suite au dernier sondage de La Libre, la gauche flamande (Groen ! et SP.a) plafonne à 20%, la droite et son extrême caracolent à 80% (personne ne nous fera croire que  le VLD n’est pas un parti libéral et flamand pointu au sens politique du terme) ; la gauche en Wallonie rassemble 2/3 des citoyens et, pour couronner le tout, le gouvernement fédéral belge représente à peine 35% des Flamands. Du jamais vu dans l’Histoire du pays !

On peut lui reprocher beaucoup de choses, notamment des affinités troubles que chacun garde en mémoire, mais Bart De Wever a le mérite de ne pas trop manier la langue de bois. Contrairement à un Elio Di Rupo qui lance un appel à tous les modérés alors que ceux-ci sont depuis des lunes mis à l’écart en Flandre.

A moyen terme, il n'est d'ailleurs pas impossible que le parti de Jean-Marie Dedecker, qui s'est répandu ce week-end dans la Dernière Heure, fasse à nouveau du plat à la N-VA, ce qui en ferait la plus grande force au nord du pays

Rappelons que c'était l'intervention personnelle de Yves Leterme qui avait empêché l'arrivée du bouillant judoka au sein du défunt cartel CD&V-NVA !

Malgré les propos de Bart De Wever sur la perspective de la fin de l'Etat belge et l’indépendance de la Flandre, il est à craindre, pour nous Wallons, que la Flandre se « contente » d’une Belgique à « deux nations » (sic) complètement autonomes, c’est-à-dire sans solidarité interpersonnelle. Cette situation qui résulterait d'une grande et ultime (?) Réforme de l'Etat lui permettrait de faire main basse sur Bruxelles, sa périphérie et, qui sait, d'étendre définitivement son influence du Brabant wallon, son réservoir économique, aux Ardennes, sa colonie de vacances.

Dans ce cas de figure, la Flandre continuerait à instrumentaliser le label international « Belgium » - auquel les Wallons se cramponnent toujours plus, sans retombées réelles - tout en confisquant à son plus grand profit les fonctions politiques et économiques d’envergure internationale.
Ce qui est déjà en partie le cas.

C’est le pire scénario pour la Wallonie (et Bruxelles), mais malheureusement pas le plus improbable...

D'autant que la classe politique wallonne actuelle, dépassée par les événements - il paraît que le fils de Guy Mathot va remplacer Michel Daerden au PS de Liège ! - n'a pas encore prouvé sa capacité à gérer efficacement un flux de compétences supplémentaires.

Et qu'il n'y aura pas de transferts financiers substantiels en parallèle avec cette régionalisation massive.

Dans un Etat belge désargenté, cela va bien évidemment de soi... selon la logique de la Flandre !

Extrait d’une interview de Martin Buxant avec Bart De Wever publiée dans La Libre du 30 mars 2010

Quelle est la recette de la N-VA pour avoir gonflé à ce point depuis l’explosion du cartel avec le CD&V ?

Je dirais que nous avons un profil clair : "What you see is what you get." La N-VA, c’est clair. C’est le parti de centre-droit en Flandre. Cela veut dire qu’on a des positions claires et pas extrémistes sur l’immigration, ça veut dire être consistant sur le budget, la justice, la sécurité, le socio-économique. Les gens apprécient la N-VA car elle dit les choses comme elles sont. On n’a pas traîné dans le gouvernement fédéral juste pour le plaisir d’avoir un ministre. La recette, c’est la clarté sur nos points de vue.

Où la N-VA va-t-elle puiser ses nouveaux électeurs ?

C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. On pourrait simplement croire que nous pompons des voix dans les réserves du CD&V qui est en chute, mais à mon avis c’est plus compliqué que cela. Certains courants et transitions sont cachés. Ainsi, si je regarde ce résultat : le Vlaams Belang monte et la Liste Dedecker s’écrase. Je dirais que ce que Dedecker perd, ce sont des électeurs qui retournent vers le Vlaams Belang. C’est un vote antipolitique, et ces électeurs-là n’ont que deux partis vers lesquels se tourner : Dedecker ou le Vlaams Belang. Ce sont les deux partis de la droite populiste. Je pense que la N-VA va aussi puiser au Vlaams Belang des électeurs flamingants qui en ont assez d’être dans un parti mal structuré. Enfin, nous allons chercher des électeurs au CD&V et à l’Open VLD. Les Flamands ne comprennent pas ce que sont en train de faire ces deux partis au gouvernement fédéral. Ils n’ont même pas de majorité flamande derrière eux !

[...]

En Wallonie, ce sont les partis de gauche qui montent : le Parti socialiste et Ecolo. Qu’est ce que ça vous inspire ?

C’est l’évolution de ce pays qui va dans des sens radicalement différents. Soyons rationnels et regardons l’évolution de ce pays, il n’est fait que de ruptures depuis l’adoption du suffrage universel. Au plus on avance, au plus on constate que les opinions publiques francophone et flamande diffèrent. La Flandre est maintenant un pays de centre-droit et la Wallonie est un pays de centre-gauche.

[...]

L’indépendance flamande approche-t-elle ?

Ce sondage confirme ce qu’on savait déjà : on vit dans deux pays différents. On ne doit pas en faire un drame, on ne doit pas tout casser en une soirée, on ne demande pas cela. Mais si ce pays n’évolue pas, ça va aller très mal. Ça ne peut qu’aller mal : les partis autonomistes représentent aujourd’hui plus de 40 % des électeurs en Flandre. Chez les francophones, les partis traditionnels représentent encore plus de 2/3 des électeurs. Il n’y a pas de parti antisystème côté francophone. [...]

Source : La Libre


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