Chronique Torfs : un canular du Soir - 12 décembre 2008

On ne sait pas trop bien pourquoi le quotidien bruxellois accorde une chronique au professeur de la KUL (Leuven) Rik Torfs. Il affirmait encore récemment qu’il ne viendrait à l’idée de personne de créer aujourd’hui une Belgique, tant cet Etat était aberrant. Soit. Le R.W.F. n’est pas opposé à la liberté d’expression même s’il en bénéficie rarement dans les médias francophones.

Toujours est-il que le billet du 11 décembre de cet éminent spécialiste du Droit canonique propose l’analyse du réunionisme la plus ridicule de toute l’histoire de notre parti. On y sent poindre également un profond ressentiment contre la République laïque. Ce devait être également le cas des curés de campagne dans la Flandre profonde vers 1880. Nous ne résistons pas au plaisir de citer intégralement ce texte qui ressemble à un long trait d’humour involontaire.
En caractères surlignés, nous avons joint nos commentaires.
Côté positif, ces quelques lignes confirment qu’une « Wallonie française » représente le pire cauchemar de la Flandre et que celle-ci n’a pas d’argument consistant à nous opposer dans notre marche vers la République.

Et dire que Rik Torfs a failli être élu Recteur de la KUL ! La Flandre est entre de bonnes mains.


Dans Le Point du 4 décembre, certains francophones de Belgique formu­lent leurs rêves les plus pro­fonds : et si la Wallonie devenait française ? Paul-Henry Gendebien croit le moment venu. Enfin, le rattachisme.

[Comme d’habitude, le R.W.F. n’est pas cité sous son sigle.]

Seulement, où exactement se situe l'article sur la Wallonie dans l'hebdomadaire français ? Dans la rubrique « Monde ». Entre des contributions décrivant le Pakistan comme nouvel atelier du mal ou parlant de la Thaïlande comme pays en ébullition. Du coup, la Wallonie se retrouve loin de la France.

Cette idée est encore renforcée par Daniel Ducarme. Selon lui, l'article 77 de la Constitu­tion française pourrait sauver la Wallonie : « La République offre aux territoires d'outre­mer qui manifestent la volonté d'y adhérer des institutions nouvelles fondées sur l'idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité. »
La Wallonie pourrait bénéficier du même statut que la Polynésie, et devenir ainsi un « territoire d'Outre-mer »...

La Thaïlande, la Polynésie, le Pakistan, la Wallonie. Quelle surprise de les trouver ensemble. Décidément, la France s'intéresse à la Wallonie, et l'aime beaucoup... pourvu que celle-ci demeure un pays lointain et exotique.

[Compte tenu des préjugés tenaces d'une certaine Flandre politique, Rik Torfs aurait bien placé la Wallonie dans la rubrique « Faits divers » plutôt que celle du « Monde »]

D'ailleurs, pourquoi se tourner vers la France ? Cela ne sert à rien.

[Quel bel argument "ex cathedra" !]

D'abord, il y a les problèmes pratiques. Les Flamands ne lâcheront jamais Bruxelles.

[Les francophones encore moins ! Organisons un référendum qui décidera de l'appartenance des Bruxellois à la Flandre ou non.]

L'Europe n'acceptera pas une ville française comme capitale.

[Et Strasbourg, elle est tchèque ?]

Mais il y a aussi des raisons bien plus fondamentales qui s'opposent au rattachisme. La Belgique est un petit pays peu orgueilleux. Personne ne nous déteste. Cela ne vaut pas pour la France, qui se vante de sa culture, riche il est vrai, de manière ininterrompue. Et parfois de manière légèrement dérisoire. Je me souviens qu'en 1981, quand j'habitais Strasbourg, François Mitterrand et Ronald Reagan se rencontraient pour la première fois en tant que pré­sidents. Le premier entretien ne fut pas un succès. La radio lo­cale parlait d'un dialogue difficile, car Reagan ne maîtrisait pas le français. Contrairement d'ailleurs à François Mitterrand pour qui la langue de Molière n'avait aucun secret.

[Anecdote sans intérêt. Nicolas Sarkozy est d'ailleurs bien plus proche du monde anglo-saxon, à tort ou à raison, que François Mitterand.]

Si les Wallons demeurent Belges à la fois, ils seront appréciés des étrangers, du Conseil de l'Europe [c'est la perle du texte : le Conseil de l'Europe vient de condamner fermement la Flandre, donc la Belgique], de la presse internationale. Car ils parlent français et ils se sentent opprimés.

[Par qui ? Par les Flamands ! Et reconnaissons qu'ils le sont réellement.]

Mais à partir du moment où les Wallons rejoindraient la France, les choses changeraient. Plus personne n'aimerait les Wallons. Car il deviendrait clair qu'ils ne parlent pas anglais et qu'ils peuvent être des oppresseurs eux-mêmes. [sic]

Donc, chers amis francophones, choisissez le moindre mal. [resic]
Ne quittez pas les Flamands pour vous perdre en France.

[La conclusion relève du pur délire : la Flandre qui ne cesse de bafouer le suffrage universel et le droit des personnes accuse la France d’être un Etat oppresseur !
En réalité, il s’agit, pour la Flandre de Rik Torfs, de conserver à tout prix la Wallonie et Bruxelles qu’elle rêve de voir se transformer progressivement en simples protectorats.
Avec la France, les Wallons retrouveront la dignité dans le respect de leur langue et de leur culture.]

Sujet proposé par Michel Maertens (R.W.F. Namur)

Et dire que Rik Torfs a failli être recteur de l'Université de Leuven !

Réaction de Paul-Henry Gendebien, Président du R.W.F.
publiée dans Le Soir du 17 décembre 2008

Oui à la France !

Monsieur le Professeur Torfs utilise le ton du mépris et le style du polygraphe approximatif pour parler de la Wallonie et de la France (Le Soir du 11 décembre).

Redevenus Français, nous deviendrions oppresseurs ? A-t-on saisi la signification de ce propos d'un compatriote de MM. Keulen et Borginon ? Nous autres Wallons et fiers de l'être, nous avons parfaitement compris M. Torfs : il redoute que la Flandre indépendante (futur État voyou sur le plan des Droits de l'Homme ?) ne soit privée de son hinterland colonial...

Sachez, Monsieur le Professeur, sachez bien qu'il n'y a aucun risque pour nous comme vous le suggérez : aller à la France, ce n'est pas nous perdre !
Au contraire, c'est nous retrouver ; c'est revenir à notre maison de famille; c'est revivre enfin les valeurs républicaines qui sont les nôtres depuis si longtemps, et dont l'État belgo-flamand nous a privés.

Note : Willy Burgeon, Président honoraire du Parlement wallon, a réagi en ce sens auprès du Soir.

La Flandre, futur Etat voyou : bourgmestres non nommés, inciviques encouragés


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