Belgique : une population sur écoute - 5 octobre 2008

Après plusieurs semaines de polémique, le gouvernement français a annoncé que les dispositions les plus contestées du fichier Edvige allaient être modifiées, voire supprimées pour certaines d’entre elles.

Les organisations humanistes et politiques à l’origine de la mobilisation - c’est-à-dire des associations des droits de l'homme, des organisations syndicales et des militants politiques regroupés au sein du collectif « Non à Edvige » - se sont félicitées de ce succès.

La presse belge avait cru pouvoir saisir l’occasion pour démontrer que la France de Sarkozy était liberticide dans ses fondements mêmes.

Mais cette presse a bien dû déchanter quelques jours plus tard. En effet, la Belgique qui n’a jamais été en reste en matière de manœuvres de déstabilisation ou d’infiltration de l’appareil d’Etat (on se souvient de la gestion de la Sûreté par Albert Raes qui aimait dire : "mon métier est de mentir") prépare un arrêté du même tonneau, avec la réserve qu’il ne fera pas l’objet d'une opposition citoyenne aussi pugnace qu’en France.

En effet, le quotidien bruxellois Le Soir nous apprenait vendredi qu’un projet d'arrêté royal atterrira prochainement sur la table du gouvernement Leterme.

Le titre en manchette indiquait que 1.600.000 Belges étaient déjà fichés.
Sur une population de 10 millions d’habitants !

Depuis 1998, les forces de police belges, qu’elles soient judiciaires ou administratives, exploitent des millions de données relatives à des personnes, des groupements ou des événements : adresses, numéros de GSM, condamnations et peines, comptes bancaires, photos, empreintes digitales…

Une masse d’informations concrètes (et parfois très sensibles) recueillies dans le cadre de leurs missions plus ou moins discrètes.

Un message d’autant plus inquiétant que l’ex-Ministre Ecolo Olivier Deleuze avait constaté, en entrant au gouvernement en 1999, que les membres et sympathisants du Vlaams Blok-Belang, parti d’extrême droite flamand, entre-temps condamné pour racisme, ne faisaient pas l’objet d’un fichage systématique alors que c’était bien le cas d’organisations ancrées à gauche.

Enfin, on se souvient du jugement récent qui a condamné l’Etat belge pour écoutes téléphoniques abusives et illégales à l’encontre de militants altermondialistes.

http://missurecoute.be/

Il est vrai qu’une loi belge, relativement récente, permet de classer de très nombreux groupements politiques ou de pression dans la catégorie « associations de malfaiteurs ou organisations criminelles », comme ce serait le cas de... Greenpeace Belgium.

Conclusion : même si les meilleures informations, en matière d'activités terroristes en Belgique, émanent le plus souvent des Services secrets américains, français ou marocains, le royaume est bel et bien occupé à muter en Etat policier.
A usage interne, comme on dit...


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