Echos de Flandre - avril 2003

Le 27.2.2003, le Standaard annonce en première page : « Le Blok peut aller aux élections avec confiance », après que la Cour d’Appel s’est déclarée incompétente pour statuer sur les asbl du parti néo-fasciste. Réactions du monde politique flamand : socialistes et libéraux demandent  d’arrêter ce carrousel juridique qui ne profite qu’au Blok. Quant au Flamand de la rue, il perçoit ce procès intenté au Blok comme un acharnement des politiciens francophones.

Dans le Belang van Limburg du 5.3.2003, Johan Sauwens qui, très vite, s’est mué en ténor du CD&V, exige la régionalisation de la politique des salaires et de l’emploi tout en fustigeant la « Waalse ziekte » (mal wallon). L’éditorialiste Eric Donckier commente : « Hélas, après des années de transferts de la Flandre vers la Wallonie, la situation de celle-ci ne s’est pas améliorée. Que du contraire ! La tendance consiste à payer des impôts (ndlr : flamands) pour pouvoir permettre à plus de gens (ndlr : wallons) de percevoir une allocation. Cette tendance doit être stoppée aussi vite que possible. Régionaliser la politique des salaires et de l’emploi, voilà une première chose à faire ». Paul Geudens dans la Gazet van Antwerpen du même jour ne dit pas autre chose : « Une mesure valable pour la Flandre s’avère dans de nombreux cas inefficace pour une Wallonie trop différente au niveau économique, social et culturel  ». Le VEV (patronat flamand) plaide aussi pour des salaires moins élevés en Wallonie afin de remédier (sic) aux problèmes structurels du marché de l’emploi wallon... Ce même VEV organise le 29 avril à l’Hôtel Plaza un débat électoral qui rassemblera Geert Bourgeois, Stefaan De Clerck, Johan Vande Lanotte, Mieke Vogels, Guy Verhofstadt (lui-même) et… Frank Vanhecke, qui n’est autre que le Président du Vlaams Blok. Merci, le « cordon sanitaire » (les médias flamands reprennent souvent des expressions francophones dans un contexte négatif) !

Serge Kubla a décidé de porter plainte contre la N-VA de Geert Bourgeois pour incitation à la discrimination. Sur le site n-va.be, dans la revue en ligne Volle manen et dans la rue, l’héritier de la Volksunie n’hésite pas à clamer ce que le bon peuple pense tout bas : « La N-VA veut que les Flamands  puissent disposer pour eux-mêmes de leur impôts, s’occuper eux-mêmes de la lutte contre le chômage, des soins de santé, de la politique familiale… Pourquoi les Flamands devraient-ils toujours courber l’échine devant les politiciens francophones ? Chaque année, les mêmes Flamands doivent payer 10 milliards d’euros, soit 5.000 euros par famille flamande, à la Wallonie sans que les Wallons s’en portent mieux. »

Pour une fois, le Journal du Mardi du 11.3.2003, imprimé à… Anvers, a eu la bonne idée de donner la parole au très lucide Marc Reynebeau de l’hebdomadaire flamand Knack. A propos du confédéralisme : « C’est un séparatisme qui n’ose pas dire son nom. Le flou artistique règne. Plus besoin de se dire séparatiste pour faire du séparatisme. Le CD&V et le VLD s’inscrivent dans cette logique. Il existe une fameuse différence entre ce qu’ils disent – « nous ne sommes pas séparatistes » - et ce qu’ils font. (…) Une dynamique est en marche. Pas sur une base idéologique. Plutôt sur une base inconsciente. Le système s’auto-alimente. Tous les Etats (con)fédéraux comportent un germe d’autodestruction. »

La Gazet van Antwerpen, qui compte en son sein des membres du Vlaams Blok, a largement contribué à faire chuter Léona Detiège et son équipe anversoise. L’édition du 12.3.2003 publiait avec complaisance en page 4 sous le titre « Antwerpen, Visa-stad » une photo du collège détaillant pour chacun de ses membres les achats personnels effectués via la carte visa de la ville. Dans cette lamentable affaire, tout bénéfice pour le Blok, on sourira en apprenant que l’échevin écolo Erwin Pairon s’est offert aux frais de la princesse un smoking de 1.000 euros. Le 19.3.2003, la Gazet faisait ses choux gras de l’achat de vêtements féminins par le commissaire en chef Luc Lamine, le tout sur le compte de la ville.

Habile à nourrir l’antipolitisme latent du Flamand moyen, le Blok a dénoncé le deux avril dernier l’augmentation de 215 % (vous avez bien lu) du pécule de vacances - il passe de 1.683 à 5.307 euros par tête de pipe - que les parlementaires viennent de s’octroyer à la sauvette en fin de législature. Une culture du self-service, en quelque sorte. Il est vrai que la période estivale approche…

« Commentaar : Fin de régime ». C’est sous ce titre francophone à dessein (français = connotation négative) que le Tijd  du 9.4.2003 évoque les dernières bavures de l’Arc-en-ciel : une loi de compétence universelle ( ?) adoptée grâce à l’appoint du Vlaams Blok et une assemblée déserte lors de l’examen des ultimes propositions de loi…

Enfin, sur le site deVlaanderen onafhankelijk, Jan Lievens termine son éditorial « Allez à la France ! » sur Paul-Henry Gendebien et le réunionisme par ces mots : « Leur influence sur la pensée politique en Wallonie est indéniable ».


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