Entretien « Joker » d’Ernest Glinne, compagnon de route du R.W.F.
Pan - 3 décembre 2007

Suite à l’actualité politique brûlante, nous n’avons pas eu l’occasion d’évoquer cette analyse d’une grande lucidité tirée de l’hebdomadaire Pan du début de ce mois.
Ernest Glinne est l’ancien président du groupe socialiste au Parlement européen.
Il a également été bourgmestre de Courcelles et est toujours conseiller communal (Ecolo) de cette bonne ville du Pays de Charleroi.

Sur l’institutionnel, vous rejoignez le Rassemblement Wallonie-France…
Oui, parce que le fédéralisme “belgicain” est arrivé trop tard pour être efficace, qu’il est trop déséquilibré et bloqué. Le fédéralisme de la désunion ne marchant plus, il faut trouver autre chose. Et les thèses du RWF sont intellectuellement et politiquement séduisantes. Je pense personnellement qu’il faut procéder en deux étapes: d’abord une phase transitoire d’indépendance de la Wallonie après un référendum spécifique, pour avoir le temps d’une relance économique qui nous permette, deuxième étape, de négocier en meilleure position notre rassemblement avec la République française.
Je fais partie des rares qui se souviennent encore des paroles de Jacques Bertrand - je crois: “Et s’il [le Wallon] adore le Bourgogne / C’est parce qu’il est un peu Français / Oui mes enfants, oui mes enfants / Il y a longtemps / Que la France est notre maman / Et cette France généreuse / Ce berceau de la liberté / Saurait aux heures douloureuses / Se retrouver à nos côtés”.
Tout est dit! C’est du regroupement familial – sans ADN (rires). On peut déjà l’appliquer “en douce” maintenant!
Et renouer avec notre France maternelle, toujours puissance mondiale, qui peut lutter dans l’Union européenne contre les dérives e la globalisation, notamment.

La taille ne fait pas tout: quelqu’un comme Jean-Claude Juncker est écouté…
Oui, mais il est intelligent et pondéré.
Et il a une expérience et une réputation qui le précèdent. Il est social-chrétien mais bon… S’il était socialiste, il serait peut-être dans la catégorie des non-corrompus de la famille (rires)!

Et vous n’appréhendez pas d’avoir Sarkozy comme chef de l’Etat?
D’abord, il ne faut pas oublier que seules deux (Vendée et Alsace) des vingt-deux régions françaises sont à droite, alors que les autres sont à gauche! Et Sarkozy n’est pas toute la France. Il ne doit être ni diabolisé ni angélisé.

Et quid du risque d’être une goutte d’eau dans une grande masse?
La France permet l’identité régionale: les gens des “pays” sont Provençaux ou Alsaciens ET tout autant Français! Les Wallons resteront dans leurs spécificités en les surmontant dans la République.

Vous ne donnez plus de chance à la Belgique?
Qu’est-ce qu’il nous en reste? L’Atomium et l’Expo universelle de 1958? Les quelques constructions publiques que Léopold II nous a laissées en échange de ses exactions génocidaires en Afrique? L’image romancée d’Albert Ier et de la Reine Astrid? Les prisonniers de guerre wallons en Allemagne? Internationaliste et européen, je suis en même temps wallon. La Wallonie est un “pays” de la France et de la Francité, au même titre que d’autres! Même si la Wallonie n’a pas suffisamment conscience de son appartenance commune, et souffre de sous-identités: on est d’abord Liégeois, Carolo, Namurois etc. Lors de la Fête de la Wallonie ici à Courcelles, on voyait partout des drapeaux belges, mais très peu de wallons – sauf chez moi! En face, la Flandre est une nation qui veut SON Etat. Depuis que le Parlement flamand a voté ses résolutions de blocage en 1999, les élus de Flandre ne peuvent plus faire marche arrière et ils seront élus aux régionales de 2009 sur base de ce “cahier des charges”.
(…)

Et pourquoi ne pas s’en tenir à une Wallonie indépendante?
Parce que c’est trop petit. Pour négocier, notamment sur l’euro, le dollar etc. Et quand on va devoir partager la dette publique, on sera trop faibles seuls pour faire entendre une raison équilibrée aux flamingants.

François Perin ou Paul-Henry Gendebien?
Je choisis Paul-Henry, en dépit de la verve de François Perin, que j’ai croisé à La Gauche et qui est un visionnaire diversement talentueux. Paul-Henry, je l’ai vu souffrir dans la dignité. Par exemple au Parlement alors national, quand il s’opposait, même dans la bibliothèque, à des Tindemans.

Retrouvez l'interview complète sur le site de l'hebdomadaire satirique
Pan


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