Armand veut un nouveau Congrès national : risible - 24 juillet 2008

Armand Dedecker, le Président du Sénat, appelle de ses voeux la mise sur pied d’un nouveau Congrès national calqué sur celui de 1830 et qui conclurait un nouveau Pacte des Belges…
Voyons cela d’un peu plus près…
Le Congrès national, institué en novembre 1830, fut la première Assemblée nationale de la Belgique.
On estime généralement qu'il y avait 30.000 mille électeurs pour élire ce Congrès. Après avoir approuvé la Constitution, le Congrès choisit par prudence le régime monarchique, car l’Europe ne comptait qu’une seule république : la Suisse.
La résolution ne faisait donc pas preuve d’un grand courage politique.
Le Congrès national dut organiser pas moins de quatre scrutins avant de porter son choix sur un prince dévoré d'ambition, Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha comme roi des Belges. En effet, les deux premiers votes avaient élu le deuxième fils du Roi des Français Louis-Philippe. Si on avait suivi ce choix démocratique, selon les critères de l’époque, il se serait agi d’une union déguisée de la Belgique à la France, d’un rattachement avant l’heure, ce courant politique étant représenté à l'époque par Alexandre Gendebien.
Mais le « Roi bourgeois », inspiré par le rusé et très corruptible Talleyrand, déclina l’offre des représentants de la jeune « nation » belge.
Il est à noter que le duc de Leuchtenberg, le deuxième choix du Congrès, était le petit-fils de Joséphine de Beauharnais, l’épouse de Napoléon.
Lors du premier scrutin, les deux princes français récoltèrent 156 voix sur 191 !
Au deuxième, ils en étaient déjà à 171 sur 192.

Premier scrutin :

1° Louis d'Orléans, duc de Nemours, (89 votes sur 191)
2° Auguste, duc de Leuchtenberg (67 votes)
3° Charles d'Autriche (dernier gouverneur général des Pays-Bas autrichiens) (35 votes)

Deuxième scrutin (3 février 1831) :

Louis d'Orléans, duc de Nemours, (élu avec 97 votes sur 192)
2° Auguste, duc de Leuchtenberg (74 votes)
3° Charles, archiduc d'Autriche (dernier gouverneur général des Pays-Bas autrichiens) (21 votes)

Troisième scrutin pour l'élection d'un régent du royaume (24 février 1831) :

1° baron Surlet de Chokier (élu avec 108 votes sur 156)
2° comte Félix de Mérode (43 votes)
3° baron Etienne de Gerlache (5 votes)

Quatrième scrutin (4 juin 1831) :

Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha (élu avec 152 votes sur 196)

Dernière poltronnerie : Le Traité des XVIII articles, du 26 juin 1831, reconnaissait enfin le jeune Etat belge.
Il attribuait l’actuel Limbourg hollandais (Maastricht) et le Grand-Duché de Luxembourg à la Belgique. Le Traité assurait aussi la liberté de navigation sur l'Escaut, ainsi que d’autres petits arrangements dont le gouvernement belge avait manifestement déjà le secret. Malgré sa ratification par le Congrès national, le 9 juillet 1831, ce Traité ne fut jamais appliqué pour cause d'invasion hollandaise au mois d’août 1831.
L’armée française, encore les Français ! du maréchal Gérard, accompagné de l’intrépide… Duc de Nemours, en investissant Anvers un an plus tard allait sauver Léopold 1er d’une déroute totale.
En 1839, la Belgique ratifia le Traité des XXIV articles qui lui reprenait le Limbourg hollandais et le Luxembourg et qui, de surcroît, lui imposait un péage sur l’Escaut.
En contrepartie, la Belgique se voyait offrir une réduction de sa part dans la dette commune avec les Pays-Bas. Des concessions politiques à l'adversaire contre de l'argent : rien de nouveau sous le soleil belge.
On le voit bien, aucune des résolutions du Congrès, à part la nomination du régent provisoire Surlet de Chokier - celui-ci avait pourtant soutenu la Révolution française à Liège et il avait été un fervent bonapartiste - et dans la foulée l'imposition de Léopold Ier par les Anglais, ne fut couronnée de succès !
Monsieur Armand Dedecker, piètre couvreur du Palais, devrait revoir ses vieux manuels d’Histoire (belge) avant de faire des propositions incongrues.

Et s'il désire des anecdotes, en voici :
Le mot de passe de la Révolution belge au Théâtre de la Monnaie, "Amour sacré de la Patrie" est calqué sur celui de "Allons, enfants de la Patrie".
Le premier texte de la Brabançonne a été écrit par le Français Jenneval : il évoque l'Orange brisée "sur l'Arbre de la Liberté", symbole de la Révolution de 1789.
A Bruxelles, durant la période française, il se trouvait sur l'actuelle... Place Royale.


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