Echos de Flandre - février 2003

« Si tu peux séparer des frères siamois, tu dois le faire. ». Stefaan Noreilde, le président des jeunes VLD, a donné le 18 décembre 2002 une interview au P-magazine. Ce jeune avocat gantois (évidemment !), qui a réussi à faire inscrire le mot confédéralisme dans la constitution du VLD au congrès du 8 décembre dernier, poursuit: « Les frères siamois représentent le fédéralisme, deux frères qui ont grandi ensemble. C'est très ennuyeux si l'un des deux désire suivre une autre voie, comme c’est le cas de la Flandre et de la Wallonie. Le confédéralisme représente les deux frères siamois après l'opération. »

« Cela ne s'appelle-t-il pas séparatisme ? demande le journaliste. Ils restent des frères. Le séparatisme suppose la négation des liens de sang. Mais vous avez bien des frères qui sont libres de choisir leur voie et le bout de chemin qu'ils veulent encore faire ensemble et surtout celui qu'ils veulent faire chacun de leur côté. » A la question de savoir quel chemin il veut encore partager avec la Wallonie, Stefaan Noreilde lance avec l'humour de gazelle qui caractérise nos voisins du Nord : « Peut-être que les Diables Rouges pourront encore jouer ensemble ! »

Au lendemain du mémorable 8 décembre, le Tijd analyse l'évolution confédérale du VLD : « Le fédéralisme de coopération que l'Arc-en-ciel a cru mettre en place n'est plus. Les partis flamands qui sont au gouvernement en ont marre de ne pas pouvoir mener une politique cohérente. Au fédéral, ceux-ci se heurtent quotidiennement au veto francophone et en Flandre aux limites de leurs propres compétences régionales. »

A présent, prenons l'exemple du SP-A, I'alter ego flamand du plus grand parti de Wallonie. Dans le Standaard (15/01/03), Norbert De Batselier, président du Parlement flamand, déclare : « Lors de la formation du prochain gouvernement, il faudra obtenir toutes les garanties en ce qui concerne les lignes de force de la réforme de l'État. » Si le SP-A hésite à scinder sans nuances la Sécurité sociale ‑ selon lui, les revenus de remplacement devraient rester fédéraux ‑ il ne voit pas d'un mauvais œil la régionalisation des soins de santé (même si le cas de Bruxelles pose des problèmes de financement) et des allocations familiales, ainsi que de la mobilité (de la SNCB à la sécurité routière). Il plaide également pour l'autonomie des régions qui permettrait à la Flandre de changer à son gré la loi électorale et d'édicter sa propre Constitution. Ce qui devrait inquiéter davantage encore la monarchie socialiste de Wallonie, c'est le danger de contagion indépendantiste que le Spirit de Bert Anciaux fait peser sur le SP-A. Cet héritier de la Volksunie réclame, dans une litanie impressionnante, la scission de la Sécurité sociale, de la fiscalité, ainsi que la suppression du Sénat et la réforme de la fonction royale (Spirit - communiqué du 28/12/02). Ce n'est pas l'arrivée de Lionel Vandenberghe, président sortant du Pèlerinage de l'Yser, qui va apaiser les choses : « Je veux convaincre nos frères francophones que les deux communautés feraient mieux d'évoluer de façon indépendante » (De Standaard, 24/12/02).

Dans l'actualité immédiate, on notera la réaction cynique de Hedwig De Koker, membre du Conseil d'administration d'Arcelor et représentant Staal Vlaanderen, après la décision de la multinationale de fermer les lignes à chaud de Cockerill : « Celle-ci est logique si l'on tient compte de deux facteurs : la surcapacité dans le secteur sidérurgique et le fait qu’un tiers de nos capacités est tout sauf rentable. On n'investira plus dans la rénovation de ces installations parce que la production sur les sites maritimes (ndlr: comme celui de Sidmar à Gand...) est meilleur marché (De Morgen, 25/01/03). »

Dans le Nieuwsblad (12/02/03), on trouve un article éclairant pour toutes les familles francophones qui croient naïvement que l'immersion linguistique constitue un permis de travail à vie pour leurs enfants. Ainsi, le sociologue Koen Pelleriaux, de l'Université d'Anvers, déplore que : « Tu ne deviens flamand que si les Flamands t’acceptent (...) Les habitudes et les attitudes contribuent aussi au fait d'être flamand. Si tu partages le même fond culturel et que tu parles le même dialecte (sic), tu as enfin une chance d'être intégré. »

Le Knack (11/12/03) reconnaît que la nomination du lieutenant général Van Daele comme nouveau chef d'état-major... s'est faite au mépris de l'alternance linguistique puisque ce dernier remplace le flamand Herteleer ! Sans que bronchent les partis francophones. Avec la Sûreté - Koen Dassen : même mépris, même procédé -, l'Armée et la Police fédérale aux mains des nordistes, les Wallons sont bien couillonnés !

Enfin, sachez que le Vlaams Automobilistenbond (VAB) ne veut pas (re)fusionner avec le Touring Club de Belgique : les Flamands jugent que les divergences avec leurs « frères siamois » sont trop profondes. Ne cherchez pas dans la presse francophone cette information politiquement incorrecte mais bien sur le site internet d'un Touring belgicain on ne peut plus dépité.


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