Echos de Flandre - août 2003

Deux caciques du CD&V ont récemment évoqué la question belge. Dans le Knack du 11.6.2003, Leo Tindemans prévient : « Le Parlement flamand, dans un passé récent, a exigé de nouvelles avancées communautaires. Il a même rédigé un cahier de revendications. Est-ce que tout cela serait soudain devenu inutile ?  Si Elio Di Rupo ne veut pas d’une nouvelle réforme de l’Etat, la marge de manœuvre se retrécit mais le danger de laisser pourrir les conflits et de les voir éclater en provoquant d’énormes problèmes politiques est bien réel ».

Quant à Leo Delcroix (Trends, 24.7.2003), il estime que « sous Verhofstadt, la Belgique est devenue une machine anti-flamande ». Et d’ajouter : « La Flandre a besoin de 750.000 voix supplémentaires pour obtenir le même nombre de sièges que la Wallonie. Ajoutez-y la castration (sic) des voix du Vlaams Blok et vous obtenez 1,5 million de Flamands qui sont bouche cousue ».

L’accouchement laborieux de Verhofstadt II a excité la verve des éditorialistes flamands

Pour Eric Donckier (Belang van Limburg, 1.7.2003) le fossé qui sépare le VLD du PS prend des proportions dramatiques. Dans presque tous les secteurs, les Wallons et les Flamands ont un avis divergent. Sa conclusion : « Combien de temps, la Belgique est-elle encore tenable ? ».

Dans le Morgen du même jour, Yves Desmet surenchérit : « Geert Bourgeois devrait offrir une carte de membre d’honneur de la N-VA à Di Rupo car s’il y a un homme qui permet au séparatisme de progresser dans les esprits, c’est bien lui. »

Roger Van Houtte (Gazet van Antwerpen, 18.7.2003) souligne que le cartel SP.A-Spirit et le VLD n’ont pas la majorité en Flandre (47 %) alors que le PS et le MR totalisent 66 %. Conclusion : ce sont bien entendu les francophones qui imposeront leurs diktats.

Dans un long entretien publié dans la Gazet Van Antwerpen du 11.8.2003, le nouveau Président du Pèlerinage de l’Yser, Walter Baeten, dénonce la création d’un Forum destiné à encommissionner les questions institutionnelles : « Evidemment, cela ne fonctionnera pas. Ce n’est qu’une manoeuvre visant à tout reporter. Que Verhofstadt le veuille ou non, les problèmes communautaires reviendront sur la table. Les vols de nuit, la sécurité sociale, les problèmes de la SNCB, la politique du chômage, les dysfonctionnements en matière d’assurance-maladie, il faudra bien leur trouver des solutions ». Et de prôner le dialogue de région à région, hors du cadre belge qui ne tourne pas rond : « Dans le concert européen, la Flandre doit pouvoir défendre de façon autonome et indépendante ses intérêts politiques, sociaux et économiques ».

Peter De Backer (Het Nieuwblad, 30.7.2003) fustige également la création de ce Forum. Les éditorialistes du Nord ont pourtant bien tort de s’inquiéter : l’enlisement de la Corée-Costa sous la férule de Philippe Moureaux en 1999 n’avait pas empêché la régionalisation de pans entier du Royaume quelques mois plus tard.

Pour l’anecdote, le même De Backer déplore que la loi Francorchamps et la régionalisation de l’exportation des armes ne profitent qu’aux francophones, sans la moindre contrepartie pour les Flamands. Francorchamps, cet opium du peuple wallon, comme l’écrivait récemment Guido Fonteyn avec une pointe de mépris.

Dans le Volle manen, périodique en ligne de la N-VA, les nationalistes moquent l’unitarisme de Di Rupo : « Où est le temps où le PS était le précurseur  du régionalisme wallon et où les manifestations qu’il organisait arboraient le coq wallon ? Les Happart et autres Dehousse sont-ils tellement accrochés au pouvoir qu’ils se soumettent ainsi à l’Elio-belgicisme ? » Par ailleurs, Geert Bourgeois évoque longuement le projet de cartel avec le CD&V. Attention, pas question de renier l’objectif n° 1 de son parti : la création d’un Etat flamand en Europe. Gageons qu’il aura l’oreille attentive des Van den Branden, Sauwens et autres Van Rompuy, ces bons flamingants qui signent la plupart des communiqués incendiaires du parti du bien nommé Yves Leterme !

Est-ce le besoin irrépressible de faire parler de lui qui a poussé José Fontaine à s’épancher dans ce même  Volle Manen ? Sa carte blanche montre que le chantre de la République confédérale belge se réjouit de la « défaite » des réunionistes le 18 mai dernier (mais quels étaient les premiers scores du Blok et d’Ecolo au début des années 80 ?). Ensuite, José Fontaine accorde son crédit au projet de sénat paritaire. Cette « Chambre des Etats » garantirait l’équilibre d’une Flandre et d’une Wallonie autonomes. Le penseur de Toudi fait encore une fois preuve de naïveté : le mouvement flamand considère la parité -autant de sénateurs francophones que de flamands - comme une véritable trahison (ndlr : ce type de Sénat se transformerait bien vite en ring de boxe). Pour conclure, Fontaine feint de croire que la Flandre s’accommodera d’une Belgique confédérale respectueuse de ses deux entités, Bruxelles disparaissant dans l’histoire. Naïveté ou mauvaise foi toujours quand Fontaine prétend que les élections régionales de 2004, les cinq étapes du Tour de France et le fumeux « Contrat d’avenir » à la sauce Van Cau renforceront l’Etat wallon en devenir…

Après tout, BELGE n’est jamais que l’anagramme de GLEBE : sol auquel sont attachés les serfs !


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