Echos de Flandre - février 2005

Le 20 juillet 2004, VLD, SP.A, Spirit, CD& V et N- VA parvenaient, au terme d'un long processus de négociations, à un accord en vue de former le nouveau gouvernement flamand. Ils voulaient, entre autres, obtenir rapidement la scission de l'arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV). La presse flamande saluait l'unité de vue de ce nouveau front flamand.

Toutefois, scinder BHV n'est pas de la compétence de l'entité fédérale flamande, mais bien de celle du pouvoir fédéral dont la composition est, embûche supplémentaire, asymétrique (VLD + SP.A) par rap­port au gouvernement flamand. Conscients de ces problèmes et forts de leur union, les partis flamands avaient donc tablé sur leur position majoritaire pour imposer le débat à la Chambre. Et c'est bien de cette manière que Verhofstadt II avait prévu les choses, puisque les discussions devaient commencer à la mi-janvier 2005 en commission. Voici quelques réac­tions de la presse flamande à propos de cette nou­velle saga communautaire.

Knack (05.01. 05) titre : "Le compte à rebours a commencé". Patrick Martens rappelle que la conférence interministérielle, débutant le 15 janvier, devra tenir compte du récent arrêt du Conseil d'État, qui refuse d'annuler les circulaires Peeters et Martens. Selon lui, cet avis confirme bien que le régime linguistique des 6 communes à facilités de la périphérie bruxel­loise est appelé à s'éteindre progressivement. Le ton est lancé! Le journaliste est toutefois conscient que les francophones, opposés au projet, risquent d'utiliser la procédure dite "de la sonnette d'alarme", lors de l'examen du projet, et de précipiter ainsi la chute de Verhofstadt Il.

Dans Knack encore (12.01.05), Rik Van Cauwelaert, titrant "En route pour la fin", prévoit non seulement la fin prochaine du gouvernement Verhofstadt mais aussi la fin probable de la Belgique! "Autrefois, remarque-t-il, les questions sur l'avenir de la Belgi­que ne se posaient qu'en Flandre" Et voilà que, maintenant, "les deux partis francophones (nb: le MR et le PS) posent la question de savoir ( ... ) si l'on peut encore faire un bout de chemin avec la Flandre où le Vlaams Belang est le plus grand parti".

De Standaard (25.01.05) note implicitement une première brèche dans le front flamand par suite de la menace du PS et du MR de ne plus participer à la commission si les propositions flamandes de scis­sion y sont discutées. Le CD&V, par le biais d'Eric Van Rompuy, introduirait alors une motion qui pourrait mettre en danger l'existence du gouvernement flamand. En d'autres mots, le CD& V rappelle à ses partenaires du VLD et du SP.A qu'il n'accepte guère les tergiversations de Guy Verhofstadt et de Johan Vande Lanotte. Le CD& V et ses alliés de la N-VA en­tendent voir se réaliser rapidement tout l'accord du gouvernement flamand.

Deux jours plus tard, il se confirme que les proposi­tions flamandes ne seront pas discutées immédiate­ment en commission de l'Intérieur. La Chambre donne du temps au gouvernement pour trouver un compromis sur base d'une proposition du VLD Willy Cortois. Ce dernier entend rédiger un tableau sy­noptique qui servira de base à des négociations dès le 23 février.

De Tijd (27.01 05) rapporte l'exaspération des CD& V, NVA et autres Vlaams Belang, considérant tous cette position comme "un manquement à la pa­role donnée" de la part du VLD et du SP.A. La brè­che dans le front flamand s'agrandit. Le CD& V et la N-VA annoncent leur refus de participer à la confé­rence interministérielle. De Standaard (28.01.05) fustige, par la voix de Steven Samyn, "la maladresse des partis flamands" qui cèdent à la tentation d'appa­raître chacun comme "le meilleur des Flamands » de­vant les caméras au lieu de rester unis face au front francophone.

Alors que De Tijd s'interroge sur une possible crise de confiance au sein du gouvernement flamand, Ga­zet van Antwerpen interroge le constitutionnaliste anversois Karel Rimanque qui voit difficilement la rai­son pour laquelle le gouvernement flamand pourrait tomber : ou bien on repart avec la majorité actuelle "reconstituée", dit-il, ou bien avec une autre majorité (ndlr: incluant le Vlaams Belang).

Autre solution pour le constitutionnaliste: le gouver­nement fédéral remet sa démission, le Roi la garde en suspens jusqu'à ce que le problème BHV trouve sa solution. Hautement improbable, estime K. Rimanque. Autrement dit, quelles solutions reste-t-il au CD&V et à la N- VA au vu de leur opposition systéma­tique? Effectivement, le 11 février, De Standaard an­nonce que le CD&V et la N- VA participeront bel et bien à la conférence interministérielle. Courbe ren­trante? Oui, admet Bart De Wever (N-VA), mais il ajoute qu' "il serait fou de ne pas se retrouver dans un projet après avoir été confronté à un black-out volontaire" «En fait, le CD& V et la N- VA ont éprouvé la faiblesse de leur capacité d'action tant sur le gouver­nement flamand que sur le gouvernement fédéral, tout cela sur fond de propositions francophones d'élargir les limites de la Région bruxelloise aux 6 communes à facilités, une tentative "d' Anschluss", version Van Rompuy!

On en était là en cette fin de février. Parviendra-t-on encore une fois à ravaler la façade ? Peut-être... jus­qu'à la prochaine crise qui emportera la Belgikske , ses pompes et ses oeuvres!

La rédaction de la revue Wallonie-France


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