La France attire les investisseurs - 30 janvier 2009

A l’heure où le label BELGIUM a du plomb dans l’aile pour de multiples raisons que nous ne développerons pas ici (Herman Van Rompuy a confirmé cette semaine la détérioration de notre image dans le monde), la France continue à attirer massivement les investisseurs.

Le jour où la Wallonie, devenue région de France, bénéficiera de ce label perçu positivement depuis des décennies, parfois pour des raisons qui relèvent du domaine affectif, comme par exemple le supposé (mais réel) « art de vivre à la française » (gastronomie, mode, patrimoine...), elle fera également partie de la classe des enfants gâtés par les investisseurs de la planète.

C’est un paramètre économique difficilement quantifiable, dont il n’a pas été suffisamment tenu compte à ce jour.

Un petit voyage sur le site que nous vous proposons ne constitue pas une perte de temps…

Ils ont choisi la France

La France, cinquième marché mondial

Le Monde - 30 janvier 2009
Dans la crise, le modèle français, naguère décrié, retrouve des couleurs (extrait)
par Claire Guélaud

La crise brouille les repères. Qui eût cru, avant, que Nicolas Sarkozy serait prêt à défendre le "plus d'Etat" ? Qui eût imaginé ses ministres convertis aux vertus d'un modèle français qu'ils accusaient, il y a peu, d'être trop coûteux, de brider l'esprit d'entreprise, de faire obstacle à la modernisation du pays ? Et que dire de la spectaculaire conversion de la presse anglo-saxonne qui moquait, dans The Economist du 31 mars 2006, l'aveuglement du coq gaulois ?

L'ajustement de l'emploi à la crise est désormais aussi rapide en Europe qu'aux Etats-Unis

C'est un des traits nouveaux de la crise : l'ajustement de l'emploi au ralentissement de la croissance se fait aussi vite en Europe qu'aux Etats-Unis, note l'économiste Patrick Artus. Jusqu'alors, en cas de moindre activité, les destructions d'emplois étaient plus massives et plus rapides outre-Atlantique, le déclin de l'investissement des entreprises y était plus fort mais, en contrepartie, la durée du retournement y était plus courte qu'en Europe. Le directeur des études économiques de Natixis fait état d'évolutions désormais comparables dans ces deux régions du monde du fait de la flexibilité accrue du marché du travail en Europe. "Si ce que nous vivons relève d'un ajustement cyclique, ajoute-t-il, il est normal que le modèle social protège les salariés. C'est aux actionnaires de porter le risque conjoncturel. En revanche, s'il s'agit, comme je le pense, d'une rupture et si la demande change durablement, il faut veiller à ce que les règles sociales ne retardent pas d'indispensables adaptations." Faut-il protéger les emplois ou les personnes en les aidant à se former et se reconvertir ? Telle est la question qui ressurgit toujours en cas de crise.

 Depuis l'automne et la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, qui a mis à mal tant de certitudes, l'impensable s'est produit. Christine Lagarde elle-même, qui n'est pas la moins libérale des ministres du gouvernement, vante dans le dernier numéro de Newsweek le caractère "équilibré" de l'économie française, le poids de nos dépenses de protection sociale, les bienfaits de l'assurance-chômage. Le système français, résume-t-elle, a été souvent critiqué pour sa lourdeur, mais "en période de crise, il nous aide à résister au ralentissement".

La ministre de l'économie a raison. La France est mieux armée que les Etats-Unis ou certains de ses partenaires européens pour affronter la récession parce que son modèle limite les dégâts sociaux. En ces temps où, selon une enquête de PricewaterhouseCoopers publiée dans La Tribune du 28 janvier, les patrons français sont les plus pessimistes de la planète, Le Monde passe en revue ses atouts qui étaient naguère considérés comme des handicaps.

La France est, devant la Suède, le pays de l'Union européenne qui dépense le plus pour sa protection sociale. "Le tiers du revenu moyen des Français provient de la redistribution. Cela lisse la consommation et amortit les chocs", observe l'économiste Mathilde Lemoine (HSBC France). Cette année, de surcroît, de nombreuses prestations sociales seront indexées sur une inflation 2008 élevée. C'est le cas, notamment, des prestations familiales, dont 6,6 millions de familles ont bénéficié en 2006, et des pensions. Selon Bercy, 12 milliards d'euros supplémentaires seront versés aux retraités du seul fait de la revalorisation des pensions du régime général, des régimes complémentaires et du minimum vieillesse.

Le système de retraite français présente l'avantage d'être pour l'essentiel fondé sur la répartition : les cotisations prélevées sur les actifs sont versées aux retraités. Contrairement aux Américains, aux Britanniques et à tous ceux qui comptaient sur la capitalisation et les fonds de pension pour assurer leurs vieux jours, les Français ne verront pas leurs retraites fondre avec la tempête boursière.

Le déficit budgétaire, fortement critiqué en période de prospérité n'a pas que des inconvénients en période de crise. En choisissant de le laisser filer et de faire jouer "les stabilisateurs automatiques", le gouvernement amortit le choc de la crise. Les rentrées fiscales baissent - donc in fine la ponction sur les revenus des ménages et des entreprises s'atténue -, et les prestations sociales sont davantage sollicitées. Or, observe Mme Lemoine, "dans une étude de 2007, l'Insee a montré que les stabilisateurs automatiques permettaient de réduire de 10 % la baisse du PIB la première année et de 25 % la deuxième, de stabiliser le revenu disponible brut des ménages à hauteur de 42 %. On évite ainsi la destruction de 17 000 emplois la première année et de 67 000 la deuxième".

Aux amortisseurs de crise classiques s'ajoutent quelques points forts. Avec plus de deux enfants par femme, la France est restée en 2008 championne d'Europe de la natalité. Sa population, y compris sa population active, continue de croître, contrairement à ce qui se passe en Allemagne. Cette vitalité, souligne Mme Lemoine, "nourrit une dynamique de consommation différente et soutient la croissance de court terme".

Grand pays agricole, la France n'a pas renoncé à être une nation industrielle. De ce point de vue, elle est en meilleure posture que le Royaume-Uni. La variété de son tissu économique, le relatif "équilibre" entre le poids du public et du privé ne peuvent que l'aider à traverser une année 2009 redoutable.

Malgré une dette publique élevée, l'Etat peut encore emprunter dans des conditions jugées "très favorables" par Bercy. Un peu moins que celles offertes à l'Allemagne mais bien meilleures que celles proposées à l'Italie, à l'Espagne ou au Portugal. Les ménages et les entreprises sont moins endettés, ce qui limite les risques notamment en matière immobilière.

Malgré les difficultés qu'il traverse, le système bancaire est plus solide. "La crise sonne la revanche des banques universelles, celles qui ont un portefeuille d'activités aux cycles différents : la banque de détail d'un côté, la banque de financement et d'investissement de l'autre, note l'économiste Olivier Pastré. La structure de bilan des banques françaises est assez équilibrée, et le niveau de concentration du secteur satisfaisant, avec sept grands réseaux."

Tenue pour excessive en pleine bulle immobilière, la prudence d'un Michel Pébereau, président du conseil d'administration de BNP Paribas, retrouve, comme le modèle social français, des vertus pendant la crise.

Le plan de relance décrit par Le Figaro


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