La RTBF : c'est encore un coup des Français - 3 octobre 2008

Alors que tout le monde a bien compris que la finance internationale et les cambistes n’ont pas de drapeau national dans leur poche, la RTBF veut absolument charger la France dans l’affaire Dexia.
Pourtant le laxisme ou le défaut d'imprévoyance de l'Etat belge, jusqu'à son intervention in extremis, est flagrante. La preuve : d'aucuns exigent la création d'une Commission parlementaire.

Selon le JT de ce vendredi, l’intervention en capitaux frais de la République serait une tentative de prise de contrôle du groupe franco-belge depuis Paris. C’est peut-être bien le cas mais quoi de plus normal dans ce milieu !

Nous serions plutôt tentés de positiver en disant que, sans l’intervention de nos voisins, le géant bancaire belgo-français aurait sans doute sombré corps et biens, ainsi que les municipalités wallonnes qui en sont débitrices. Côté belge, Dexia représente en effet l’ancien Crédit Communal, le banquier de la plupart de nos entités communales.

D’autre part, la RTBF estime que l’intervention de Christine Lagarde, la Ministre française de l’Economie, qui a posé comme condition de l’intervention de la France l’annulation du « parachute doré » du Président de Dexia, représenterait une brimade à l’égard du pauvre petit Belge Axel Miller.

La réalité est tout autre : dans son discours de Toulon, Nicolas Sarkozy avait déjà annoncé qu’il refuserait ce type de frais de licenciement somptuaires à des dirigeant qui auraient « commis des fautes ou mis l'entreprise en difficulté »

Qui peut dire si le jour où la Belgique disparaîtra, sous les coups de boutoir du nationalisme flamand, l’ingénieur commercial (expert en ingénierie et commerce dans son cas) Jean-Paul Philippot, par ailleurs administrateur général de la RTBF, ne bénéficiera pas lui-même d’un chèque en or…

A propos, c'est pour quand l'impôt sur les très grandes fortunes belges à la Maurice Lippens de Knokke-le-Zoute ?

Le point de vue français sur l'affaire belge "Dexia"

Suite ce samedi (et, malheureusement, pas fin) :

Selon une certaine presse francophone, l’intervention de la France dans Dexia représenterait donc une nouvelle preuve de l'arrogance de Paris (belle leçon de gratitude de l'Etat belge vis-à-vis du sauveteur impromptu).

La presse flamande n'est pas en reste envers nos voisins d'Outre-Moerdijk : le rachat de la partie néerlandaise de Fortis serait un sale coup des Bataves.

Comme l’Etat belge est tellement lui-même quand il s’arroge le rôle de victime !

Ainsi la presse flamande de samedi n'est-elle pas tendre envers les Pays-Bas, accusés de « brutalité » suite à la décision qu’ils avaient prise la veille de nationaliser l'essentiel des activités néerlandaises de Fortis, y compris les actifs d'ABN Amro, à raison de 16,8 milliards d'euros. Le Premier néerlandais a précisé qu'il s'agissait de mettre à l’abri l’épargne de ses ressortissants, compte tenu du fait que plus personne en Europe ne mise un kopek sur l'avenir de l'Etat belge ou de sa capacité de gérer une crise financière de ce type.

Selon les quotidiens De Standaard et Het Nieuwsblad, le gouvernement de La Haye a privilégié une séparation de patrimoine « dure et douloureuse ».
Les Néerlandais auraient donc « brutalement » (l’adverbe revient souvent dans les manchettes flamandes) poussé les Belges dans le coin.

Les Pays-Bas voulaient ainsi éviter que la partie néerlandaise de Fortis soit « contaminée » par la crise financière.

Le quotidien financier De Tijd n'hésite pas à parler d'un hold-up commis par le gouvernement de La Haye.

Les éditorialistes flamands, quelque peu déboussolés, tirent la queue du Lion pour ébranler le tocsin des Flandres
« C'était un pur jeu politique, dans lequel la fierté nationale a pris le pas sur l'intérêt général. La position des Néerlandais frise l'irresponsabilité », écrit l'un d’entre eux.

Plus raisonnable, le rédacteur en chef du Tijd, Frederik Delaplace, est d'avis que Fortis n'est plus qu'un « petit bancassureur régional ». 

Pour sa part, le Morgen, journal progressiste, qui s’intéresse visiblement aux aléas du capital de la Flandre, se fend d’un titre tonitruand : « Comment les Pays-Bas ont vendu la Belgique pour une bouchée de pain. »
Le quotidien évoque « des Belges ayant un besoin criant d'argent et des Hollandais qui ont vite su calculer ».

Laissons le mot de la fin à Ferdinant Chaffart, l'ancien patron de la Générale de Banque, sidéré par les événements :

« L'Etat belge est intervenu parce qu'il n'avait pas d'autres choix : il était obligé de le faire. Dans ce contexte de crise, cette intervention est une bonne chose pour l'épargnant belge. Et on peut espérer que l'Etat belge trouvera un bénéfice au bout du compte. Mais la Belgique n'en sort pas gagnante pour autant. C'est un nouveau coup porté à l'image de notre pays. Le risque est grand au niveau de nos entreprises. Ce que nous venons de vivre devrait attrister tous les Belges. La Générale de Banque, puis Fortis Banque, ont longtemps été la première banque du pays, un havre de paix pour un épargnant belge et une multitude d'entreprises. Tout cela est en difficulté aujourd'hui. »

Conclusion : selon la presse francophone, c’est la faute des Français pour ce qui concerne Dexia et au nord la faute des Néerlandais pour Fortis.

L'Etat belge présente ses voisins en moutons noirs alors que la réalité des faits démontre que lui-même est un pigeon gris.

Sources : La Libre, Belga et 7sur7


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