Les quatre partis officiels ? Le programme après les élections - 25 mars 2009

Par insouciance et légèreté, le gouvernement belge avait dégradé le ministère du Budget en simple secrétariat d’Etat occupé par l’inexpérimenté (32 ans !) Melchior Wathelet Jr. Aujourd’hui, la crise internationale prouve qu’il s’agit d’un département indispensable au bon fonctionnement d’un Etat digne de ce nom !

Le Conseil supérieur des finances vient de publier un rapport sans complaisance sur l’état de notre budget. Mais au motif que nous sommes en campagne électorale, le Premier ministre Herman Van Rompuy a prudemment reporté tout plan d’austérité au moment de l’élaboration du budget 2010.

Sur le fond, le Secrétaire d’Etat au Budget semble opter pour la première solution proposée par le CSF, à savoir un retour à l’équilibre dès 2013 qui s’appuierait, entre autres, sur une réduction des dépenses publiques de 4,2% par an.

Selon les économistes, l’effort à fournir par la population serait pire que le « Plan global » des années 1993-1998.

Il apparaît toutefois que ces messieurs ne quittent pas le jeu des hypothèses gratuites dans la mesure où la Flandre veut absolument sa grande Réforme de l’Etat (Madame Milquet a promis de régler ce « petit problème » en un week-end).

Lorsque l’affaire sera dans le sac, nul ne sait ce qu’il subsistera de l’enveloppe fédérale !

Comme d’habitude, la Belgique se console en regardant dans l’assiette de ses voisins, dont celle de la France : son déficit budgétaire actuel ne serait que de 3,5%, mais que dire de sa dette publique astronomique, à la fois conjoncturelle et structurelle.

Le Conseil supérieur des Finances indique que la dette fédérale passera cette année de 88,7 % à 94,7 % du Produit intérieur brut (PIB). Comme le PIB évoluera de €346,7 à 351,2 milliards, la dette, en chiffres absolus, passera donc de €307,5 à 332,6 milliards.

Les experts ont même trouvé le temps de calculer que la dette belge augmentait de  €2,9 millions par heure ou... €796 par seconde. En cause le déficit budgétaire - les années Verhofstadt, de bonne conjoncture, furent également celles de la cigale - et les interventions lourdes du gouvernement fédéral dans la crise du secteur bancassurance.

Comme d’habitude, le VLD et le CD&V se rejettent mutuellement la faute de cette situation alarmante.

Comme de bien entendu, la campagne électorale annonce son lot de promesses à l’emporte-pièce : réfection des autoroutes (après 5 ans d’inertie de Michel Daerden, Ministre wallon du Budget), levée partielle du secret bancaire en 2010 (après 10 ans de complicité passive de Didier Reynders, Ministre fédéral des Finances), etc.

Mais aucun parti de pouvoir ne vous dévoilera ce 25 mars les mesures d’austérité concrètes qu’il proposera après le 7 juin et qui toucheront en profondeur notre vie quotidienne.

Pour l’instant, les partis officiels se contentent de ne rien décider, de ne pas effrayer la population, de placer des attrape-voix sur toutes les listes possibles !

Parallèlement à ces petites manœuvres et à la gestion du provisoire qui les caractérisent, des observateurs internationaux ne jugent pas impossible que notre beau royaume soit le premier pays de la zone euro à faire un jour appel au Fonds monétaire international (FMI) pour le sauver de la banqueroute.
A ce moment, il est certain que la Flandre claquera la porte de la Maison Belgique.

Note : depuis 2007, en France, le Budget a retrouvé de manière durable un Ministre à part entière, indépendant du ministère de l'Économie, des Finances et de l'Emploi.

Une étude de Nataxis sur les spreads met en avant un risque d'insolvabilité pour la Belgique ou au moins un risque de dégradation de la solvabilité, pour expliquer la hausse du spread de taux d'intérêt (l'argent emprunté par la Belgique lui coûte plus cher qu'à ses voisins).
En cause, le cumul
d'une dette publique élevée, d'une pression fiscale élevée et les fortes pertes dans le secteur bancaire.

Ecartement des spreads entre pays de la zone euro

Source partielle : L'Echo

Editorial de Guy Tegenbos - De Standaard, 25 mars 2009

Il est temps de remplacer notre devise « L’union fait la force » qui n’a plus la cote : il n’y a plus ni union ni force ! On pourrait peut-être adopter celle de Reynders « Pas de problème ».

C’est ce que Guy Tegenbos annonce au début d’un article qui fustige la  minimisation par nos dirigeants de la situation budgétaire « dramatique , c’est le qualificatif qu’il utilise, de la Belgique. Et de poursuivre le constat accablant :

« Ce comportement ne date pas d’hier. Nos gouvernants prétendent qu’il ne faut pas s’en faire, alors que tous les classements internationaux indiquent que la Belgique glisse lentement en queue du peloton européen. La sécurité sociale ne réussit plus à payer des allocations qui se situent au-dessus du seuil européen de pauvreté, malgré les grandes injections d’argent des précédents gouvernements.

La Belgique est redevenue le membre malade de l’Europe. Et elle n’est pas en mesure de se corriger. De plus, il ne faut pas prendre l’excuse qu’on s’occupe de la Réforme de l’Etat, il n’y en aura pas !

Les précédentes fois où la Belgique a dû assainir, c’était sous la pression de la Communauté internationale, qui l’a mise à la diète.

En 1980, les marchés financiers avaient exigé la dévaluation du franc belge et, au début des années 90, l’Europe avait fait savoir que la Belgique ne pourrait plus participer à l’Union si elle ne faisait pas d’économies.

Aujourd’hui, il n'existe pas le moindre indice que la Belgique fédérale puisse se redresser toute seule.

Il faudra donc peut-être attendre que l’Europe oblige la Belgique fédérale à faire ce qu’elle aurait dû savoir depuis longtemps.

C'est-à-dire ?

Augmenter rapidement le taux d’activité de la population et faire en sorte que l’on travaille plus longtemps.

Réformer en profondeur la sécurité sociale et les pensions.

Réformer l’Etat afin que le niveau fédéral, faiblard, ne conserve que ses missions minimales et que tout le reste soit transféré aux régions, celles-ci devenant financièrement responsables de la gestion de ces nouvelles compétences.

Dégraisser le très lourd secteur public et les cabinets. »

Sources principales : Revue de presse flamande de l’Ambassade de France à Bruxelles et De Standaard

L'ambassade de France à Bruxelles suit de près notre actualité


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