Le rattachement à la France, issue de secours des Belges francophones?
MAGAZINE AFP - 28 novembre 2007
Par Pascal MALLET

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Dominique Faget, AFP

L’Agence France Presse s’est longuement entretenue avec notre secrétaire général Laurent Brogniet (au centre sur la photo) et trois militants de terrain, Eric Snow (à gauche), Benoît Oleffe (à droite) et Didier Melin.
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Il y en a à qui la grave et interminable crise politique qui mine l'unité de la Belgique redonne de l'espoir: les "rattachistes", ces francophones belges qui veulent leur rattachement à la France.

Depuis les législatives du 10 juin, les tractations entre partis néerlandophones et francophones libéraux et chrétiens-démocrates pour former un gouvernement butent sur la dévolution de pouvoirs supplémentaires aux régions, réclamée par la Flandre, faisant craindre pour la survie de la Belgique.

Si l'échec était consommé, la Flandre pourrait être tentée par l'indépendance. Les francophones devraient alors envisager soit de former avec la Wallonie et Bruxelles un Etat de 4,5 millions d'habitants, soit de demander le rattachement - ou au moins leur association - à la France.

Pour les "rattachistes", la réponse à cette crise providentielle va plus que jamais de soi.

 "Le vrai contrat d'avenir pour les francophones d'une Belgique en voie d'évaporation consiste en une association étroite --culturelle, économique et politique-- avec la République française", ont réaffirmé une centaine de militants lors d'une manifestation récente à Namur , capitale officielle de la Région wallonne.

 Depuis la création de la Belgique en 1830, "le mouvement en faveur d'un retour à la France a toujours existé", souligne Laurent Brogniet, secrétaire général du Rassemblement Wallonie-France (RWF), parti fondé en 1999.

 "Le mouvement centrifuge qui, sous l'impulsion du nationalisme flamand, aboutira à la fin de la Belgique ne s'arrêtera jamais", prédit-il.

 "La Flandre est une nation? Très bien. Divorçons et parlons nous comme des adultes", ajoute M. Brogniet, un consultant financier de 42 ans, ancien militant libéral.
"Le pire", à ses yeux, serait "le maintien de la Belgique moyennant la satisfaction des revendications flamandes" visant à dépouiller l'Etat fédéral de pouvoirs importants (fisc, sécurité sociale, emploi) au profit des régions et à affaiblir les francophones à Bruxelles et en périphérie.

Pour Didier Melin, 29 ans, traducteur, qui milite au RWF depuis un an, "la concurrence fiscale" entre régions belges que revendique une Flandre plus riche et plus peuplée "tuerait la Wallonie".

L'argumentaire du RWF est rôdé. A l'appui de sa thèse, il invoque évidemment d'abord une langue commune et des liens historiques.

Mais son choix se veut aussi réaliste: s'il y avait partition de la Belgique, l'ensemble Wallonie-Bruxelles, frappé par un fort chômage et héritant d'une dette d'environ 100 milliards d'euros, ne serait pas viable.

La "solidarité de la France " présenterait d'indéniables avantages sur le plan économique.

Autre "plus": la pression fiscale est nettement moins forte en France qu'en Belgique pour les petits et moyens revenus, sans que la protection sociale et le système hospitalier belges soient pour autant supérieurs, souligne le RWF dans ses tracts.

Perspective alléchante, si Bruxelles devenait territoire français, plus besoin de parler aussi néerlandais pour y être fonctionnaire ou agent des services publics.

Du coup les rattachistes, qui se sentaient auparavant "ostracisés", retrouvent les faveurs de la presse belge. Mais ils savent aussi que l'option qu'ils défendent n'a de chances d'être prise en compte que si la Flandre se sépare.

Pour l'instant ils restent encore très minoritaires et sans grands moyens: "1.000 adhérents, 3.000 sympathisants et 26.000 électeurs, pas de locaux, pas de soutien financier", résume M. Brogniet.

Pour Michel Hernans, politologue à l'université de Liège, "les francophones ne voient pas à quel point la situation est bloquée, ils pratiquent un peu la politique de l'autruche". Pour le moment, "leur premier réflexe est de vouloir sauver le pays, pas de se réunir à la France ".


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