10 ans pour construire le Grand Paris - 30 avril 2009

Le Président de la République s'est donné 10 ans pour construire le « Grand Paris », un projet de transformation de la capitale qui symbolisera « la France de l'après-crise ».

Le projet de Nicolas Sarkozy prévoit l'investissement de 35 milliards d'euros pour améliorer les transports d'Ile-de-France, y compris la construction d'un métro automatique de 130 km de long autour de Paris, reliant Orly au Sud et Roissy au Nord via les grands pôles d'activité économique.

Egalement annoncé la construction de 70.000 logements supplémentaires par an, le double du rythme actuel, grâce à un assouplissement de la législation foncière. Il s'agit, par la même occasion, de désenclaver les banlieues.

Selon l'Elysée, le Grand Paris devrait permettre de créer un million d'emplois supplémentaires dans la région en 20 ans.

L'amélioration du logement passera par la fin du « respect passif d'une règlementation de plus en plus pesante », a dit Nicolas Sarkozy. « Il faut libérer l'offre, déréglementer, élever les coefficients d'occupation des sols, permettre à chaque propriétaire d'une maison individuelle de s'agrandir, rendre constructibles les zones inondables avec des habitations adaptées »

En matière de transports, le Président veut améliorer les réseaux existants en allongeant par exemple la ligne 14 du métro et le RER E (Eole) ou en installant une ligne à grande vitesse entre l'aéroport de Roissy et la gare du Nord.

Le Président de la République a également mis en exergue la construction d'une gare TGV à la Défense, d'une cité de la justice aux Batignolles, la création d'un forêt de deux millions d'arbres à Roissy et la possibilité de créer des jardins sur les toits.

Enfin, le gouvernement compte valoriser la Seine jusqu'à la mer : « Le Havre c'est le port du Grand Paris, la Seine, l'axe nourricier ».

Au chapitre des « pôles d'excellence à vocation mondiale », le Président a cité celui de Saclay (Essonne), où 850 millions d'euros ont déjà été investis au titre du plan campus. Il a aussi évoqué l'installation d'un pôle aéronautique au Bourget et d'un autre consacré aux « industries de la création » à La-Plaine-Saint-Denis.

Comment ne pas mettre en parallèle l'absence de projet politique pour Bruxelles, la capitale mal-aimée d'un royaume à l'abandon ?

Savez-vous que pour un million d’habitants, la Région de Bruxelles-Capitale compte 8 ministres, 425 attachés de cabinets, 89 parlementaires, un gouverneur, un vice-gouverneur, 6 zones de police, 188 bourgmestres, échevins et présidents de CPAS (aide sociale) ? Alors que des mégapoles comme Londres et Paris n’ont, par exemple, qu’une seule zone de police et un seul (lord)maire.

Bertrand Delanoë, entouré de ses maires d’arrondissement, est en effet le gestionnaire principal de la Ville de Paris, qui compte 20 arrondissements.

Après 20 ans, la politique des transports bruxellois en est toujours à des tâtonnements. La nouvelle ligne inaugurée en grandes pompes le 4 avril dernier a entraîné une fréquence moindre et des ralentissements de cadence. Pour l’exemple, seulement 8 nouvelles stations ont été inaugurées à Bruxelles, alors que dans le même temps Madrid en lançait une cinquantaine entre 2003 et 2007.

Quant au RER bruxellois, vital pour désengorger la capitale de l’Europe, les dernières prévisions annoncent la fin des travaux en 2016, alors qu’il avait été longtemps question de 2012.

Sur le plan de la population, la Région de Bruxelles-Capitale, qui est devenue la moins riche de Belgique depuis 1995 (soit quelques années après sa création !), a vu augmenter en 25 ans l’aide sociale (RMI) de 221%, contre 55% en Wallonie et 9% en Flandre.

Pire, 35% des jeunes Bruxellois émargent au chômage.

Sur le plan de l'aménagement du territoire, Bruxelles est un ensemble permanent de chantiers inachevés. Et son patrimoine historique, culturel et architectural, faiblement protégé, par rapport à des villes comparables, permet bien des saccages.

En matière de politique de logements, seulement 28.500 permis d’urbanisme ont été octroyés en 10 ans. La Ministre Françoise Dupuis avait bien promis 5.000 logements supplémentaires, mais dans les faits 150 d'entre eux ont été inaugurés. D’une façon générale, il n’existe aucune politique de logements sociaux à Bruxelles. C’est ainsi que des quartiers miséreux (à Bruxelles, les "banlieues" sont au coeur même de la ville) côtoient sans transition des quartiers cossus. Le pôle européen (place Jourdan) en constitue un exemple trop célèbre.

Ce qui fait de la ville une poudrière sociale dans les années à venir.

Conclusion : Bruxelles, capitale d’une Belgique à la dérive, est laissée à son triste sort. La Flandre, qui l’a accaparée en l’instituant capitale de sa communauté, n’y voit qu’un label de luxe international, une simple vitrine économique, ce qui la dispense d’investir pour améliorer le bien-être de la population, majoritairement francophone.

D’autre part, la Région de Bruxelles-Capitale, victime d’une loi de financement mal négociée avec la Flandre et l'Etat fédéral, ne peut plus faire face aux défis du 21ème siècle.

Seule une association avec la France pourrait rendre une véritable ambition à Bruxelles : elle serait en effet la deuxième ville de France en importance.

Il est douteux que la République resterait sans projet pour Bruxelles, comme c'est le fait de la Belgique fédérale aujourd'hui.

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