Une nouvelle invention belge : le « chaos durable ! » - mars 2008

Editorial de Paul-Henry Gendebien, Président du R.W.F.

Dès le mois de juin 2007, nous annoncions le temps des contradictions et des blocages pour l'État belge. Nous avons été servis ! Six mois - et c'est loin d'être fini - de cache-cache, de crocs-en-jambes, de gros mots, de psychodrames au sein de la classe politique officielle. Nous avons vu un cirque. Nous avons entendu les gifles claquer sur la joue des partis francophone, suivies de quelques gémissements.

Nous avons ensuite enregistré les « assouplissements »  des partis et des médias recomman­dant aux braves Wallons et Bruxellois de « tendre la main »...

Et nous avons enfin observé que le Gouvernement wallon et le Parlement wallon s'excluaient volontairement du débat institutionnel, parachevant ainsi la besogne d'émasculation de la Wallonie entreprise par l'agent n° 1 du Palais Royal, M. Elio Di Rupo.

Des Ministres intérimaires

L'aboutissement de ce très mauvais feuilleton, c'est une non-solution, un non-apaisement, un non-gouvernement. Car pour l'heure il n'y a pas de véritable Gouvernement belge. Il n'y a que des Ministres intérimaires, contents de l'être, mais dépourvus de programme, de chef, de solidarité. Voici un Etat qui se vide de l'intérieur. Le seul maître de cette « équipe » insignifiante, c’est la méfiance. En surface, on fait mine de négocier sans trop d'illusions sur la guérison du grand malade qui porte encore le nom d'Etat belge. En sous-main, le régime des partis se livre à ses jeux favoris : piéger le partenaire, viser le court terme, entretenir la discorde pour exister aux yeux des électeurs.

Voyez le sinistre spectacle organisé par les partis francophones traditionnels dont les divisions accentuent les faiblesses en face du camp flamand. On ne peut s’empêcher de penser que ces Messieurs-Dames se préparent déjà, pour le mois de juin, à des élections législatives anticipées qui ne seraient à vrai dire que des élections recommencées. Dans leur inconscience, ils ne semblent pas apercevoir qu'un nouveau scrutin pourrait annoncer le début d'une crise fatale et terminale.

A ce jour, peu d’observateurs sérieux estiment qu'un accord substantiel pourrait être conclu pour le 20 mars (ndlr : une partie de l’article a été écrite à la mi-février), date fatidique à laquelle M. Leterme devrait endosser l'habit - trop large pour lui - de Premier Ministre. Naturellement, la docilité coutumière de certains négociateurs francophones permet aux derniers Belges (Albert II, M. Delpérée, Mme Michu) de rêver d’une subite rédemption du Royaume grâce à une nouvelle repentance wallo-bruxelloise. Repentance et soumission. A cet égard, tout est possible quand on prend connaissance des propos catastrophiques d'un Reynders et d'un Moureaux sur le confédéralisme à la flamande « qu'il faudra bien accepter si l'on veut éviter le séparatisme. »

Un amour immodéré du pouvoir

Le drame de ces Messieurs nous est bien connu : leur électora­lisme belgicain et opportuniste, doublé d'un amour immodéré du pouvoir, leur tient lieu de pensée politique et de stratégie. Or, le défaitisme munichois conduit toujours au désastre. Qu'ils ouvrent les yeux : en 2008 comme en 2007, les revendications flamandes sont toujours aussi brutalement unilatérales. Le cynisme de M. Karel De Gucht (libéral flamand, ministre des Affaires Étrangères) n'a plus de bornes. Il y a quelques semaines, ce personnage envoyait une note circulaire aux ambassadeurs belges à l'étranger en vue de leur faciliter la défense de l'image du Royaume. Mais, incapable de contrôler sa pulsion nationaliste, il vient de déclarer au journal Le Soir que Bruxelles ne sera jamais élargie puisque, précisait-il, la frontière linguistique actuelle est une « frontière d'État ». En clair, M. De Gucht parle comme si la région flamande était déjà un Etat à part entière...

Le R.W.F.: des signes d’ouverture et un souffle nouveau

Pendant ce temps, des signaux encore ténus mais insistants et concordants nous parviennent du sein même des partis de pouvoir : l'inquiétude de la base militante, et même de certains élus, grossit incontestablement en raison de l'impasse qui ronge l'Etat et de la non-stratégie des dirigeants francophones.

Nous voici don en phase d'instabilité permanente, mortelle échéance, d'une Belgique en voie de dépeçage et de dépérissement, harcelée par les forces autonomistes d'une Flandre sûre d'elle-même et plus que jamais dominatrice.

Nous multiplions les débats et les actions sur le terrain, accroissant notre présence dans l'opinion publique et dans la presse, belge et européenne. Au cours des derniers mois, le R.W.F. a acquis une visibilité supplémentaire et « un souffle nouveau », ainsi que l'écrivait récemment le journal français Le Monde.

Si notre influence progresse, c'est pour trois raisons principales :

  • la crédibilité de notre analyse - vérifiée par les événements - et de notre projet réunioniste ;
  • l'apparition d'une nouvelle dimension de la crise existentielle belge, à savoir le « chaos durable »;
  • la montée de l'exaspération des Wallons et des Bruxellois devant le comportement des partis flamands.

L’Europe est désormais au courant !

Non, Monsieur Verhofstadt, la Belgique n'est pas, comme vous l'avez dit,  le « laboratoire de, l’Europe » ...

Si c'était vrai, alors, pauvre Europe ! Rangez donc au placard cette fable ridicule et abstenez-vous de faire injure à l'Europe ! Proclamez plutôt que la Belgique est le mauvais exemple, le modèle de ce qu'il ne faut pas faire ! Et cessez de tromper l'univers (mais cela ne marche pas) avec cette légende du prétendu « compromis à la Belge » qui n'est rien d'autre en vérité que l'art de laisser pourrir les problèmes en additionnant les mécontentements réciproques.

Malgré les gesticulations officielles, l'Europe est désormais de mieux en mieux informée. Elle sait que l'Etat belge peut disparaître demain. Un Etat ingérable, inutile et potentiellement dangereux s'il poursuivait trop longtemps encore sa dérive insensée. Un Etat qui ne protège plus les Francophones, qui n'a aucun projet pour la Wallonie, et qui ne convient plus à la Flandre.

En un mot, l’heure de vérité approche !


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