Télépro, un grand hebdomadaire belge de télévision - 9 août 2008

Les sondages ne sont pas des élections ! Mais… Wallons enfants de la Patrie !
L'idée de rattacher la Wallonie à la France fait son chemin dans les sondages.
Un tabou est-il tombé ?
Un article de Rodolphe MASUY.

Un récent sondage Ipsos réalisé pour les journaux Le Soir et La Voix du Nord a estimé que 49 % des Wallons sont favorables à un rattachement à la France en cas... d'éclatement de la Belgique. Plus de 500 personnes, de 18 ans et plus, représentatives de la population wallonne, ont été inter­rogées sur le sujet.

Si une telle enquête n'est certainement pas une élection ou un plébiscite, il semble que l'idée du rattachement à la France chemine dans les esprits. Comment l'expliquer ? « Précisons d'abord que le résultat d'un sondage peut fortement varier selon l'énoncé des questions et le choix des réponses. La formulation est importante », répond André-Paul Frognier, politologue et professeur à l'université de Louvain-la-Neuve. « Lors d'une enquête que nous avions menée dès octobre 2007, nous étions arrivés au chiffre de 29 % en faveur d'un rattachement en cas de scission du pays. Cela étant dit, les Wallons, dans leur immense majorité, souhaitent avant tout que l'État belge survive. Ils ne sont pas rattachistes a priori. Mais lorsque la fin de la Belgique est évoquée, sujet qui a été remis au cœur de l'actualité avec la crise politique que nous traversons, deux grandes options se dessinent.»

Évolution des mentalités

Et le spécialiste de poursuivre : « La première envisage la création d'une fédération entre la Wallonie et Bruxelles. » (ndlr : la Belgique continuerait ainsi d'exister, mais sans les Flamands qui auraient pris leur autonomie).
La seconde idée qui fait son chemin est celle d'un rattachement de la Wallonie (avec ou sans Bruxelles) à la France. Il en était peu question auparavant (note du R.W.F. : vu le silence des médias officiels, quoi de plus normal !), mais les derniers mois de crise politique ont clairement brisé un tabou. Il s’est passé quelque chose et cela a effectivement des conséquences sur l'évolution des mentalités. Nous observons donc la montée de ce phénomène rattachiste avec attention. Il y a plusieurs décennies, le fait de parler de fédéralisme était aussi tabou. Cela était même considéré comme incivique par certains.»

Plus personne ne parle donc de l'indépendance de la Wallonie, sans les Bruxellois ni les Français ? « Cette proposition a moins la cote qu'une fédération Wallonie-Bruxelles ou le rattachisme », affirme le politologue. « Les Wallons sont davantage favorables à une association avec une autre entité. Ils demandent de la valeur ajoutée. »

Wallons, un poids en Europe

Au fait, qu'en pensent les Français ? Veulent-ils recevoir les Wallons ? Les sondages disent que plus de 60 % des Français seraient prêts à accueillir les Wallons. Ce chiffre monte à 64 % dans la région Nord-Pas-de-Calais. Nos voisins ne sont pas ignorants de la situation en Belgique. La presse hexagonale a abondamment évoqué la crise de nos institutions. Les différents micros-trottoirs réalisés en France (à prendre avec des pincettes, car un micro-trottoir n'est pas une étude scientifique) montrent généralement des citoyens favorables aux francophones de Belgique. Les hommes politiques français sont, par contre, plus timorés. Ils suivent la situation politique avec énormément de prudence et leurs commentaires sont généralement rares et pesés. « Un rattachement de la Wallonie ferait gagner cinq millions (sic) d'habitants à la France. Ce qui renforcerait son poids en Europe face à l’Allemagne, a néanmoins déclaré Christian Vanneste (UMP), député de droite de Tourcoing. « Mais la Wallonie est à majorité socialiste, un socialisme pire que chez nous ! ».

Note : le député UMP de Tourcoing devrait pourtant savoir que toutes les régions de France, à l'exception de l'Alsace, sont gouvernées par la gauche et que le PS n'est plus le premier parti de Wallonie mais bien le MR (libéral).

Conclusion du R.W.F. : par le biais de ces magazines populaires, au sens noble du terme, l'idée rattachiste commence à pénétrer toutes les couches de la population wallonne.
Et les actions médiatiques du parti (notamment celles des 12 et 14 juillet derniers), de grande envergure, n'y sont pas pour rien...