La grande illusion des francophones de Belgique - 17 juillet 2008

Jean Quatremer, éditorialiste au quotidien français Libération et animateur d’un blogue des plus dynamiques (http://bruxelles.blogs.liberation.fr/), avait analysé la crise belge le 4 juin dernier.
Ses conclusions étaient les suivantes
:
« Les plus hauts responsables flamands souhaitent un État fédéral qui, dans 20 ou 25 ans, ne s’occupera plus que de politique étrangère, de défense et de quelques aspects de la sécurité sociale (note : comme les pensions, bien sûr !, dont la régionalisation ne sert pas les intérêts d'une Flandre grisonnante) ».
Pour le R.W.F., il convient de gommer cette étape intermédiaire, inutile et coûteuse pour les Wallons, que représentera une Belgique « konfederaal » noyautée par la Flandre.
Ces missions résiduelles « laissées » par la Flandre à la Belgique confédérale, la France pourra les assurer bien plus efficacement : la politique internationale, l’armée, le paiement des pensions…
Enfin, hors du cadre belge, notre culture et notre langue ne seront plus méprisées Et puisque Karel De Gucht veut faire jouer la loi du nombre,  le R.W.F. lui répond avec la plus grande fermeté que 68 millions de francophones face à 6 millions de Flamands seront bien plus à même de renégocier les communes contestées de la  frontière linguistique.

Aujourd'hui, une émission de RTL+ était également consacrée à notre combat politique :

Robert Collignon et Jean Quatremer : des propos mesurés

L’analyse de Jean Quatremer (4 juin 2008) :

Yves Leterme, le Premier ministre belge s’y est engagé : d’ici à la mi-juillet, son gouvernement parviendra à un accord sur la réforme institutionnelle de la Belgique. Elu en juin 2007 sur ce programme, le dirigeant démocrate-chrétien flamand (CD&V) n’a pas réussi à obtenir l’accord des francophones pour transformer la Belgique fédérale en une Belgique confédérale ou réduite aux acquêts. Mais désormais, il n’a plus le choix : les élections régionales, qui auront lieu en juin 2009, se rapprochent, et tout recul côté flamand se paiera dans les urnes. Les médias et les partis politiques francophones ne parlent donc plus que des « négociations » communautaires qui ont officiellement débuté hier. Or, c’est une illusion francophone de croire qu’il s’agit d’une « négociation ».
En réalité, il n’y a rien à négocier, absolument rien.
Ou les Francophones acceptent de déshabiller l’État fédéral au profit des régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles), comme le réclament les partis flamands (le cartel CD&V/NV-A et les libéraux de l’Open-VLD), ou alors ce sera la crise : « Leterme est prêt à aller aux élections si nécessaire », explique un responsable flamand.
Au nord du pays, on souligne que les Francophones prendraient un gros risque, celui de radicaliser davantage une opinion publique flamande déjà chauffée au rouge : « S’ils ne concluent pas avec nous, ils négocieront la prochaine fois avec la liste Dedecker (nationaliste, NDA) et le Vlaams Belang ». Pour les partis flamands, les réformes proposées sont à prendre ou à laisser : « on a sous-estimé du côté francophone la volonté flamande de tenir bon sur la réforme de l’État ».
Le message, après un an de crise, commence à passer si l’on en croit certains responsables flamands :
« il y a une évolution des mentalités », veut-on croire au nord du pays, « les francophones commencent à réfléchir de façon géostratégique ».

On considère en Flandre que les Francophones se bercent d’illusions en croyant que des négociations territoriales sont possibles : la scission de l’arrondissement électoral et judiciaire bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) aura lieu afin d’assurer la continuité territoriale flamande, et ce, sans aucun élargissement de la région de Bruxelles-capitale et sans création d’un « corridor » entre Bruxelles et la Wallonie : « on n’est pas en Bosnie », s’amuse le responsable déjà cité. « On ne va pas tirer sur les voitures qui passent en Flandre ! Les Francophones doivent avoir conscience que la frontière linguistique ne sera pas modifiée ». De même, il est hors de question de créer une « circonscription nationale » qui permettrait l’élection de députés élus à la fois par des Flamands et des francophones : « cette proposition vient 30 ou 40 ans trop tard ».
Enfin, il n’y aura pas de « compensation » sonnante et trébuchante : « nous n’allons pas refaire les erreurs de nos prédécesseurs qui ont creusé le déficit budgétaire et laisser la dette exploser pour acheter la paix communautaire », prévient un autre dirigeant flamand.
On estime, en Flandre, que si le nord et le sud parviennent à dessiner les grandes lignes d’un accord d’ici à la mi-juillet, cela devrait calmer le dossier communautaire pour une quinzaine d’années. Mais les Francophones auraient tort de croire qu’il s’agirait là de la « der des der ». Les plus hauts responsables flamands souhaitent un État fédéral qui, « dans 20 ou 25 ans, ne s’occupera plus que de politique étrangère, de défense et de quelques aspects de la sécurité sociale ». « Les gens ne veulent pas le séparatisme, mais ils n’ont pas le sentiment d’appartenir à une même nation : pas de langue commune, pas de média commun, pas de symbole communs. On ne peut même pas parler d’économie belge tant les différences sont grandes entre le nord et le sud ».

Autant dire que l’indépendance de la Flandre est pour demain et que les Francophones n’ont plus que quelques années pour s’y préparer.


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