Davignon : une occupation de retraité au Bozar flamand - 15 décembre 2008

Maurice Lippens, Philippe Bodson, Etienne Davignon : la vieille garde du Palais a été laminée en quelques mois. Un noyau dur de la Belgique de Papa a définitivement implosé, dépassé par les événements.

Le Vicomte Davignon a toutefois de quoi s’occuper pendant ses longues soirées d’hiver. Ainsi, le 4 décembre dernier, inaugurait-il les festivités destinées à marquer le 80ème anniversaire de cette institution culturelle tristement rebaptisée « Bozar », pour faire « plus flamand ».

Un événement raté pour l’occasion : la journaliste de La Libre, Martine D. Mergeay, estimait que cette évocation de la Palestine consistait en « un témoignage poignant mais partial, sans force artistique ni critique. »

Depuis que l’ancien Palais des Beaux-Arts, qui dépend du… Ministre de l’Intérieur Patrick Dewael, est noyauté par la Flandre, le contenu de la programmation ne cesse de poser question.

Il suffit de consulter la page d’accueil du site officiel pour se rendre compte que la culture française est mise sous le boisseau alors que Bruxelles est la deuxième ville francophone d’Europe.

L’anglais de cuisine y semble privilégié. Comme le montre cette annonce de la saison « Bozar Sundays » :

« Du 7 septembre 2008 au 15 février 2009, BOZAR inaugure une nouvelle saison de BOZARSUNDAYS ! Entre concerts, film, visite de l'exposition "Le sourire de Bouddha" et ateliers autour du festival "Made in Korea", petits et grands profitent  du dimanche pour apprendre et partager leur passion. Cette année encore, deux formules vous sont proposées : Bozarsundays Good Afternoon et Bozarsundays Good Morning… »

La programmation annonce des activités aux titres anglo-saxons (?) comme Made in Korea, Korea Festival, Bae, Bien-U. Sacred Wood, Never-Part, Actually, I am someone, Decolonozing Architecture, S(e)oul Scape… qui en disent long sur la place du français dans une institution qui fut jadis intimement liée à la monarchie belge. Il faut préciser que la Flandre s'est toujours efforcée de noyauter les grands symboles bruxellois ces dix dernières années...
Cela confine parfois au grotesque comme ce projet de peindre en jaune et noir, aux couleurs de la Flandre, les taxis de Bruxelles...

Relevons que l'année 2008 du Bozar, comme 2007 ! se clôturera sur un spectacle de l'humoriste flamand Geert Hoste qui a fait de la caricature de la Wallonie un de ses fonds de commerce.
Relevons que cette programmation bénéficie de la complicité passive ou active de certains milieux francophones.

L'anglais de cuisine du Bozar

De même que le roi Baudouin, durant son très long règne, n’a jamais usé de son autorité politique, de son prestige et de son influence pour contrecarrer la bruxellisation, c’est-à-dire la spéculation immobilière suivie de la destruction méthodique du patrimoine historique de sa capitale, son frère Albert ne bougera pas le petit doigt pour lutter contre son anglicisation accompagnée d'une flamandisation rampante.

Aujourd’hui, « S’adapter à n'importe quel prix pour survivre » est le maître mot de Laeken. Seul point rassurant : la théorie de l'évolution des espèces semble y avoir toujours droit de cité.

L'ancien Mont des Arts détruit : du Palais Royal vers la Grand-Place
(l'actuelle Albertine)


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