Echos de Flandre - octobre 2005

À Anvers, un an avant les élections communales de 2006 dont l’enjeu est capital pour l'avenir du Royaume, le Vlaams Belang ratisse large. Même si un sondage de la Gazet van Antwerpen et de la VRT (8.10.2005) le montre en léger recul dans la Métro­pole (mais avec des scores de 41 % à Hoboken et Merksem !), il pourra sans doute compter sur l'appui d'Hugo Coveliers, un mouvement à lui tout seul !, d' indépendants opportunistes, de certains membres de la N-VA ou du Liberaal Appel, tous présents lors des tractations en cours. Rappelons que, consé­quence du système électoral, le Belang et ses amis n'ont besoin que d'un peu plus de 40 % pour obtenir la majorité absolue au cœur économique du pays. A ce propos, le sondage du Laatste Nieuws (15.09.05) montre que si le CD& V est en tête avec 31,3%, il le doit en grande partie à la montée de la N-VA indépendantiste au sein du cartel. »

Séparément la N-VA pèse désormais 8 % des voix. Le Belang avec 26,6 % (23,3 pour le CD&V) est donc largement le premier parti de Flandre.

Sévère critique du Tijd (02.09.05), dont le modèle est anglo-saxon, pour le Plan Marshall: investir dans la recherche, l'enseignement et le développement, c'est dépassé. Seules les lois du marché détermine­raient les secteurs porteurs. En résumé, assez d'intervention publique dans l'économie de marché. Karel De Gucht, le Ministre des Affaires... étrangères (la Wallonie relève sans doute de ses compétences), a déclaré au Laatste Nieuws (01.09.05) qu'il n'y aurait pas d'argent du fédéral pour financer le Plan Mar­shall.

Analysant par le menu ce Plan bien mal nommé, le Professeur Marc De Vos (Standaard, 03.09.05) ne se fait guère d'illusion: « Beaucoup d'entreprises wallonnes ont un statut de vassal. Elles vivent par la grâce de contrats publics et de subsides, la Région wallonne est leur partenaire principal. Elles sont pri­sonnières d'une toile opaque d'intercommunales. Résultat? Productivité faible, croissance en dessous de la norme et chômage excessif». Toujours selon lui, le PS n'est pas le docteur, mais la maladie de la Wallonie. « À Liège et à Charleroi, où le chômage est le plus élevé, le PS est le plus fort, Cela signifie que le PS n'a pas d'intérêt électoral à moderniser la Wal­lonie ».

Dans sa déclaration d'intention, Vande Lanotte, de­venu entre-temps président du SP.A, s'est déclaré favorable à la régionalisation de la politique de l'emploi. Tous les autres partis flamands ont réagi avec enthousiasme à ce tabou enfin brisé. Bart So­mers (VLD) prédit que celle-ci sera obtenue lors de la prochaine réforme de l'État. Grâce à ce transfert de compétences, Yves Leterme estime que la bonne politique de l'emploi de la Flandre s'en trouverait ré­compensée.

Jean-Marie Dedecker est l'homme politique le plus populaire de Flandre, selon un sondage du Laatste Nieuws (08.05). Celui-là même que Paul-Henry Gen­debien avait contraint à s'avouer séparatiste lors d'une mémorable Mise au point. « Et il y en a beau­coup d'autres au sein de mon parti » avait-il cru bon d'ajouter.

Werner Koninckx, directeur de l'entreprise Navius et domicilié à Meise, estime dans le Tijd (06.09.05) que les dissensions autour des vols de Zaventem pour­raient accélérer la scission du pays: «Dans un couple normal, on partage le meilleur et le pire. Quand l'un des partenaires veut toujours avoir le dessus, tu dé­tiens la recette de l'échec, du divorce ou de la scis­sion. Si la Flandre pour les politiciens francophones n'est qu'une simple vache à lait qui n'a droit à aucun égard, alors il vaut mieux scinder le pays ».

Dans le même ordre d'idées, l'ancien éditorialiste du Belang van Limburg Marc Platel annonce la sortie d'un manifeste détonant signé par une kyrielle de di­rigeants d'entreprise flamands et non des moindres. Ceux-ci sont arrivés à cette conclusion tranchante comme une lame de sabre: « La Belgique ne fonc­tionne pas. Conclusion: la Flandre doit prendre son indépendance! ». Voilà qui fera vibrer davantage les luminaires de cristal de Laeken que ne le font les charters de Zaventem...

Évoquant les « affaires », Luc Van der Kelen, l'éditorialiste bienveillant du Laatste Nieuws (21.09.05), analyse froidement la situation, sans le moindre soupçon de poujadisme:  « Toutes les ré­gions de la Wallonie sont en réalité sous le contrôle absolu de ténors locaux socialistes. Les mêmes figu­res contrôlent le parti, la ville et la région via un ré­seau de relations, des administrations communales aux intercommunales, des hôpitaux aux maisons du peuple. Ils se répartissent les mandats, l'un couvrant tel secteur et l'autre le reste. C'est un système qui a peut-être surgi de façon organique du travail sur le terrain du PS, mais qui devait fatalement conduire à des comportements de corruption ».

Anecdote (?) révélatrice, le Laatste Nieuws (14.10.05) nous apprend que des patrouilles « lin­guistiques » sillonnent les cours de récréation d'une école d'Opwijk (périphérie nord de Bruxelles) « pour vérifier si les élèves ne parlent pas français entre eux ». Sinon, crac dedans! Pour garantir le caractère flamand de l'établissement. Dès lors, ceux qui en­couragent l'immersion linguistique en néerlandais, comme le FDF Didier Gosuin dans sa commune d'Auderghem, alors que l'équivalent est interdit en Flandre, ne méritent que le nom de complice (pour ne pas dire collaborateur) d'une épuration ethno-culturelle commencée en 1932 et qui a réduit au silence un million de francophones de Flandre en quelques décennies.

De façon à peine voilée, Yves Desmet non sans quelque raison, attribue à la Wallonie (Morgen, 08.09.05) le recul de la Belgique dans le classement mondial des pays développés. La recette de la réus­site? Les Etats « avec un très haut taux d'activité et une meilleure répartition du bien-être via un système fiscal réellement redistributeur, financé pour ceux qui en ont besoin et non pour ceux qui choisissent les allocations sociales plutôt que le travail'. Yves Leterme de son côté presse les Wallons de travailler (Le Soir, 09.09.05). Il a trouvé un fidèle exécutant des ordonnances de la Flandre. Di Rupo (Rupoléon 1er pour les amateurs d'Histoire) n'a-t-il pas lancé lors de son auto couronnement : « Au travail! Au travail! Au travail! »

Ce dernier est ainsi devenu plus que jamais l'homme à abattre aux yeux des nationalistes flamands puisqu'il incarne désormais à lui tout seul une Wallo­nie et un Parti socialiste belgicains et que, par-des­sus le marché, il vise le poste de Premier Ministre ac­caparé depuis trente ans par un homme du nord. Dans cette optique, certains milieux flamands seraient bien tentés de porter l'estocade à Elio, C'est en tout cas ce que distillait le Nieuwsblad dès le 22.09.05, bien avant la pantalonnade de Van Cau. Déçu d'avoir été la dupe du PS lors des dernières élections, c'est le MR qui a dévoilé l'affaire de la Carolo.

« Affaires» à suivre.


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