Le philosophe Michel Onfray se réjouit de notre existence - 2 juin 2009

Dans un billet intitulé « Wallons enfants de la Patrie », le philosophe Michel Onfray se réjouit de notre existence politique…

Conférence il y a quelque temps à Marloie en Belgique. Déjeuner en terrasse sous l’un des premiers soleils de printemps avec deux des organisateurs de ma venue. La conversation arrive sur la Belgique. L’un des deux compères est rattachiste. Nous parlons de sa vision des choses. Elle mérite qu’on la connaisse un peu mieux de ce côté-ci de la frontière.

Avocat de métier, il revendique son républicanisme. La monarchie lui semble périmée, inutile, inefficace, virtuelle. Le Roi n’est pas à la hauteur, l’héritier encore moins… La situation actuelle d’une Belgique impossible à gouverner, à la recherche d’une coalition introuvable, s’enfonçant dans le marasme, au bord de l’implosion, avec une Flandre raciste qui refuse de payer pour les Wallons plus pauvres, tout cela contribue grandement à nourrir le désir rattachiste.

En face, les Flamands tolèrent vaguement la monarchie, mais sans réelle passion. Les Wallons aiment la France : francophones, francophiles, certains désirent donc un rattachement de leur belle province à la France mais, me dit ce nouvel ami sirotant sa bière de trappiste, ils craignent qu’on leur oppose un refus, ce qui explique leur réticence à demander…

Les Flamands ne sont pas les Flamingants – seuls les seconds, nationalistes, revendiquent leur autonomie et activent la panoplie raciste et raciale à l’endroit des Wallons. Jacques Brel a chanté, chacun s’en souvient, une chanson dans laquelle il fustige ces « nazis durant les guerres et catholiques entre elles » flamingants dont il disait aussi « vous oscillez sans cesse du fusil au missel »…

Aujourd’hui, si la Belgique peut sembler une plaque tournante pour l’extrême droite et le négationnisme européens, c’est sans conteste par cette partie là de son territoire. Réunions d’anciens nazis ou de nostalgiques du III° Reich, rassemblement sur des tombes de soldats flamands engagés volontaires aux côtés du national-socialisme sur le front de l’est, commémoration de l’anniversaire d’Adolf Hitler, concerts de hard rock avec textes qui appellent au meurtre des juifs, des homosexuels, des gens de gauche…

L’autre partie, quand elle se dit rattachiste, renvoie à la République Française, à 1789, à ses valeurs, à la laïcité, à sa devise et surtout à la Fraternité. Elle se dit parfois « réunioniste » pour rappeler que la Wallonie fut une province française entre 1792 et 1815 par le vouloir des habitants de la Province de Liège qui le firent savoir en votant. La défaite de Waterloo fut à l’origine du dépeçage arbitraire dont la Belgique devait sortir plus tard.

A l’heure où la France semble plus et mieux aimée par les Mahorais de Wallis et Futuna, par quelques cousins de la belle province de Québec, par des Wallons désireux de retrouver une famille spirituelle, ou par les victimes planétaires de la paupérisation libérale, que par nombre de français célébrant le dégoût de soi, la bonne idée que, contre la terre, ceux-là pensent la France comme une langue, contre la race, comme une tradition hospitalière forgée dans les Lumières, puis, contre le sol, comme une culture commune, voilà qui réjouit !
Et devrait contribuer à ouvrir un débat…

Le blogue de Michel Onfray


© R.W.F. Dernière mise à jour le mardi 2 juin 2009 - Ce site est le seul officiel du R.W.F.