Carl Devos, politologue à l’Université de Gand, prédit une crise très grave en 2008

Le Soir - 26 décembre 2007- Extrait d’un entretien avec Olivier Mouton

(…) Mais nous devons rester calmes parce que le pire est à venir. Tout le monde conçoit en Flandre que la crise n'est pas finie, qu'il s'agit simplement d'une courte pause. En janvier et février, nous nous attendons encore à beaucoup de discussions et de confrontations. Les deux vainqueurs des élec­tions du 10 juin ont perdu l'épreuve de la formation et ils ont enco­re tout à prouver. Yves Leterme doit maintenant réaliser sa gran­de réforme de l'État et Didier Reynders doit mettre en œuvre un grand programme socio-éco­nomique à tendance libérale. Cela sera extrêmement difficile. Avez-vous vu le climat dans lequel ce gouvernement intérimaire est né ? Avec un ministre sor­tant, André Flahaut, qui qualifie son successeur de « con ». Et un membre de la N-VA qui s'abstient au moment du vote. Mais fran­chement, c'est quoi, ça ? L'atmo­sphère générale est détestable. Il n’y a pas de projet positif.
(…)
Tout le monde en Flandre s'attend à une crise très grave en janvier ou en février 2008. On a arrêté la discussion sur la réforme de l'État au lendemain des trois questions posées par Yves Leterme et l'échec de se formation. Mais le sujet reviendra, bien sûr. Et vous devez bien réaliser, du cô­té francophone, que la N-VA gar­de toutes les cartes en mains, y compris au sein d'une majorité des deux tiers disposant de 101 sièges à la Chambre. Si ce parti n'obtient pas de résultat en matière de réforme de l’Etat, il s'en ira former un cartel très flamingant avec la liste Dedecker. Pour le CD&V, ce serait une catastrophe. Bref, rien, n'a changé. La crise est toujours là.

En réalité, la seule initiative audacieuse d'Albert II fut de faire revenir Guy Verhofstadt.
C'est en effet une décision très créative, mais aussi très conservatrice, qui comporte beaucoup de risques. Que se serait-il passé si Verhofstadt avait échoué ? Et com­me je l'ai dit, le succès de sa mission - qui doit fédérer des positions fort différentes et en présence du PS - est loin d'être garanti.
Une crise politique très grave reste le scénario le plus plausible.

Sujet signalé par Michel Martens.


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