Comment la Belgique traite ses retraités - 31 mai 2008

Le gouvernement avait promis d’augmenter les pensions belges, qui sont déjà très basses par rapport à celles des autres membres de l’Union européenne, dont la France.
Mais l'instabilité du gouvernement Leterme ne laisse pas entrevoir la réalisation concrète des propositions qui ont été faites par la Ministre des Pensions, Marie Arena.

D'autre part, on se souvient que les pensions belges ont été indexées, suite à l’inflation galopante que connaît, en particulier, la Belgique. Mais voilà, des dizaines de milliers de retraités viennent de recevoir leur pécule de vacances. Du coup, cette prime, ajoutée à l’augmentation de la pension, a eu pour effet principal de les faire basculer dans la tranche supérieure, davantage imposée. Et en Belgique, faute de progressivité équitable de la fiscalité, cela signifie qu'un cercle supplémentaire de l’Enfer fiscal belge a été franchi. Soit une perte, pour des dizaines de milliers de retraités, de l'ordre de 100 à 200 euros.

Ce qui frappe également dans ce dossier, c’est l’incurie d’un Etat digne de ce nom. Voici un échantillon gratuit des explications politiques de cette situation pour le moins embarrassante, voire dramatique pour les victimes de ce mauvais coup :

« Le gouvernement a en effet oublié d'indexer les barèmes fiscaux, ce qui a eu pour résultat d'entraîner une augmentation du précompte retenu et, au final, une somme nette moindre qu'en mai 2007, et ce malgré les indexations intervenues ! » dénonce le député Georges Gilkinet (Ecolo).

La ministre des Pensions, Marie Arena (PS), quant à elle, donne sa version des faits : « Il y a eu des indexations en janvier et en mai. Et sur les 2,3 millions de pensionnés, certains, dont nous ignorons le nombre (sic), sont frappés en mai d'une retenue supérieure à cause du cumul avec le pécule. Mais bon, un précompte, ce n'est qu'une avance sur impôts, ce sera donc réajusté à terme. »

La Ministre, qui n’est manifestement pas concernée par la perte du pouvoir d’achat, estime que les retraités ne seront peut-être remboursés qu’en… 2010.

Enfin, le Ministre des Finances, Didier Reynders a précisé que le problème venait de l'Office des pensions, c'est-à-dire de l’Administration qui relève… de sa collègue !

Comme toujours, Didier Reynders promet de régler le problème en deux coups de cuiller à pot, c’est-à-dire cette année.

Malheureusement pour lui (et les retraités), le gouvernement dont il fait partie risque de ne pas passer l’été. Faute de mesures correctives adéquates, le dossier du remboursement des retraités resterait donc pendant.

Les pensions légales belges ? Indécentes !

En 2006, l’UCP (L’Union Chrétienne des Pensionnés) avait cerné les maux qui rongent le système belge des retraites, indépendamment de l’absence d’une vision à long terme dans ce secteur de la part des gouvernements qui se sont succédé :

« Pour un salarié, en moyenne, le montant de la pension représente 66% du dernier salaire perçu. Avec le temps, ce taux de remplacement ne fait que diminuer. Actuellement, le montant moyen des pensions ne représente que 31,7% de la moyenne des salaires actuels. D’où provient cet écart ? Du fait que rien ne rattache l’évolution des pensions à l’évolution effective des salaires. En conséquence, l’écart des revenus ne cesse de s’accroître entre les pensionnés et les actifs.
Les pensions légales belges sont ainsi parmi les plus basses de l’Europe des 15 : notre taux de remplacement est le plus bas d’Europe et seule l’Irlande se situe en dessous de la Belgique pour le taux de remplacement évalué 10 ans après la pension.
Aujourd’hui, le taux de pauvreté des plus de 65 ans en Belgique est de 26%, pour une moyenne de 19% parmi les membres de l’Europe des 15.
 »

En conséquence, l’UCP revendique toujours la liaison du montant des retraites au bien-être des pensions :
« La liaison au bien-être consiste à augmenter automatiquement les allocations sociales dans la même proportion que l’accroissement des salaires. »

En dépit de la Réforme entreprise par le gouvernement français qui a fait descendre dans la rue, à tort ou à raison, des milliers de personnes, le régime des pensions légales français demeurera supérieur au nôtre pour de longues années.

Le taux de remplacement, c'est le rapport entre le montant de la première retraite (de base et complémentaire) et celui du dernier salaire.
Comparons les deux pays (il s'agit d'une moyenne) :

Taux de remplacement brut et net en France (2005) :

66% (brut) et 80% (net)

Taux de remplacement brut et net en Belgique (2005) :

43% (brut) et 67% (net)

Source : L'Obervatoire français des retraites : comparez la France et la Belgique

D'autre part, la durée moyenne de la retraite en Belgique est l'une des plus basses de l'Union européenne, dans un classement où les Français caracolent en tête, selon la dernière enquête de Aon Consulting.

Avec 15,5 années de retraite pour les hommes et 21,2 ans pour les femmes, les Belges sont plutôt mal lotis en matière de durée moyenne de pension.

Pour les Français, la moyenne s’élève à 20 ans et pour les Françaises à 25,2 ans.

Il faut préciser que la République détient le record d’Europe de l'espérance de vie avec ses 85,9 ans

Comme le souligne l’enquête, il y a évidemment un bémol à cette bonne santé des retraité français (qui est peut-être liée au montant décent de leur pension !) :
« Plus longtemps les citoyens bénéficient de leur retraite, plus le rapport entre actifs et inactifs baisse et plus la charge du paiement des retraites est élevée. On conçoit, dans ces conditions, que les gouvernements étudient des mesures permettant d'équilibrer le poids des retraites (baisse des prestations de retraites ; augmentation des cotisations ; relèvement de l'âge légal de départ à la retraite…), et que les particuliers se préoccupent de leurs ressources complémentaires pour ce temps de vie qu’ils passeront en retraite. »

Heureusement que la démographie de la France est une des plus vigoureuses d’Europe !

A suivre…


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