Leterme au Telegraaf : la Belgique se bloque d'elle-même - 2 avril 2009

Extrait d’une interview publiée dans le quotidien néerlandais
De Telegraaf du 2 avril 2009.

- La Belgique tombe d’elle-même dans le marécage. Des réformes nécessaires échouent à cause des divisions politiques. Où cela finira-t-il ?

La Belgique est occupée à se bloquer d'elle-même. Le gouvernement ne fait rien d’autre que surveiller le magasin. Ce ne peut pas être sa finalité.

Francophones et néerlandophones ont des intérêts divergents. Nous ne parlons pas la même langue, nous avons une culture différente. Les précédentes réformes de l’Etat ont connu un canevas stable : les Wallons voulaient plus d’argent, les Flamands plus d’autonomie. Là, il y avait place pour un « deal ».

Depuis la nouvelle loi de financement, les Wallons n’ont plus besoin d’argent supplémentaire. Leur motivation de réformer l’Etat a disparu. L’Etat fédéral lève maintenant l’impôt, la Flandre et la Wallonie le dépensent en grande partie.

Cela ne peut continuer, sinon le pays fera banqueroute. C’est un peu comme une famille : si tu laisses les enfants gagner eux-mêmes leur argent, ils feront attention aux dépenses.

- Personne ne réussit à obtenir cette percée.

Je crains qu’une pression externe ne constitue le seul moyen. Si nous continuons de la sorte, l’Europe nous imposera une discipline budgétaire.

- Cela signifie la faillite de la Belgique si vous avez besoin de l’Union européenne pour redresser vos affaires.

Je n’éprouve pas de tels sentiments négatifs. Dans les années 90, les finances publiques ont été assainies sous la pression de l’Europe, ce qui a permis à la Belgique d’entrer dans la zone euro.

Et voyez les Etats-Unis, qui vivent depuis des décennies sur le compte du reste du monde.

La Belgique n’a pas le monopole de finances publiques faibles.