Simonis se transforme en Elisabeth - 15 mars 2009



Anecdotique ou non, la station terminale de la Ligne 2 (Delacroix-Simonis) du métro bruxellois va changer de nom.
La STIB nous y prépare en tous cas. A côté de Simonis, un lieu chargé de symboles, l’affichage indique désormais, entre parenthèses, le prénom Elisabeth. Celui-ci fait à la fois référence à la reine Elisabeth, l’épouse du roi Albert, qui a donné son nom au parc qui prolonge la basilique de Koekelberg, mais également, dans un contexte contemporain, à la fille aînée du prince Philippe.

Les défenseurs de l'égalité des chances hommes-femmes noteront au passage que la dynastie des Saxe-Cobourg a attendu 160 ans pour abroger la loi salique qui interdisait à une femme de monter sur le trône, alors que nos voisins néerlandais, luxembourgeois et britanniques, leur faisaient confiance depuis longtemps pour présider aux destinées de leur peuple.
Mais en 1991, il ne s’agissait pas tant de promouvoir les femmes que de barrer l’accès au trône au prince Laurent, jugé peu fiable, au profit de la princesse Astrid…

Le parc Elisabeth représente le prolongement « vert » de la Basilique de Koekelberg : les historiens nous apprennent que le sanctuaire, qui imitait par ses formes et proportions le Sacré-Cœur de Montmartre, devait servir, à l’origine, de Panthéon à la Belgique.

Après la Grande Guerre, les autorités belges ont très vite compris que ce projet « national » sèmerait la dissension parmi les Flamands, les Wallons et les Bruxellois.
Imaginons le transfert au Panthéon belge de la dépouille du poète Emile Verhaeren, né en Flandre (1855-1916), mais qui a écrit l'ensemble de son oeuvre en langue française. Une seule question aurait parcouru le monde politique et culturel : Verhaeren est-il Belge, Flamand, Bruxellois ou tous simplement un héraut de la culture française ? Nul n'aurait pu y répondre sans susciter une polémique « nationale ». Ce projet ambitieux tourna donc court et la Belgique ne posséda jamais de Panthéon, à l’instar d’autres pays.

Aujourd’hui subsistent les avenues du Panthéon et des Gloires nationales, qui enserrent la Basilique de Koekelberg et qui témoignent involontairement de la ligne de fracture qui minait déjà le Royaume de Belgique voici un siècle...

Conclusion : les derniers thuriféraires de la monarchie se sont trompés de symbole en transformant Simonis en Elisabeth.

Comme républicains, nous préférons le trajet Delacroix-Simonis (Elisabeth) en sens inverse, Eugène Delacroix étant le peintre de la révolution de 1848 qui fin à la monarchie de Juillet.

La Loi salique : les femmes éloignées du trône de Belgique de 1831 à 1991


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