La RTBF : le goût de l'Empereur - 6 janvier 2009

Nous ne prendrons pas position dans le débat sur la suppression (partielle) de la publicité sur les chaînes publiques françaises : le R.W.F., parti pluraliste et démocratique, compte sans doute autant de partisans que de détracteurs de ce projet qui ne laisse personne indifférent.

La RTBF est toutefois particulièrement mal placée pour évoquer une mainmise du Président Nicolas Sarkozy sur le « paysage audiovisuel français ». Elle fait même dans l’humour involontaire (?) en attirant l’attention de son public sur le fait que le gouvernement de la République nomme les directeurs de télévision.

Pour mémoire, voici l’organigramme pyramidal de la RTBF, mis en place par le gouvernement de la Communauté dite française, après la bénédiction d'Elio Di Rupo, Président du PS, dont le siège se trouve au Boulevard de l'Empereur :

• Rudy Demotte, Ministre président de la Communauté française, donc de la RTBF (PS)
• Fadila Laanan, Ministre en charge de l’Audiovisuel, donc de la RTBF (PS)
• Frédéric Delcor, ex-conseiller de Di Rupo et actuel Secrétaire général de la Communauté française, l'autorité subsidiante de la RTBF (PS)
• Jean-Paul Philippot, Administrateur général de la RTBF (PS)
• Jean-Pierre Jacqmin, Directeur de l’information de la RTBF (PS)
• Marc Janssen, ex-porte-parole de Di Rupo et Président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (PS), l'autorité de contrôle de la RTBF. La majorité du CSA est… socialiste.

Il est à noter que le Directeur de l'information joue un rôle capital puisqu'il s'occupe du choix éditorial et du développement des sujets.
Il y a deux ans, Jean-Pierre Jacqmin, responsable de Matin Première à l’époque, nous faisait savoir par courriel qu’il ne désirait plus recevoir… nos communiqués officiels.

On le constate, la tête de la RTBF est au « goût de l’Empereur », pour paraphraser le titre d’une série flamande, traduite en français, qui passe actuellement sur nos antennes…

Enfin, contrairement à ce qui se passe en France en période électorale, le R.W.F. rappelle que la chaîne publique ne donne pas la parole aux listes émergentes.
Les émissions politiques sont, comme toujours, monopolisées par quatre partis, apparemment "officiels" (PS, MR, CDH, ECOLO).Le 11 mai 2005, la Ligue des Droits de l’Homme et l’asbl Résistanceont jugé ce déni de démocratie suffisamment inquiétant pour en faire un débat ouvert

Débat sur l'accès des "petites" listes à la RTBF

Mais d’autres signes témoignent de l’extrême politisation de la Wallonie.

Le gouvernement wallon, dont le CDH André Antoine est le responsable de la Fonction publique, poursuit la mise en œuvre du nouvel organigramme du Ministère de la Région wallonne, désormais fusionné sous l’appellation « contrôlée » SPW, pour Service public de Wallonie,

Il vient de désigner, hors Selor (examen officiel) et à vie, 25 IG (Inspecteurs généraux) : 11 d’entre eux peuvent être étiquetés PS et 8, CDH. Il n’y aurait qu’un labellisé MR et 1 Ecolo.
Si on y ajoute les Secrétaires Généraux faisant fonction (PS), les Directeurs Généraux de l’été dernier (11 PS, 1 CDH, 1 MR), les Directeurs Généraux ff (2 PS, 1 CDH) et les Inspecteurs Généraux placés en juillet (9 PS, 5 CDH, 5 MR), l’organigramme actuel du Ministère fusionné de la Région wallonne compte à ce jour 34 PS (55 %), 15 CDH (24 %), 7 MR (11 %) et 1 Ecolo (2 %) alors que le MR est officiellement le premier parti de Wallonie depuis le 10 juin 2007.

Comme l’indique « prudemment » le quotidien La Libre de ce mardi (craint-il un retour de flamme de son coreligionnaire André Antoine ?), il s’agit d’ « une recension bien sûr officieuse sinon subjective (on la trouve sur le site politisation.be); et elle ne doit jeter aucun discrédit a priori. Simplement, on ne peut évacuer le soupçon que "la carte" et des marchandages ont pu parfois prévaloir. »

Voici un avant-goût de ce que pourrait produire une République de Wallonie : une gigantesque galette des Rois ne contenant que des fèves PS et quelques fayots CDH...

Politisation de l'administration wallonne : La Libre n'est pas dupe !