Désenclavons la Wallonie ! - 28 février 2009
Billet d'Arnaud Pirotte

Cachez ce train que je ne saurais voir...

Arnaud Pirotte fait le point sur la réouverture de la ligne Dinant-Givet et dénonce l'attitude incompréhensible des députés régionaux Michel Lebrun (CDH) et Maurice Bayenet (PS)

La ligne Dinant Givet fermée en 1989 est le maillon manquant au développement d’un axe transrégional Namur Reims. L’intérêt d’une telle jonction va bien au-delà du trafic voyageur potentiel entre Givet et Dinant. Le Parlement wallon cédant aux imprécations de Michel Lebrun ferme des portes.

On ne compte que trois passages ferroviaires en service entre la Wallonie et la France, sur une frontière longue de 350 kilomètres. Ces liaisons ont décru de façon paradoxale à l’heure de la construction européenne. Tout le Nord de la France, entre Lille et Thionville est inaccessible par rail au départ de la Belgique. Si la situation est étonnante dans une stricte perspective européenne, elle l’est autant dans une logique de développement régional.  Cul-de-sac de la France, la région Champagne-Ardenne souffre d’une absence de liaisons économiques performantes sur son flanc nord qu’elles soient routières, fluviales ou ferroviaires.

La Région de Dinant, Beauraing, Philippeville durement touché par le chômage devrait tirer profit de cette connexion avec une région qui connaît un nouveau dynamisme économique. La Champagne Ardennes est bien reliée à Paris et aux régions voisines grâce, notamment, à l’ouverture du récent TGV Est. La nouvelle station TGV de Sedan met Paris à 2h.

Les autorités françaises tant au niveau de la région que de l’Elysée ont compris la nécessité de désenclaver la Meuse ardennaise. Elles s’engageraient à financer ces travaux à Concurrence de 50 %, alors que la ligne, longue de 22 kilomètres, ne compte que 3 kilomètres sur le territoire  français. Mieux, les autorités françaises pourraient s’engager substantiellement dans les frais de fonctionnement.

Malgré ces arguments de poids, le projet de réhabilitation de ce petit tronçon rencontre l’opposition incompréhensible des députés régionaux Michel Lebrun et Maurice Bayenet. Le député P.S. évoque d’autres priorités de l’investissement sur la dorsale wallonne et l’axe Bruxelles Luxembourg. Il est vrai que, après 3 décennies de manque d’investissements et de suppression de lignes (1300 Km de 1975 à 2000), le rail en Wallonie se taille la portion congrue des budgets pour des travaux sans cesse postposés.

L’argumentaire déraille avec Michel Lebrun lorsqu’il évoque la concurrence nuisible au fret de la ligne Athus Meuse qui dessert le port d’Anvers. Les organisations syndicales résolument favorables à la ligne ont fait savoir leur irritation face à la crainte « irrationnelle » de Monsieur Lebrun. Cela fait vingt ans que des syndicats belges et français luttent de concert pour cette réouverture (voir Emmanuel Wilputte, La ligne déraille, les syndicats bataillent, dans Vers l’Avenir, 19 février 2009). Une voie unique, incapable d’accueillir du fret de grand gabarit  ne peut pas menacer l’Athus-Meuse, une artère à double voie modernisée. Si elle était ouverte à nouveau, la ligne 154 (Dinant-Givet) désenclaverait un autre bassin d’activités (Charleville, Reims, Châlon) alors qu’Athus-Meuse dessert essentiellement la Lorraine et l’Alsace. Tout au plus, la ligne 154 pourrait jouer un rôle de délestage de l’Athus-Meuse pour le trafic marchandise.

Un colloque sur la réouverture de la ligne vient d’être annulé au Parlement wallon. Le député de Viroinval se hâte de verrouiller la porte. Le 9 février dernier, il a proposé au Parlement wallon l’adoption d’une motion contre la réouverture. Pour clore définitivement, la question Michel Lebrun suggère la transformation de l’ancienne voie en RAVeL.

Quels sont les ressorts conscients ou inconscients d’une telle obstination? S’agit-il d’une peur, non fondée, de léser les intérêts du port d’Anvers ? Faut-il y lire la crainte qu’une collaboration accrue entre la France et la Wallonie brise des tabous et ouvre des perspectives insoupçonnées?

C’est qu’une fissure dans la camisole belgiciste qui aimante les Wallons vers le nord est, pour certains, inacceptable.

Force est de constater que l’enceinte parlementaire namuroise ne favorise guère les audaces et le goût de l’autonomie. Le Parlement reste désespérément une succursale belgiciste. La Wallonie, centre de l’Europe, a pourtant une carte à jouer comme carrefour.

Rappelons que la logistique et le transport font partie des cinq pôles de compétitivité prioritaires identifiés par le plan Marshall.

On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement entre ce dossier et celui du contournement de Couvin. Sans cesse remis à plus tard depuis bientôt quarante ans, il empêche un accès fluide vers le réseau autoroutier français.

Source : site de la section de Namur

Le site de la section de Namur

Signez la pétition pour la réouverture de la ligne

Le compte rendu dans La Libre

Depuis cet article, le R.W.F. a participé à plusieurs actions communes qui semblent porter leurs fruits. La ligne Dinant-Givet sera désormais considérée comme un enjeu européen. La réouverture de la ligne n'entrerait pas en concurrence avec les lignes TEC existantes ni avec la ligne ferroviaire Athus-Meuse.

Elle est même compatible avec l'installation du Ravel.

Merci à tous les militants de la section de Namur-Dinant-Philippeville qui ont contribué au réexamen de ce dossier.

Le R.W.F. avait probablement raison !

La suite sur le site de la section de Namur...

Le compte rendu dans l'hebdomadaire satirique Pan


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