Octo-poussif ? Elections anticipées en juin 2008 !

De Morgen - 19 janvier 2008

Filip Rogiers est un rédacteur politique du Morgen spécialisé dans la question belge. Il est également l’auteur de "Leterme au défi" (Luc Pire, 2006).
Voici la fin de son analyse sur la crise de régime que traverse le pays :

Chaque parti suspecte aujourd’hui un ou plusieurs partis de vouloir organiser l’échec pour pouvoir se présenter de manière anticipée devant l’électeur.

En juin 2008. La date se murmure un peu partout. Lundi, le jour qui a suivi les déclarations d’Elio Di Rupo (sa proposition de rencensement dans la périphérie), le CD&V, et surtout l’Open-VLD, a soupçonné le PS de vouloir susciter des élections anticipées (ndlr : par cette déclaration provocatrice aux yeux des Flamands). Cela lui donnerait l’occasion de rectifier « l’injustice » qui lui a été faite le 10 juin dernier, le MR ayant détrôné le PS.

Les libéraux francophones également sont soupçonnés de vouloir de nouvelles élections. Le « cartel » CDH-PS, le front « de gauche » comme il l’appelle en Wallonie, est, pour Didier Reynders, indigeste et celui-ci ne permet pas de mener une politique cohérente (de son point de vue).
Reynders aimerait relever le défi qui consisterait à rallier au MR l’électeur de droite du CDH, afin de confirmer encore davantage son leadership politique en Belgique francophone, un leadership qui n’a pas été rentabilisé politiquement durant les sept derniers mois.

Au sein du Front flamand, la confiance est également quasi nulle.
Jeudi, pendant un déjeuner, le Morgen a entendu un VLD dire que le CD&V se préparait à de nouvelles élections et qu’un CD&V s’attendait à la même chose du côté de l’Open VLD.
Ce membre libéral flamand ne pouvait s’empêcher de constater que, après l’installation solennelle du groupe Octopus (chargé de préparer une sixième réforme de l'Etat), rien ne bougeait autour de celui-ci. Et d’analyser que pour le CD&V, le cartel constitue et demeure une assurance-vie (électorale).

Les chrétiens-démocrates, quant à eux, basent leur soupçon de fièvre électorale qui règnerait à l’Open VLD sur le fait que ce parti serait tenté, un peu plus chaque jour, de jouer un coup de poker et d’effacer l’échec du 10 juin dernier en valorisant enfin le bonus que représente le poste de Premier Ministre (Verhofstadt III).
Dernier élément, les chrétiens-démocrates voient que dans leur propre parti des indications permettent de penser que la N-VA ne sera pas lâchée.
Et le Président du CD&V, Etienne Schouppe, n'a-t-il pas déclaré mardi passé :
« Si nous remarquons que la volonté politique fait défaut, nous retirerons nous-mêmes la prise de courant. »
Commentaire d’un membre du parti : « Si j’étais vous, je prendrais ces mots au sérieux. Ils ne sont pas prononcés pour la galerie. »