L'anglais, troisième langue officielle à Bruxelles ? - 30 novembre 2008

Billet d'humeur de Didier Rabosée, membre de la section de Bruxelles

Lors de son congrès du 29 novembre 2008, l'Open VLD a présenté son « Manifeste libéral pour une ville ouverte » visant à confirmer le caractère international de Bruxelles et à doper son économie.
Deux propositions retiennent l'attention :

  • La création d'une communauté urbaine, une « Brussels Metropolitan Region » déjà proposée par les organisations d'employeurs. Le président Sven Gatz a commenté la proposition : « Nous ne parlons pas ici d'un élargissement de Bruxelles (note : quel dommage !) mais bien d'une plate-forme de concertation entre la Région de Bruxelles-Capitale et les provinces du Brabant flamand et wallon comme partenaires les plus importants.
    Des dossiers relatifs à l'aménagement du territoire et à la mobilité pourraient, en première instance, y être débattus.
  • L'anglais deviendrait la troisième langue administrative à Bruxelles en matière de communication et d'offre de services aux guichets des administrations communales et régionales. Ce ne serait pas (encore) une langue officielle au même titre que le français ou le néerlandais mais plutôt une langue d'accueil. Sven Gatz tente de justifier sa proposition par le statut international de Bruxelles notamment en tant que siège des institutions européennes. Il prétend en outre que de 30 à 33 % des Bruxellois parlent une autre langue que les langues nationales (!).

Au premier abord, l'argument pourrait séduire un public non averti car on ne peut nier que la qualité de carrefour international de Bruxelles doit être encouragée et que l'anglais est une langue de travail dans maintes administrations internationales (Union européenne, OTAN, ...) ainsi qu'au sein de certaines firmes multinationales.
Il est entendu que Bruxelles doit s'ouvrir au monde. Cela passe probablement par une meilleure connaissance de l'anglais en tant que langue de communication entre les peuples (et pourquoi pas,  comme langue de communication et de contact entre les francophones et les néerlandophones).

Mais la manoeuvre est grossière car elle vise tout simplement à affaiblir le français dans les dix-neuf communes en le mettant en concurrence avec non plus une mais deux langues. Quant à l'argument selon lequel 30 à 33 % des Bruxellois parleraient une autre langue que les langues nationales, celui-ci est tout simplement faux.
Si le français n'est pas la langue maternelle de tous les immigrés récents, il est leur langue d'adoption, choix dicté par les circonstances ou par la proximité linguistique (pour les langues latines) ou encore par l’Histoire (pour les anciennes colonies françaises ou belges).
Par la scolarisation, leurs enfants deviennent de très bons francophones en une génération. Et si des enfants sont inscrits dans le « Nederlandstalig onderwijs » (enseignement flamand), c’est davantage par opportunisme économique ou dans un plan de carrière défini par les parents, une ambition bien légitime en soi, plutôt que par choix sentimental ou culturel.
Environ 85 à 90 % des Bruxellois pratiquent le français comme langue maternelle ou d’adoption, comme l’indiquent toutes les statistiques disponibles (cartes d’identité, permis de conduire, etc.).
Il n’est pas question de nous faire croire le contraire.

Bref, toutes ces manoeuvres s'inscrivent dans la logique du plan stratégique flamand qui vise à absorber Bruxelles, une stratégie qui passe principalement par l’affaiblissement du poids de la langue française.

Aux Bruxellois de réagir !

Encore un domaine où l’union de Bruxelles avec la France raffermira l'importance de la langue et de la culture françaises face aux velléités de mainmise de la Flandre sur la seconde métropole francophone d'Europe.


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