Lijst Dedecker : complicités francophones - 13 octobre 2008

La Liste Dedecker est en pleine ascension.  Du moins, c’est ce que nous prédisent les sondages.

Rallié à la LDD, Peter Reekmans, un ancien président des Jeunes VLD sous l’ère Verhofstadt, résume la situation : le nouveau parti compterait 6.744 membres. Un tiers d’entre eux proviendrait des milieux du Vlaams Belang, une bonne moitié du VLD (libéraux). De nombreux mandataires de l’aile droite du CD&V, déçus par la tournure des événements, auraient les yeux tournés vers la liste du bouillant judoka. C’est un fait politique nouveau, d’après Boudewijn Bouckaert, ex-VLD et idéologue du parti. Il y a même des transfuges socialistes, comme Tania Fonteyn, conseillère municipale à Bruges.

Peter Reekmans affirme, pour sa part, que 65% des membres de la LDD n’avaient jamais adhéré à un parti politique auparavant, ce qui prouverait que la Liste attire de nombreuses personnes qui s’étaient détournées de la politique ou qui ne s’y intéressaient pas et qui trouvent aujourd’hui une réponse à leurs inquiétudes.

Le nouveau parti compte mettre en place une école de formation des nouveaux membres qui, en général, sont peu politisés. Aux élections municipales de 2012, il espère être présent dans 40% des communes flamandes.

Le politologue Carl Devos estime que la Lijst Dedecker joue le rôle d’un Test-Achat de la politique qui ferait des dysfonctionnements du système belge son fonds de commerce. Une des raisons du succès de Jean-Marie Dedecker ? Il rejette le racisme du Vlaams Belang et donne l’impression aux électeurs de ce parti confiné que leur vote va enfin servir à quelque chose dans la mesure ou la LDD n’est pas soumise au cordon sanitaire.

L’homme n’est pas sans contradictions, comme tout populiste. Il se vante d’avoir été reçu par le Roi alors que Bart De Wever a été laissé sur la touche. Il se déclare favorable au mariage des homosexuels mais il met en veilleuse ce type de problématique au sein de son parti plutôt à droite et conservateur sur le plan éthique, histoire de ne pas susciter des divisions. Il faut savoir que dans un jeune mouvement politique, la discipline de parti ne va pas nécessairement de soi.
Enfin, l
e Flandrien n’est pas opposé à une participation gouvernementale même s’il est conscient qu’il risque de s’opposer à un véto de la part du VLD, son ancien parti.

Si Carl Devos voit donc en Dedecker un populiste pur jus qui fait feu de tout bois, il avoue que ce dernier possède bien ses dossiers. C’est lui qui a mis sur la sellette Fientje Moerman, la Ministre de l’Economie, pour sa gestion inappropriée, et ensuite Patrick Dewael dans l’affaire des promotions « bizarres » de la Police fédérale. Il a également osé dénoncer le dopage qui continue à faire des ravages dans le milieu cycliste flamand, le sport roi au nord du pays.

Le long dossier du Standaard de ce week-end nous rappelle le leitmotiv de Dedecker : « Avec la Belgique, si c’est possible ; sans, s’il le faut ».

Son ami Bouckaert précise même que « la meilleure solution pour ce pays consisterait en un confédéralisme très poussé, où la sécurité sociale serait également régionalisée. Mais nous pouvons nous contenter d’un Belgium light, afin de nous éviter des complications internationales et de devoir effectuer un choix déchirant en ce qui concerne Bruxelles ».

Bart De Wever avait confié « en off » le même sentiment à Luc Van der Kelen, le rédacteur en chef du Laatste Nieuws, qui s’est empressé de le rendre public au procès de mercredi passé, nous voulons dire la nouvelle émission politisée de la RTBF Répondez @ la question à laquelle le Président de la N-VA était convoqué !

Si l’union de la Wallonie et de la France constitue le pire cauchemar de la Flandre, le Belgium light à la sauce Dedecker-De Wever a de quoi inquiéter les argentiers wallons : les Flamands ne manqueront pas de jouer les maquignons à la table des négociations. Un Luc Vandenbossche hilare, ancien Ministre flamand et fédéral, confiait récemment au Knack (dossier hors série de juillet publié après la pseudo démission d'Yves Leterme) qu’il laissait toujours venir les francophones avec leurs propres chiffres et qu’à la fin du round, la Flandre se retrouvait plus riche…
Que du bonheur !

A ce jour, la LDD cherche toujours un répondant du côté francophone. Alain Destexhe, co-auteur avec le Flamand Rudy Aernoudt, un proche de Jean-Marie, du bouquin « Comment l’Etat gaspille votre argent », pourrait jouer le rôle du valet de pique. Il y aurait, selon Dedecker, le même espace à la droite du MR en Wallonie qu’en Flandre par rapport au VLD.

L’article du Standaard se termine par ces mots : « Jean-Marie Dedecker commence à devenir un homme politique connu en Wallonie grâce à ses nombreux passages à la RTBF et à RTL ».

On n’est jamais trahi que par les siens…

Le R.W.F, quant à lui, n’a pas oublié que l’entraîneur de l'équipe nationale de judo Jean-Marie Dedecker avait évincé d’une sélection Christelle Deliège et Nicole Flagothier, qui avaient le principal tort d’être wallonnes.

Le dossier de Christelle Deliège avait même pris le chemin de la Cour européenne de justice. Quant à Nicole Flagothier, elle obtiendra - décision sans précédent dans le sport belge - la désignation d’un administrateur judiciaire auprès de la Ligue belge de judo un peu trop phagocytée, à cette époque, par le Flandrien Dedecker.


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