Echos de Flandre - octobre 2003

La presse flamande a réagi avec virulence au projet de Maria Arena qui remet en cause le plan Copernic, réformant l’administration fédérale. Yves Desmet en a fait un éditorial au vitriol (Morgen, 04/09/03) : « Elio Di Rupo peut bien prétendre qu'il a renouvelé le PS et que les démons du passé socialiste wallon font partie de l'histoire ancienne (les baronnies, l'étatisme aveugle, un socialisme basé sur une économie d'allocations sociales doublé d'un clientélisme politique et l'inadmissible confusion d'intérêts avec la mafia), cela ne tourne quand même pas. (Et de poursuivre) Guy Verhofs­tadt a également essayé de minimiser les propos d'Arena. Pourtant, il devrait comprendre qu'une des priorités de son premier gouvernement reçoit un enterrement de pre­mière classe. Il est une fois de plus démontré que la Flan­dre et la Wallonie forment deux mondes différents ». En juillet 1997, l'éditorialiste du Morgen disait déjà lors d'un débat (www.meervoud.org) : « Donnez-moi une solution crédible pour Bruxelles et je signe tout de suite pour l'indépendance de la Flandre ». Même son de cloche chez Bart Sturtewagen (Standaard, 04/09/03). Il y dénonce l'arrogance de Di Rupo, président d'un Parti Socialiste qui a repris confiance en soi après les sombres années no­nante et qui combat ouvertement toute nouvelle réforme de l'administration.

Autre sujet sensible, le droit de vote des étrangers. John De Wit (Gazet van Antwerpen, 08/09/03) fustige la pro­position d'accorder le droit de vote aux étrangers. Celle-ci n'aurait « rien de progressiste. Tous les partis francopho­nes font campagne pour le droit de vote des étrangers -comme ils l'ont fait pour la double nationalité - afin d'augmenter leur pouvoir politique. Pour permettre aux francophones d'accroître leur poids électoral en Belgique et surtout à Bruxelles. Cela n'a qu'un lointain rapport avec l'intégration ».

Paul Geudens (Gazet van Antwerpen, 21/08/03) évoque une nouvelle affaire d'utilisation abusive de cartes visa. Elle concerne cette fois cinq ministres flamands dont Dewael et Stevaert qui apparemment préfère les restau­rants du Zoute aux kermesses aux boudins des docks d'Anvers. Selon l'éditorialiste, le Vlaams Blok, à la base des révélations, joue parfaitement son rôle de parti d'op­position. La VRT (De zevende dag) lui a offert un beau strapontin le 11 octobre dernier. Filip Dewinter a pu con­fronter ses idées à celles de Bart Tommelein, encore un ancien de la Volksunie (bien) recasé au VLD. Appelé à voter, le public de l'émission a donné raison à... Dewinter à 61 %. S'en est suivi une courte séquence consacrée - ô miracle ! - à un mandataire francophone. On pouvait y voir Isabelle Simonis, secrétaire d'Etat aux Familles, ré­pondre (en français) à un pensionnaire d'un atelier protégé qui s'inquiétait de la disparition de la Formule 1 en Belgi­que : « Sans Francorchamps, que va faire la Wallonie ? ». La VRT s'est encore délectée de la réélection de Guy Ma­thot à la tête de la fédération liégeoise du PS.

Luc Van der Kelen (Knack, 01/10/03) évoque une étude montrant que le Blok pourrait encore progresser : il attire des électeurs qui ne croient plus en aucun parti tradition­nel et qui de ce fait n'iront jamais ailleurs. Le CD&V serait sur la pente savonneuse pour cause d'électorat vieil­lissant. Dewinter, qui vient de prendre ses distances par rapport au programme des 70 points (d'inspiration fas­ciste, voire néo-nazie), rêve de reprendre le rôle que les catholiques ont joué jusqu'à Dehaene. Il s'agit de trans­former le Blok en grand parti conservateur flamand. Quand on voit que 65 % des Flamands (sondage de la VRT-nieuws) approuvent les propos de Rik Daems sur les profiteurs sociaux, on se dit que les extrémistes ont effec­tivement encore de beaux jours devant eux !

Toujours au septentrion, nombreux sont ceux qui pensent que le licenciement massif de Ford Genk est imputable à la politique anti-américaine du francophone Louis Mi­chel : en question, son alignement sur la France lors de la guerre en Irak et sa loi de compétence universelle qui a inquiété le gratin des politiques et militaires américains. Le professeur Lode Vereeck (Belang van Limburg, 02/10/03) affirme que plusieurs contrats seraient déjà passés sous le nez du port d'Anvers au profit de Rotter­dam. On peut se demander à quel jeu trouble s'adonne la Sûreté de l'État quand on apprend qu'elle file des informa­tions sur le sujet à la Gazet van Antwerpen ! Autre collu­sion malsaine, le Trends-tendance (09/10/03), tête de pont francophone du patronat flamand, a mis en couverture un Verhofstadt au nez de Pinocchio. Cette photo montage fait penser irrésistiblement au tract du Blok de la dernière campagne (slogan : « Verhofstadt ment ! »).

Paul Geudens (Gazet van Antwerpen, 13/10/03) évoque la réélection de Steve Stevaert à la tête du SPA en ces ter­mes : « Steve Stevaert est le sauveur du socialisme en Flandre. Ou mieux, du Parti socialiste car celui-ci n'a plus grand-chose à voir avec le socialisme. (..) Des so­cialistes qui plaident pour l'amnistie fiscale, les anciens doivent se retourner dans leur tombe. Les riches qui peu­vent ramener au pays leur argent noir et qui de plus se trouvent récompensés ! ». Après tout, « L'union fait la force » est la devise commune à la Belgique et à la Bulga­rie (vous avez dit Bulgique et Belgarie ?), pays connu pour sa corruption et la traite des êtres humains.

Pourquoi les négociations autour d'un cartel CD&V–NVA ont-elles échoué le 13 septembre dernier ? Apparem­ment, les catholiques avaient l'intention de fonder un nouveau parti qui se serait appelé... CD&VA (sic). Mais l'opposition des Bruxellois du CD& V (Jos Chabert), l'ambi­tion «belge» de certains caciques et le jusqu'au-boutisme de Geert Bourgeois auraient fait capoter le projet. De ces échanges, retenons que le CD&V, tout comme Luc Van den Brande l'a encore souligné au Marnixring le 5 octo­bre dernier, se prononce plus que jamais pour l'application des cinq résolutions du Parlement flamand de 1999 (soit le séparatisme de velours).

Bart Somers, qui prévoit des jeux olympiques flamands en 2016 — on suppose que dans son esprit la Belgique aura entre-temps disparu — a dit récemment que ces fameuses résolutions, qui ont pour cible principale la scission de la sécurité sociale et des soins de santé, constituent une bonne base de discussion avec les francophones après les élections régionales de 2004.

A bon entendeur, salut !


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