Echos de Flandre - avril 2002

Qu’on le veuille ou non, le Vlaams Blok constitue un moteur essentiel du changement de régime auquel les réunionistes aspirent. Quelques exemples, pêchés au hasard dans la presse flamande, démontrent son influence grandissante :

Ainsi, De Standaard (11/04/02) donne les résultats d’un sondage effectué auprès de 1.250 étudiants flamands fréquentant une université ou une école supérieure : 7 jeunes sur 10 estiment que “ celui qui veut obtenir le droit de vote doit devenir belge ”. Pour ceux qui doutent encore de la politique d’assimilation forcée dans la périphérie bruxelloise, la moitié de ces étudiants répondent que “ les étrangers (ndlr : dont les Belges francophones) doivent pouvoir s’exprimer en néerlandais après avoir passé 5 ans en Flandre ”. La même inquiétante proportion considère que le cordon sanitaire, autour du Blok, est une “ connerie ”.

Un autre sondage, effectué par la Gazet van Antwerpen (28/03/02), indique que 2/3 des Anversois s’opposent au cordon sanitaire. Dans la foulée, le Blok appelle le CD&V et le VLD à former une grande coalition de centre-droit (sic) à Anvers. Mais le quotidien se veut rassurant : 51 % des sondés estiment que le Blok n’apportera pas de solution aux problèmes de la Métropole  (ndlr : mais que pense donc l’autre moitié ?)

Parallèlement, Ward Beysen, un député européen VLD fort populaire à Anvers, suggère, devant 300 personnes, une alliance avec le Blok.

Enfin, pour la représenter à l’agence locale pour l’emploi,  Grimbergen, commune aux portes de Bruxelles, vient de donner un exemple concret de ce climat de collaboration avec le Vlaams Blok. Le collège a préféré un mandataire brun à un élu de l’Union des Francophones.

Dans le domaine institutionnel, le très confédéral CD&V, par la voix de Luc Van den Brande, envisage une nouvelle réforme de l’Etat radicale (radikaal). Pour parvenir à ses fins, il s’est appuyé sur le Blok pour relancer des auditions sur ce thème au Parlement flamand. Il paraît que le puissant V.E.V. (patronat flamand) est vivement intéressé par le sujet (Le Soir, 15/03/02). Toujours au CD&V, Johan Sauwens (l’amateur de réunions nazies qu’une majorité de Flamands ne voulaient pas voir démissionner !) explique, dans les colonnes du Standaard (27/03/02), que la Wallonie fait preuve de nettement moins de zèle dans la chasse aux chômeurs que la Flandre et que rien que cela justifie la scission des allocations de chômage. Qu’on ne s’y trompe pas, le dernier ciment de la Belgique est bel et  bien cette fameuse Sécurité sociale que le parti socialiste francophone a toujours considérée comme son enfant.

Enfin, la Gazet van Antwerpen (20/03/02) consacre toute une page à Paul-Henry Gendebien qui y déclare entre autres : Connaissez-vous le rêve le plus secret de Louis Michel : devenir Premier ministre. Ce serait assurément une bonne affaire pour la Flandre car il est prêt à tout accepter pour y parvenir. Quant au FDF, ce n’est plus qu’un parti, assis au buffet, qui grappille tout ce qu’il peut encore prendre. Le FDF tente de convaincre les francophones qu’il défend toujours leurs intérêts mais il accepte les ordres du PRL qui lui-même obéit au VLD. Le FDF, pour cause d’inutilité, va donc disparaître. Soit en fusionnant avec le PRL (ndlr : maintenant dans le MR) soit en subissant de lourdes pertes du fait des “ purs et durs ”. Plus loin, Gendebien lance : La Wallonie n’a pas d’homme d’Etat parce qu’elle n’a  pas une conception de l’Etat. Le Parlement wallon (…) les ministres wallons ne sont que des califes qui se partagent le pouvoir afin de durer le plus longtemps possible. Cette dernière phrase a été reprise avec la photo du président du RWF dans l’hebdomadaire flamand Knack du 4/4/2002.

Mais quand viendra la rupture ? D’ici deux à dix ans, quand chacun constatera que ça ne va plus, quand nous aurons par exemple besoin de huit partis pour former un gouvernement fédéral. Alors, on mettra en place une équipe de seconds couteaux pour gérer les affaires courantes tandis que les vrais leaders négocieront la séparation.

Et la France, qu’en pense-t-elle ? La France se comporte de manière extrêmement prudente. Dans tous les partis politiques, des personnalités sont au courant de ce qui bouge ici. L’intérêt existe. Une réunion ne mettra pas en péril les équilibres européens. 40 % de l’économie wallonne est déjà sous influence française. Un marché de quatre millions d’habitants, ça ne se néglige pas. L’union de la Wallonie avec la France ne coûtera vraiment pas beaucoup à la République.


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