Vincent de Coorbyter sur le rattachement au Grand-Duché du Luxembourg, Vers L’Avenir du Luxembourg, 22 août 2007.

Titre : « Qu’irions-nous faire avec le GDL ? »

«Pourquoi ne pas s'allier avec le Grand-Duché ? », proposait hier M. Lintermans.
« Quel intérêt ? », rétorque le CRISP.

Interview : Philippe CARROZZA

Vincent de Coorbyter, vous qui êtes di­recteur général du Crisp (centre de recherches et d'informations sociopoliti­ques), que penser de cette proposition de Laurent Lintermans (lire notre édition d'hier) de créer un État avec la Wallonie, Bruxelles, Grand-Duché et Communauté germanophone, si les Flamands quittent le navire Belgique?

Très étonnant. Je ne connais pas cette proposition et c'est la première fois que j'entends un tel scénario. Cela me laisse scep­tique.

Si les Flamands prennent leur indépendance, ce n'est pas pour créer de l'autre côté une autre Belgique où on viendrait arri­mer le Grand-Duché.

M. Lintermans avance que le Grand-Duché pourrait être intéressé parce que son territoire est étriqué et qu'il a besoin d'espace et de main-d'œuvre, qu'on trouve en Wallonie.

Qu'iraient faire Bruxelles et la Wallonie avec le Grand-Duché ? Pourquoi se compliquer la vie ?

Pour retrouver les mêmes problèmes linguistiques et la protection des minorités ? Je ne vois pas notre intérêt à faire cela.

Mais il y a l'attrait d'un Grand-Duché pays de Cocagne où on gagne bien sa vie, etc. non?

Regardez l'âge des personnes sensibles à d'anciens rêves comme le fédéralisme provincial des années 60 ou la réunion des deux Luxembourg par exemple. Ce sont surtout les plus âgés qui sont animés par cela.

Cette proposition de M. Lintermans est donc si farfelue?

Il faudrait l'étudier et deman­der aussi au Grand-Duché ce qu'il en pense. Mais vous savez, une poignée de personnes dis­persées ne constitue pas une force collective. Je pense que les personnes qui partagent les thè­ses de ce monsieur Lintermans pourraient tenir réunion dans une cabine téléphonique. Ce ne sont pas les rêves individuels qui font l'histoire. Il y a des rattachistes qui ne représentent pas 2 % de l'électorat, mais qui ont en tout cas pu réunir des gens autour de leur projet.

Regardez M. Collignon pour le groupement France-Wallonie quia été reçu par les sénateurs français. Il y a là un minimum de phénomène collectif.

Cela signifie qu'un rattachement avec la France est plus probable ?

Je ne sais pas, mais cela signifie que pour qu'un scénario se réalise, il faut un minimum d'ac­teurs pour le porter.

En étant reçu par les élus français à Paris, on peut dire qu'on a le début de quelque chose. Ici, dans le scénario de M. Linter­mans, on n'est même pas au début d'un projet, me semble-t-il.


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