Échos de Flandre - juin 2007

Au lendemain du succès d’Yves Leterme, les éditorialistes flamands prédisent des lendemains difficiles au formateur du prochain gouvernement. Voici les commentaires à chaud du 11 juin.

« Huit ans après l’éclatante victoire des partis de l’arc-en-ciel et le renvoi dans l’opposition de l’ex-CVP, ceux-ci sont punis par les électeurs d’une manière particulièrement sévère. C’est la première leçon à tirer des élections du 10 juin », telle est la conclusion de Peter Vandermeersch dans le Standaard.
« Hier, Yves Leterme a pu fêter avec assurance la victoire. A partir d’aujourd’hui, il est l’homme qui se trouve confronté au plus grand problème politique. Il doit maintenant concrétiser les attentes de sa population : une meilleure gouvernance, un agenda pour la justice, une nouvelle avancée dans la réforme de l’Etat. C’est pour cela qu’il a reçu un mandat clair de l’électeur. Les résultats l’ont rendu rien moins qu’incontournable, lui et son parti. » Un parti où, soit dit en passant, des hommes comme les frères Van Rompuy, Luc Van den Brande et Johan Sauwens, tous assoiffés de revanche, tiennent le haut du pavé. Sans compter les candidats de la NV-A qui ont réalisé des scores étonnants sur la liste commune, ce qui permet au CD&V de rester le plus grand parti de Flandre.

« La violette est donc battue à plate couture », écrit Peter De Backer dans Het Nieuwsblad. « Tout l’édifice de Guy Verhofstadt est réduit en poussière. Mais ce ne sont pas les libéraux mais bien les socialistes qui sont dans les cordes après l’uppercut de droite de l’électeur flamand. »
« Yves Leterme est même plus populaire que Steve Stevaert à son sommet. Les cartes pour former un gouvernement sont difficiles. S’il réussit à mener la formation à bonnes fins, il aura le droit d’entrer au 16 rue de la Loi : il aurait déjà donné la preuve qu’il possède la stature d’un grand homme d’Etat. »

Johan Vande Lanotte n’est pas parvenu à perturber la lutte pour le leadership entre Guy Verhofstadt et Yves Leterme, remarque Yves Desmet dans le Morgen : « La lutte à trois a tourné à un combat à deux et celui-ci a été remporté de manière convaincante par Leterme. »
« Le Vlaams Belang recule. C’est la deuxième fois de suite que la magie des gains croissants dans les villes est rompue. Ces élections ont mis fin à une série ininterrompue de dimanches noirs. Un des éléments de cette réalité doit être attribué à la Lijst Dedecker. »
Ce populiste wallophobe, en réalité le prototype du Flamand moyen sûr de son ardeur au travail et convaincu de la médiocrité de son voisin, se révèlera un jour bien plus dangereux que le Belang, ajouterais-je, dans la mesure où il ne fait pas l’objet d’un cordon sanitaire et que dès lors il est plus fréquentable. Il est étonnant de remarquer de le judoka remporte 200.000 voix alors que la perte du Belang est équivalente … Si Leterme ne réussit pas, Dedecker sera un jour candidat au leadership en Flandre.

« Les vainqueurs flamands du CD&V veulent une « réforme moderne de l’Etat », quoi que cela puisse signifier », écrit Luc Van Der Kelen dans le Laatste Nieuws.
« Sur le papier, cela semble clair. En pratique, beaucoup moins. Yves Leterme est arrivé en vainqueur au sommet du Mont Ventoux. Mais désormais c’est l’Alpe d’Huez qui l’attend. Il doit négocier avec un partenaire qui, en principe, n’est pas demandeur. »

« Leterme a reçu un mandat très clair », constate Paul Geudens (Gazet van Antwerpen). « Mais la formation d’un gouvernement sera extrêmement ardue. Il doit négocier avec des gens qui dimanche soir ont subi un grave traumatisme. La formation du prochain gouvernement peut durer longtemps. »

« Leterme a évité hier dans son discours de remerciement toute allusion politique », remarque Frank Demets dans le Tijd. « Sauf quand il s’est référé, à trois reprises, à son programme de réforme de l’Etat. Une réforme de l’Etat socio-économique qui, entre autres, scinderait le marché de l’emploi, est déjà inscrite tout en haut de l’agenda du cartel CD&V-N-VA. »
« Et ce point de l’agenda a d’énormes conséquences pour le gouvernement qui dans les prochaines semaines devra être formé. Une réforme de l’Etat exige une majorité des deux tiers et au moins une majorité des deux côtés de la frontière linguistique. Et pour ce type de gouvernement, Leterme a besoin, malgré sa victoire électorale, du SP.A-Spirit et de l’Open-VLD. Et en Wallonie, il doit prendre dans son équipe aussi bien le PS, le MR que le CDH. »

Eric Donckier (Belang van Limburg) met en exergue les piètres résultats du SP.A-Spirit : « Qu’il s’agisse ici d’un effet Stevaert inversé est manifeste. Les élections de 2003 à la Chambre et au Sénat étaient celles de Steve Stevaert avec ses 130.339 voix de préférence au Limbourg et ses 581.743 au Sénat dans toute la Flandre. Steve Stevaert n’est plus là, le SP.A le paie cash en Flandre et tout particulièrement au Limbourg. »
Mais sur ce point précis le rédacteur en chef limbourgeois se trompe peut-être. Et si les Flamands avaient tout simplement voulu punir le PS des affaires, voire les Wallons eux-mêmes, en se défoulant sur l’alter ego flamand de Di Rupo ?

Une chose est claire, après ce scrutin : nos idées vont plus que jamais dans le sens de l’Histoire !


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