Echos de Flandre - février 2007

Étonnante sortie de Rik Van Cauwelaert (Knack, 10.01.07) qui plaide pour une République fédérale de Belgique sur le modèle allemand. Selon lui, pré­tendre que la survie de la Belgique dépend de la fa­mille royale représente une grave offense à la nation (ndlr : laquelle ?).

Dans Dag Allemaal (20.12.06), Bart De Wever fait cette confidence étonnante : «J'ai un jour demandé à Jean-Claude Van Cauwenberghe pourquoi il se cramponnait autant à la Belgique. Celui-ci m'a répondu : "La crainte" (ndlr : la crainte que la Wallonie ne bénéficie plus des transferts fi­nanciers de la Flandre).

Dans la même interview, De Wever dit s'être entrete­nu un jour sérieusement avec le prince Laurent : «Il me fit une impression fâcheuse. Aux Pays-Bas, où les Princes doivent aller travailler comme tout le monde, ceux-ci sont plus sains sur le plan mental. L'affaire de fraude autour du prince Laurent prouve une fois de plus combien la famille royale peut être trouble.»

Le Morgen (06.01.07) annonce en manchette que le CD& V veut la suppression de la dotation octroyée à Laurent. Parallèlement à ce sac de nœuds, l'administration flamande est occupée à éplucher l'affectation réelle des subsides qu'elle accorde à la l'IRGT que le prince est censé gérer pour meubler ses heures creuses (et sa villa, serait-on tenté de dire).

Open-VLD, tel est le nouveau nom du VLD qui a ab­sorbé le particule Vivant de Roland Duchâtelet. Le Nieuwsblad (12.02.07) estime que le programme de Bart Somers « ne contient pas grand-chose de concret sur des problèmes concrets ». Il s'agit essentiel­lement d'une opération de marketing que les gens auront tôt fait d'oublier. Le journal conclut : «Cela prouve de toute façon que ce parti ne se préoccupe que de remettre de l'ordre dans sa baraque.»

Bart De Wever, président de la N. VA, envoie par le fond la proposition du groupe Pavia de reconstituer une circonscription nationale (Knack, 14.02.07) : «Si elle devait voir le jour, elle confirmerait que la Belgi­que n'existe pas. Les partis francophones ne récol­teraient presque pas de voix en Flandre (ndlr : quoi­que dans la périphérie, Cher Bart...) et inversement.» Et Bart de conclure : «Pavia confond la cause et la conséquence de la division du pays. Les partis politiques, comme d'autres institutions, se sont scin­dés après avoir constaté que la société belge, dans les faits, n'existait pas. Chacun est donc retourné dans son propre groupe linguistique, a rejoint son propre peuple. »

Bart Sturtewagen, dans le Standaard (15.02.07), trouve que le projet de circonscription nationale est complètement rétrograde dans la mesure où les en­tités fédérées ont depuis longtemps développé leur propre dynamique.

Guy Tegenbos (Standaard, 06.02.07), après un énième accrochage communautaire sur la suppres­sion de la différence entre les statuts d'ouvrier et employé, conclut que « la Belgique n'a pas besoin d'un Guy, d'un Yves, d'un Elio ou d'un Louis comme chef de gouvernement mais bien d'une Rita : Sainte Rita, patronne des causes désespérées.»

Le Davidsfonds dénonce la francisation rampante de bonne ville de Halle (Brabant flamand). Chaque année, 250 franco­phones s'y installent. Ce phénomène y est surtout ressenti au CPAS local, précise, non sans ironie, le lobby flamingant. Autrefois, c'étaient des bourgeois, ils parlaient français en Flandre, aujourd'hui c'est un sous-prolétariat, soupire le Davidsfonds ! Dans les écoles de la petite ville brabançonne, un en­fant sur quatre est issu d'une famille qui ne parle pas néerlandais à la maison. La solution ? Élaborer un ensemble de mesures qui retiennent les jeunes Fla­mands à Halle de sorte que les maisons qui se libè­rent ne reviennent pas à des francophones.  L'interdiction de parler français au marché, dans les commerces et les entreprises de Halle, est bien entendu déjà d'application grâce au Vlaams Manifest voté par tous les partis de la ville (repris sur le site ww.halle.be). Une cellule baptisée Vlaams karakter est même chargée de récolter les plaintes des Hallois !

Le Nieuwsblad (06.01.07) a titré en gros caractères : Les Flamands veulent travailler, les Wallons veulent aire la grève» pour évoquer la division qui régnait entre les nordistes et les sudistes de la délégation syndicale de Volkswagen Forest. Le quotidien raconte que certains en seraient même venus aux mains ! Toujours dans le monde syndical, une infor­mation quasi non diffusée : la mise à l'écart du fran­cophone unitariste Guy Biamont, président de la CGSP, et son remplacement par un Flamand. Celui-ci est flanqué d'un vice-président wallon qui expliq­ue dans la dernière Tribune que cette situation permettra aux deux communautés de mieux gérer leurs spécificités. Coup d'État flamand au sein d'une CGSP très largement francophone et régionalisation larvée : un beau succès de nos « beste vrienden » !

Le projet de loi Onkelinx qui prévoit la fermeture pour une durée de dix ans d'une entreprise qui a été sanctionnée une seconde fois pour fraude a large­ment irrité le monde économique flamand : «Une énième provocation de suite. Ces sanctions mettent en péril la survie des entreprises. C'est la forme la plus pure de destruction d'emplois », commente Voka, l'association des petites et moyennes entrepri­ses flamandes dans la Gazet van Antwerpen (09.02.07). Un lecteur du quotidien anversois va même plus loin : « Il faut le faire ! comme on dit en français. Un parti qui deux années de suite est éclaboussé par une série de scandales de corruption a le culot d'introduire un projet de loi qui permettra de fermer les portes d'une entreprise après deux con­damnations. Incroyable ! ». Non sans humour, il ajoute que ces nouveaux chômeurs iront gonfler les rangs des électeurs du PS.

La distribution gratuite d'héroïne à Liège a choqué la presse flamande. En résumé, elle ne comprend pas que Rudy Demotte, le Ministre socialiste wallon, s'acharne contre les fumeurs et que, d'un autre côté, on encourage la consommation d'héroïne. Luc Vanderkelen, rédacteur en chef du Laatste Nieuws évoque Liège en parlant de «Junk City » (16.02.07). Il est vrai que la Cité ardente compte 5.000 toxicomanes !

Enfin pour l'anecdote révélatrice, Zulte Waregem a cru bon de brocarder les Liégeois du Standard. Avant le match et pendant la pause, le speaker diffu­sait des messages du genre: «Si vous n'aimez pas les saucisses portugaises (ndlr : allusion au joueur du Standard Conceiçao), allez au restaurant untel.. Si vous êtes poursuivi par la mafia, courez vous réfu­gier dans la caravane de la firme Y... Si vous avez un cadavre à conserver, achetez un congélateur de la société Z !»

Ce n'est pas encore Étoile Rouge de Belgrade-Dynamo Zagreb, mais il ne faudrait pas grand-chose pour mettre le feu aux poudres.


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