Vers une Wallonie française - 11 septembre 2008
Billet de Jean-Pascal Picy, conseiller de Jean-Pierre Raffarin,
ancien Premier Ministre de la République

Nous avons évoqué le billet de Jacques Attali, écrit au lendemain de la fausse démission d'Yves Leterme (14 juillet 2008), mais un proche conseiller de Jean-Pierre Raffarin s'était déjà penché sur la thèse qui nous est chère, après le sondage du Journal du Dimanche du 11 novembre dernier.
Nous le reproduisons ici. Les élites françaises semblent bien conscientes de ce qui se passe à leur frontière du Nord.

Alors que la crise politique perdure en Belgique, l’avenir institutionnel du pays continue de décliner à mesure que l’indépendance de la Flandre devient une possibilité crédible. Dans ces conditions, le Journal du Dimanche (11.11.2007) a publié un sondage hier sur l’opinion des Français devant la perspective d’un rattachement de la Wallonie à la République.

Le résultat est des plus surprenants puisque 54% des Français se déclarent favorables au rattachement de la Wallonie à la France en cas d’éclatement de la Belgique. 10% des personnes interrogées y sont « tout à fait favorables » et 44% « plutôt favorables ». Ce taux atteint 66% dans les régions et départements français du nord (Région Nord-Pas-de-Calais, Ardennes, Meuse).

Ces chiffres sont tout à fait édifiants si l’on considère l’attachement officiel de la France à l’unité de la Belgique et l’état économique et social de la Wallonie qui laisse penser qu’une « réunification » pourrait s’avérer coûteuse pour le budget de l’Etat.

A contrario, le fait que les Français soient globalement favorables à ce rattachement, et non seulement les riverains (note : le Nord-Pas-de-Calais et la Champagne-Ardenne), peut laisser penser que le critère linguistique est peut-être devenu le principal déterminant de l’appartenance à une communauté nationale. Davantage que le régime politique, république ou monarchie, ou le projet politique. L’intérêt des Français pour le Québec ainsi que les difficultés que rencontre la Suisse avec son propre modèle pourrait conforter cette analyse.

Ce qui est sûr, c’est que ce sondage offre aux Wallons une perspective supplémentaire au-delà du statu quo (peu probable), de la réforme institutionnelle vers une confédération belge (peu séduisante) et de l’isolement d’une Wallonie séparée de la Flandre (perspective traumatisante).

Pour les autorités françaises, ce sondage justifie de porter une attention nouvelle à l’avenir de ce voisin amical en considérant que la prudence diplomatique indispensable ne doit pas empêcher d’examiner avec attention le sens que pourrait prendre une telle perspective de rattachement de la Wallonie à la France au terme d’un processus pacifique.


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