Echos de Flandre - juin 2004

FGTB, suite et (mauvaise) fin.
On a peu parlé de la désignation d'André Mordant comme président intérimaire de la FGTB. L'objet du deal : Mordant, l'unilingue (comme le dit si bien la presse flamande) achève le mandat de Mia Devits avant de céder la place à un Flamand. Or, l'alternance linguistique prévaut au sein de la FGTB toujours très wallonne. Mordant a donc sacrifié les intérêts francophones sur l'autel de ses ambitions personnelles : en 2008, les Flamands auront présidé la FGTB 6 années sur 8, à un moment crucial pour le maintien d'une sécurité sociale fédérale. La logique aurait voulu qu'un Flamand termine le mandat avant de céder la place à un Wallon pour 4 ans !

Johan Sauwens, l'ami des anciens du Front de l'Est reconverti en ponte du CD&V, a cartonné sur ses terres limbourgeoises. Il y devance même le SP.A de Stevaert. Avant les élections, Sauwens rappelait que Patrick Dewael avait promis de faire réaliser une étude sur les transferts nord-sud (communiqué CD&V, 26/05/04). Et, cette fois, la réponse n'a pas tardé. Cinq jours avant les élections (!), Bart Somers a sorti ses chiffres qui confirment ceux de la KBC. Les Flamands sont persuadés d'offrir chaque année 5,4 milliards d'euros, soit 18 milliards de FB en 2002) à la Wallonie,,soit une augmentation de 550 millions d'euros par rapport à 2000..

Durant la campagne électorale, toute la Flandre s'est mobilisée pour forcer la scission de Bruxelles-Hal­Vilvorde. Ce qui fit dire à l'éditorialiste Rik Van Cauwelaert (Knack, 12/05/04) : " La scission de l'arrondissement de BHV, comme Leuven-vlaams autrefois (ndlr : Walen buiten !), est peut-être la mèche d'un nouveau, et peut-être bien ultime, round communautaire. Surtout si les résultats des récents sondages d'opinion sont confirmés par l'électeur. Le possible succès du cartel CD&V-NVA suscite dès à présent une grande inquiétude dans l'entourage royal. Et cela à la veille du 175e anniversaire de l'indépendance de la Belgique, que le gouvernement violet désire fêter avec faste en 2005 ".

C'est donc le Vlaams Blok qui est devenu le premier parti de Flandre au soir du 13 juin, puisque le CD&V et la N-VA ont décidé de siéger séparément. A noter que Filip Dewinter a remporté le plus grand nombre de voix de préférence (148.503). On n'avait plus vu cela depuis Léo Tindemans. Fait remarquable, les candidats de la N-VA ont cartonné sur la liste du Vlaams Kartel. Les jeunes de cette même N-VA ont invité leur président Geert Bourgeois à former ur gouvernement CD&V/N-VA et... Vlaams Blok (Communiqué de presse RonduitIN-VA, 18/06/04). Roland Duchâtlet; président de Vivant mais aussi le partenaire d'un soir du VLD, se trouve sur la même ligne. Ce qui démontre bien le caractère fascisant de ce " particule " laminé en Wallonie. Comme de bien entendu, la presse flamande n'a pas donné le détail des votes wallons.

Dans son éditorial de synthèse du scrutin, Rik Van Cauwelaert (Knack, 16/06/04) attribue le succès du Blok au transfert massif d'électeurs VLD opposés au droit de vote des étrangers et à la banalisation par la VRT des leaders d'extrême droite. Et d'ajouter : "Pour le grand débat sur le vieillissement, le taux d'activité et la nécessaire réforme de la sécurité sociale, le Premier ministre se trouve sous le contrôle du tout puissant PS d'Elio Di Rupo. Grâce à cette toute-puissance, il n'est pas impensable que la Wallonie se réfugie encore plus dans le « PS comfort ». Cela n'augure rien de bon pour le prochain forum communautaire. De même, le gouvernement flamand, conduit par un CD&V flanqué de la N-VA, peut lancer chaque jour une torpille communautaire pour faire éclater le gouvernement fédéral ». Dans ce même Knack, Bart De Wever, un des leaders de la N-VA, répète son credo indépendantiste (pour ceux qui croient encore à un changement de cap de cet héritier de la Volksunie). il compare la Belgique à « deux malades sur un lit d'hôpital souffrant de maladies totalement différentes mais soumis à la même perfusion : aucun des deux ne guérira. Tu les rends même plus malades. Ainsi va la Belgique : inefficace et surtout coûteuse. Et malheureusement, c'est la Flandre qui paye la facture. Chaque année, des milliards affluent en Wallonie. Tu ne peux plus appeler ça de la solidarité. "

Le journal Het Volk (14/06/04) résume la situation en disant que « la Flandre de l'après-13 juin est devenue encore plus à droite et encore moins sociale. De nombreux Flamands n'ont pas opté pour une Flandre gouvernable et viable. Une nouvelle coalition ne pourra rien faire contre la menace du Vlaams Blok si elle ne mène pas une politique radicale. Les politiciens doivent se promener davantage dans les rues que sur les plateaux de télévision ».

Bart Brinkman,/(De Standaard, 15/06/04) stigmatise l'attitude de Verhofstadt qui vit depuis plusieurs mois dans un monde virtuel. Un exemple : Verhofstadt prétend que dans son canton de Gand, où la gestion est (forcément !) bonne, le Blok a reculé. Et le journaliste de rappeler les chiffres : " Dans le canton de Gand, le Blok, comparé à 1999, a gagné 2,1 %. Même 4,5 % par rapport à 2003. Le cartel VLD-VIVANT engrange bien 2,7 % par rapport à 1999 mais perd presque un tiers de voix si l'on regarde les résultats de 2003. "

Après le scrutin, le grand quotidien Het Laatste Nieuws (19/06/04) a réalisé une vaste enquête auprès des bourgmestres flamands sur l'opportunité de maintenir le cordon sanitaire autour du Blok. Eh bien ! un sur cinq est déjà prêt à gérer sa commune avec le parti extrémiste. La moitié est favorable à la rupture du cordon sanitaire. Que sera-ce en 2006 ! Les amateurs de la station balnéaire de Coxyde (pardon Koksijde) apprennent ainsi que leur bourgmestre VLD est prêt à s'allier au Blok au motif que seules les personnes comptent et non les idées qu'ils représentent. La plus étonnante des réponses favorables au Blok vient de Koen Anciaux (le frère de Bert Anciaux, Ministre flamand), bourgmestre f.f. de Malines, qui remplace Bart Somers. Il est vrai que dans la bonne ville archiépiscopale, le Blok a dépassé les 30 %. Yves Leterme pourra bien prétexter qu'il a discuté avec le Blok par respect de son million d'électeurs, c'est comme si le formateur Elio Di Rupo s'était entretenu à " l'Elysette " avec Daniel Féret du FN !


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