Regard sur l’actualité de Paul-Henry Gendebien - 12 décembre 2007

Une auberge espagnole ...

Fin de régime ?

C’est classique : les périodes de fin de régime s’accompagnent de manœuvres, d’intrigues, de tentatives diverses pour arrêter le cours de l’Histoire. Chacun, dans la misérable classe politique belgo-belge défend ses propres intérêts partisans tout en se revendiquant de l’intérêt général et d’une fallacieuse « union nationale ». Mais l’Histoire ne s’arrêtera pas, elle poursuivra son chemin … Tout au plus gagnera-t-on un peu de temps. On assiste aujourd’hui à une sombre querelle entre les partis sur la question de la nature même de la coalition gouvernementale à construire. Faut-il, et pourra-t-on unir six, huit, neuf ou dix formations ? Au soir du 10 juin, tout paraissait clair ! C’était l’orange bleue ou rien !

Maintenant, tout est remis en question, mais pour combien de temps ? Car par définition les girouettes tournent à tous les vents.

Restera posée l’autre question lancinante : quel Premier Ministre dès lors qu’un accord sur la composition d’une coalition aurait été conclu ? C’est ici que nous allons retrouver ce cher Monsieur Leterme, le plus médiocre personnage rencontré sur les chemins de la politique belge depuis plusieurs décennies. Et le plus honni des Wallons, dont un grand nombre, pourtant, est toujours prêt à applaudir le maître flamand.

Si par miracle M. Leterme devenait le Premier Ministre d’une Belgique exsangue, il ne manquerait aucune occasion de se rendre encore plus infréquentable ; et nous ne donnerions pas cher de sa longévité politique. On ne nous enlèvera pas de la tête notre intuition initiale (voir mon article du journal Le Soir du 23.08.2007 au sujet de M. Leterme) : il est probable que son objectif soit, en fin de compte, de siéger au Conseil Européen des chefs d’Etat et de gouvernement, entre M. Sarkozy et Mme Merkel. Autrement dit, de pouvoir y siéger en tant que représentant d’une Flandre indépendante.

Une auberge espagnole…

L’agitation politico-médiatique qui entoure la mission de M ; Verhofstadt concerne, nous l’avons dit, la recherche d’une « formule » gouvernementale. Si on la trouve, encore faudra-t-il s’accorder non seulement sur le flacon mais encore sur son contenu, sur le breuvage d’amertume qu’on essaiera de nous faire avaler. Poser la question du contenu, c’est poser celle d’ampleur des concessions que les Francophones devront payer pour prolonger quelque peu la survie de leur chère Belgique !

En clair, quelles concessions, quelles dérobades, quelles contorsions sur BHV, sur la nomination des trois bourgmestres, sur les vols de nuit au-dessus de Bruxelles et du Brabant wallon, mais aussi sur la fiscalité des entreprises, sur la politique de l’emploi, sur la SNCB, sur les allocations familiales …

En un mot, nous ne sommes pas sortis de l’auberge croulante et mal famée dans laquelle nous sommes encore enfermés.

De l’air, de l’air, s’il vous plaît !

L’appui des Français !

Heureusement, les vents favorables soufflent de plus en  plus, en provenance du sud. De France nous parviennent, en grand nombre, des messages de sympathie.

Le peuple français parle de nous, jusque dans les départements les plus éloignés. Je reçois, tout récemment, ces mots du grand gaulliste social qu’est notre ami Jean Charbonnel, ancien ministre de la République et ancien député maire de Brive-la-Gaillarde :

« Rien ne devrait interdire (en ce moment de crise) aux Français d’exprimer leur sympathie vis-à-vis de la Wallonie, que seules les péripéties de l’Histoire ont séparée de l’Hexagone. A un moment où le sectarisme des extrémistes flamands se manifeste encore avec une telle virulence à l’égard des Wallons et de la langue – la nôtre – qu’ils parlent, ceux-ci doivent être conscients de la solidarité, toute naturelle, qui nous unit à eux. Il faut qu’ils sachent que, quel que soit le choix qu’ils feront, en toute souveraineté, pour déterminer leur avenir, ils devront pouvoir compter sur l’amitié agissante du peuple français. »

Cher Jean Chabonnel, la Wallonie vous dit merci !

P.S. : nous publierons prochainement un choix des multiples messages de solidarité que nous recevons très régulièrement de France.